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À La Une - Football

Benzema crée la polémique en se disant victime d'une "partie raciste de la France"

"C'est du foutage de gueule", lance le président de SOS Racisme.

Didier Deschamps a "cédé à la pression d'une partie raciste de la France": Karim Benzema est revenu sur son absence en équipe de France pour l'Euro en lançant mercredi 1er juin 2016 une polémique spectaculaire sur des questions qui fracturent la société française bien au-delà du football. AFP / GERARD JULIEN

Didier Deschamps a "cédé à la pression d'une partie raciste de la France": Karim Benzema a justifié son absence en équipe de France pour l'Euro en lançant une polémique spectaculaire sur des questions qui fracturent la société française bien au-delà du football.

"Croyez-vous que Didier Deschamps est raciste?", lui demande le journal espagnol Marca dans une interview mercredi. "Non, je ne le pense pas. Mais il a cédé à la pression d'une partie raciste de la France", répond l'attaquant du Real Madrid en évoquant l'influence dans le pays du Front national, "parti extrémiste".

Ces propos sont "du foutage de gueule", a estimé le président de SOS Racisme, Dominique Sopo.
"C'est bien la première fois que j'entends Karim Benzema s'intéresser aux questions de racisme", a remarqué M. Sopo, interrogé par l'AFP. "Et il se trouve qu'il le fait lorsque son cas personnel est engagé."

Meilleur buteur en activité de l'équipe de France, l'attaquant d'origine algérienne (28 ans, 81 sélections, 27 buts) a été écarté à cause de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre un autre international, Mathieu Valbuena.

A neuf jours de l'Euro en France (10 juin - 10 juillet), ses propos ne sont "pas acceptables", a réagi le ministre des Sports Patrick Kanner à la sortie du Conseil des ministres, où le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a déploré "une polémique qui n'a pas lieu d'être".
"Je trouve ça insupportable (...) Ramener en permanence les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d'ethnies et de communautés n'est pas un signe de bonne santé", a estimé sur RTL l'ancien Premier ministre François Fillon (LR).

La discrimination et le racisme "sont des sujets sérieux qui n'ont pas à être instrumentalisés dans un conflit personnel", a jugé sur France Info Nathalie Kosciusko-Morizet (LR). "L'équipe de France, il n'y a qu'à la regarder, le sélectionneur, la Fédération ne sont pas susceptibles d'être accusés de racisme".
Une allusion au fait que sur les 23 joueurs retenus pour l'Euro, douze sont d'origine ultra-marine ou africaine et un, Adil Rami, d'origine marocaine.

Le numéro deux du FN, Florian Philippot, s'est adressé à Benzema via Twitter: "Le peuple français n'a pas à supporter vos accusations indignes parce que vous fuyez vos responsabilités".
Le député PS frondeur Benoît Hamon a en revanche estimé sur Europe 1 que le footballeur avait "raison de dire que nous sommes dans un pays où le racisme augmente".

 

(Pour mémoire : Une étude pointe l’intégration « à sens unique » des immigrés)

 

Cantona et Debbouze
En Autriche, où l'équipe de France est en stage de préparation, le président de la FFF Noël Le Graët a assuré que Deschamps était "irréprochable".
"Karim Benzema, je l'aime bien, je n'ai pas changé d'idée, il s'est laissé un peu aller, je préférerais qu'il soit plus aimable", a poursuivi le patron du foot français, qui "souhaite qu'on arrête de parler de cette petite divergence".

Relancée de manière fracassante par l'intéressé lui-même, la polémique est née la semaine dernière après des déclarations de l'ancien joueur Eric Cantona puis du comédien Jamel Debbouze.
Cantona avait lancé que Benzema et Ben Arfa (qui figure dans la liste des réservistes) avaient été écartés en raison de leurs "origines nord-africaines" et Debbouze avait renchéri en assurant qu'ils "pay(aient) la situation sociale" du pays.
"Sur le plan sportif, je ne comprends pas pourquoi, et sur le plan judiciaire, je ne suis pas encore jugé et je ne suis pas coupable", commente dans Marca Benzema, récent vainqueur de la Ligue des champions avec le Real, en réaffirmant son envie de jouer sous le maillot bleu.

 

(Lire aussi : Jamel Debbouze: Benzema et Ben Arfa "payent la situation sociale de la France d'aujourd'hui")

 

"Hypocrisie"
Alors que Deschamps et Le Graët l'avaient soutenu dans un premier temps, Benzema a finalement été déclaré non-sélectionnable en raison de sa mise en examen, le 5 novembre, pour "complicité de tentative de chantage" sur Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs", infractions passibles de cinq ans d'emprisonnement. Il est soupçonné d'avoir encouragé Valbuena -non-retenu pour l'Euro lui aussi- à payer des maîtres chanteurs qui disaient détenir une vidéo intime le mettant en scène.

Le Premier ministre Manuel Valls s'était lui-même prononcé contre la présence de Benzema en équipe de France. Un "grand sportif doit être exemplaire", faute de quoi il "n'a pas sa place dans l'équipe de France", avait-il dit. Les sondages d'opinion étaient eux aussi défavorables au buteur du Real.
Comment ses accusations sont-elles ressenties en banlieue ?

"Ça peut avoir un effet très très négatif sur les jeunes", regrette Mahamadou Niakate, directeur sportif du club des Ulis, au sud-ouest de Paris, interrogé par l'AFP. C'est dans ce club qu'ont débuté deux internationaux, Anthony Martial et Patrice Evra, ainsi que le grand ancien Thierry Henry.
"C'est une hypocrisie de dire: +regardez, l'équipe de France n'est pas raciste, il y a des Noirs+", estime de son côté Mustapha Sabil, ancien entraîneur des équipes du Bourget, la Garenne-Colombe et Courbevoie, en région parisienne. Selon lui, "on a un problème avec les Maghrébins, car ce sont des gens qui ne se taisent pas".

 

 

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