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Culture - Événement

Dialogues de cinéma et paroles de ventriloque au Mucem

Les festivités de « Beyrouth ya Beyrouth » se sont poursuivies au Musée des civilisations d'Europe et de Méditerranée, à Marseille, avec plusieurs performances lectures.

Dictaphone Group, avec le train, les lieux publics à nouveau au centre du débat.

Temps fort consacré au Liban, Beyrouth ya Beyrouth se poursuit au Mucem, le Musée des civilisations d'Europe et de Méditerranée, à Marseille, avec plusieurs artistes invités libanais qui ont notamment présenté des performances lectures.

Avec ses Réminiscences, une histoire du Liban à travers les œuvres de ses artistes, Sirine Fattouh a conçu et exécuté une performance intimiste qui s'est déroulée dans la tour du Fanal, au bout du Fort Saint-Jean. Pour s'y rendre, le spectateur devait traverser une passerelle donnant sur la mer. Et par un mystérieux concours de circonstances météorologiques, une épaisse brume s'était abattue, ce jour-là, sur la mer, comme pour mieux envelopper les spectateurs dans la ouate cotonneuse des réminiscences...
La tour du Fanal est une construction circulaire de quelques trois mètres de diamètre. La vingtaine de spectateurs qui s'y sont tassés était presque au contact avec la performeuse debout devant son pupitre. Voix neutre, visage impassible, l'artiste tel un automate, parcourait des répliques sur les feuilles qu'elle tirait dans le désordre, de manière aléatoire. Elle lisait les phrases, puis laissait tomber les feuilles, autour d'elle... comme autant d'histoires qui appartiennent désormais au passé. Les dialogues, tirés de cinq œuvres cinématographiques libanaises, « partagent un vécu commun », note l'artiste qui n'a pas cherché à rejouer ces scènes, mais plutôt à se les approprier pour restituer une expérience personnelle, à travers les mots et la voix.

Cette expérience sonore se poursuivait ensuite au 2e niveau de la tour du Fanal. Là, même décor circulaire, mais sans aucune présence physique de la performeuse. Des haut-parleurs, placés au pied des murs, se sont fait l'écho des « réminiscences » de l'artiste. L'enregistrement vocal en français était doublé en arabe par une voix d'homme (celle de Gheith el-Amine), l'artiste prenant ses distances avec la langue maternelle, cette langue arabe à laquelle Sirine Fattouh dit être devenue étrangère...

Pris à son propre jeu
Du Fort Saint-Jean, direction les sous-sols du Mucem, vers l'auditorium où se déroulait la performance/conférence When the ventriloquist came and spoke to me (Quand le ventriloque m'a parlé) d'Ahmad Ghossein.
L'artiste performeur, tout de noir vêtu, est assis devant une table où trône un « laptop ». Derrière lui, un écran voit défiler les images qui illustrent les trois histoires qu'il raconte : celle du magicien Chico, celle de l'ingénieur du Hezbollah et celle de l'artiste.

Déconstruire les mythologies populaires et leur action sur l'inconscient collectif, c'est l'opération à laquelle conviait Ahmad Ghossein. Mais en choisissant de parler d'un magicien victime des croyances populaires, d'un ingénieur propagandiste, concepteur de monuments à la gloire des morts de la résistance du Hezbollah, Ahmad Ghossein n'a pas échappé aux clichés et est tombé lui-même dans le piège qu'il a tenté de décortiquer.
Au forum (la salle d'à côté), le spectateur était invité à un voyage en compagnie des trois artistes de Dictaphone Group (Tania el-Khoury, Petra Serhal, Abir Saksouk). Un voyage au-delà des frontières (internationales, mais surtout intérieures), sur les traces du mythique train qui reliait la Palestine au Liban, à la Syrie.

Les trois chercheuses/performeuses racontent en live leur quête : débusquer les rails et les stations du train qui a fait les jours glorieux du Liban et de la région. Sur l'écran géant, en fond de décor, une vidéo donne à voir les différentes étapes de cette enquête. Partant de la station de Mar Mikhaël, à Beyrouth. Tania el-Khoury va vers le Nord (Tripoli), Abir Saksouk vers le Sud (Saïda) et Petra Serhal vers la Békaa (Rayak). Les caméras – souvent cachées – ont suivi les trois « enquêtrices » dans leurs pérégrinations. Sur scène, les trois artistes annotent une carte du Liban étalée sur une grande table, y inscrivant les éléments factuels au fur et à mesure de leur apparition.
Après avoir travaillé, dans leurs précédents projets, sur la mer (avec This sea is mine, 2012, question de l'accès à la mer et des espaces partagés) et sur la ville de Saïda (avec I will guide you through Sidon, 2015, collectant des récits et des anecdotes à propos des côtes de la ville), ce sont les trains qui leur offrent un excellent prétexte pour, encore une fois, remettre sur le tapis la thématique des lieux publics au Liban et comment se les (ré)approprier.

Pour les trois aventurières, Nothing to declare (Rien à déclarer) « est indéniablement le plus exigeant de ces projets », affirment-elles dans la brochure éditée par le Mucem. « Ce fut un processus fait d'émotions, de risques et de questions récurrentes dues au fait qu'il s'agissait d'une combinaison de voyages personnels et de phases de recherche pour appréhender le pays dans son entier. »
Beyrouth ya Beyrouth se clôturera demain samedi par un concert du trio Rabih Abou Khalil avec, en première partie, l'électro-rock de Gurumiran.

 

Pour mémoire
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