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Économie - Liban - Conférence

Liban : Le gaz offshore, ou l’éternelle chronique d’un retard à l’allumage

Les professionnels et observateurs du secteur réunis hier à l'ESA se sont une fois encore désolés d'un surplace du pays du Cèdre dans la course régionale à l'exploitation des hydrocarbures offshore.

« Nous prévoyons un délai de 7 ans entre le lancement de l’appel d’offres et le début de l’exploitation », assure le président du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA) Wissam Zahabi (1er à gauche). Photo K.O.

« Pour comprendre les enjeux du dossier du gaz offshore, il suffit de l'imaginer aux côtés d'Israël, de Chypre et de l'Égypte, dans une course. Tous les pays ont déjà commencé à courir et le Liban qui est toujours immobile sur la ligne de départ », ironise Wissam Zahabi, président du conseil d'administration de l'Autorité de l'énergie (LPA), lors du Forum pétrole & gaz organisé hier à l'École supérieure des affaires (ESA) par l'agence Front Page Communication en partenariat avec le Forum pour le Dialogue National de l'homme d'affaires Fouad Makhzoumi. « Vous devez être rapide, c'est le moment de vous rattraper et il ne faut pas le rater », lance de son côté le vice-président de la société italienne d'hydrocarbure ENI, Lapo Pistelli.

Un message repris à l'unisson par l'ensemble des autres intervenants. « Nous attendons toujours que le Conseil des ministres approuve deux décrets indispensables au lancement de l'appel d'offres sur l'attribution des licences d'exploration », se désole M. Zahabi, qui avoue être lassé « de présenter chaque année les études conduites par la LPA, sans d'avancées sur le terrain. » Le premier décret définit les coordonnées des dix blocs de concession prévus dans la Zone économique exclusive (ZEE) du Liban, et le deuxième précise les modalités du contrat d'exploration et de production devant lier l'État aux concessionnaires. Ce n'est donc qu'une fois ces textes votés que les 46 sociétés présélectionnées en avril 2013 pourront présenter leurs offres définitives.


(Lire aussi : La faillite politique, principale accusée dans le dossier du gaz offshore)

 

Encore 15 ans ?
Un retard accumulé qui ne sera pas sans dommages en termes d'exploitation des ressources : si M. Zahabi table sur « un délai de 7 ans entre le lancement de l'appel d'offres et le début de l'exploitation », Valérie Marcel, chercheuse au Royal Institute of International Affairs, estime pour sa part qu'« en prenant notamment en compte la lenteur du processus de prise de décision politique, il faudrait envisager un délai de 15 ans ».

Certes, entre-temps, la demande et les prix du gaz devraient vraisemblablement grimper : « Nous assisterons à une hausse continue de la demande mondiale en gaz, notamment afin de se conformer aux engagements pris lors de la Cop21, puisque la transition vers le gaz réduit la pollution », avance Denis Simonneau, membre du comité exécutif de la société française ENGIE. Mais ce sont les concurrents du Liban qui devraient en profiter. « ENI a découvert en août 2015 le plus grand gisement de gaz de la méditerranée en Égypte », se félicite M. Pistelli tandis qu'« Israël cible aujourd'hui les marchés turc, jordanien, palestinien, soit autant d'opportunités potentielles pour le Liban », regrette M. Zahabi. « Le Liban pourrait aussi devenir un canal d'approvisionnement pour le marché européen – qui souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe – à travers l'installation d'infrastructures de transport de gaz le reliant à la Turquie », suggère de son côté le professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, Patrice Geoffron.

Outre le retard pris dans la course, certains intervenants dénoncent aussi les effets pervers potentiels des annonces effectuées à ce stade. « Certains professionnels parlent déjà des recettes que l'État tirera du gaz et discutent comment ces fonds doivent être utilisés. Il faut faire attention à ne pas créer des attentes surdimensionnées chez les hommes politiques et les citoyens libanais quant à l'existence potentielle de ces ressources naturelles, jusqu'à ce qu'elle soit prouvée », met en garde Mme Marcel. « Le plus grand risque serait que l'État, en prévoyant des recettes prochaines, s'endette davantage », renchérit l'ancien ministre des Finances, Georges Corm.

 

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« Pour comprendre les enjeux du dossier du gaz offshore, il suffit de l'imaginer aux côtés d'Israël, de Chypre et de l'Égypte, dans une course. Tous les pays ont déjà commencé à courir et le Liban qui est toujours immobile sur la ligne de départ », ironise Wissam Zahabi, président du conseil d'administration de l'Autorité de l'énergie (LPA), lors du Forum pétrole & gaz...

commentaires (5)

Heureusement que le crime n'est pas héréditaire !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

22 h 06, le 27 mai 2016

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Commentaires (5)

  • Heureusement que le crime n'est pas héréditaire !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    22 h 06, le 27 mai 2016

  • C,EST TOT ENCORE D,Y PENSER... BABA NETANYAHU SE DONNE A COEUR JOIE EN VOYANT L,ABRUTISSEMENT DE CHEZ NOUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 48, le 27 mai 2016

  • Ils ne savent même pas avec combien peu de sagesse et beaucoup de mercantilisme ils sont gouvernés, ces "casse-pieds" de Libanais !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 32, le 27 mai 2016

  • Sept...même 15 ans...selon les estimations de personnes qui ont déjà remarqué "la lenteur du processus de prise de décision politique" au Liban... Cela fait plaisir à lire, Messieurs nos IRRESPONSABLES-INCAPABLES ! Pendant ce temps, nos chers voisins : Israël, Egypte et Chypre profitent de l'immense bêtise de nos dirigeants pour avancer dans leurs projets. Petite consolation...cela donnera un sujet de plus à Monsieur Hassan Nasrallah pour vitupérer contre Israël, quelle aubaine pour lui ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 39, le 27 mai 2016

  • D'où l'inconvénient , d'élire un Président offshore ...! nous voulons un vrai Président élu, bien de chez nous.....!

    M.V.

    14 h 56, le 27 mai 2016

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