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Liban

Pour Nicolas Hulot, le Liban devrait s’inspirer de l’expérience de San Francisco pour le traitement des déchets

L'ex-envoyé spécial du président français François Hollande pour la protection de la planète, Nicolas Hulot, a effectué à la fin de la semaine dernière une visite officieuse au Liban, qui s'est achevée dimanche.
L'actuel président de la Fondation Hulot a souhaité échanger ses espoirs et son expérience avec les associations écologiques libanaises en vue d'un échange sur les moyens de sortir le Liban des crises sanitaire et humanitaire dans lesquelles il se débat du fait du problème des déchets et de l'afflux d'immigrés syriens au Liban.

Soulignant que le développement durable ne se limite pas uniquement à l'environnement, Nicolas Hulot a insisté sur le fait que les problématiques environnementales sont en lien direct avec la démocratie et la gouvernance.

Celui qui a conservé des liens de proximité aussi bien avec la diplomatie française qu'avec les acteurs environnementaux au Liban a reconnu qu'au Liban la problématique écologique ne butte pas sur un obstacle technologique – le Liban disposant des capacités de gestion des déchets –, mais bel et bien sur une question de gouvernance.

(Pour mémoire : Et voilà qu'une vague de mouches envahit des quartiers de Beyrouth)

Pour Nicolas Hulot, le Liban doit s'inspirer de la ville de San Francisco et de son modèle de gestion de déchets mis en place afin de transformer et de déplacer l'affaire des déchets de la case « coûts et dépenses » à la case « recettes », « croissance », voire même profits, cela étant notamment permis grâce au recyclage et à la production d'engrais. Les déchets qui sont aujourd'hui considérés comme un facteur négatif peuvent être après traitement réintroduits au cœur du circuit économique en tant que matière première. En réduisant les quantités de déchets solides et en se tournant vers l'économie circulaire, il est possible de transformer l'actuelle crise des déchets en une opportunité de marché. La prise en charge des déchets peut assurer au Liban de nouvelles relations économiques et une stimulation de l'emploi.

Ce que reconnaît Nicolas Hulot, c'est qu'il n'y a pas une unique solution permettant de dépasser la crise des déchets, mais la meilleure solution, compte tenu des caractéristiques du Liban, reste la décentralisation. Il faut donc donner aux municipalités les moyens d'agir. Nicolas Hulot poursuit en soulignant toutefois que la décentralisation n'exclut pas un travail et une intervention de l'État en amont. L'État libanais doit créer et mettre en place des signaux permettant l'introduction de nouveaux gestes et la transformation des comportements. La régulation est donc la première étape pour sortir le Liban de sa crise.

(Dossier spécial : Historique et impact de la crise des déchets)

Admettant que les effets néfastes de la crise des déchets, tels que la dégradation des sols et des eaux, ne sont pas réversibles, Nicolas Hulot souligne que de nombreuses technologies sont désormais disponibles, permettant de réduire et de corriger certaines dégradations, mais cela nécessite de lourds investissements sur le long terme. Le Liban doit donc s'armer de patience, selon Nicolas Hulot, afin d'établir un inventaire des solutions applicables et d'appliquer une stratégie, non pas d'urgence, mais efficiente à long terme.
En définissant la crise environnementale comme la raréfaction des ressources, l'expert français relève que la limitation des ressources et l'explosion de la demande sont à la source des phénomènes internationaux de violences. La question environnementale est un enjeu de guerre et un gage de paix, car si la rareté des énergies fossiles, telles que le pétrole, pousse au conflit, la production d'une énergie verte et propre par le biais des technologies permettra une redistribution des rôles de pouvoir.
En prônant l'écocitoyenneté, Nicolas Hulot plaide pour l'adoption d'une vision de l'écologie planétaire dans le temps et l'espace. Il s'agit d'élargir la notion de solidarité à l'ensemble du vivant.

De ses échanges, Nicolas Hulot retiendra principalement sa rencontre avec les membres du collectif « Vous Puez », qui lui a permis d'entrevoir le sursaut de conscience et l'organisation de la société civile au cœur de la crise des déchets. Nicolas Hulot justifie cette mobilisation de la société civile par le fait que l'identité libanaise est prise au piège par cette crise et que l'entassement des déchets sur les côtes, comme sur les plaines libanaises, menace le patrimoine culturel et naturel du Liban.

Nicolas Hulot a également profité de son déplacement au Liban pour visiter un camp de réfugiés syriens situé sur les hauteurs de Zahlé et s'est exprimé sur les positions de l'Europe. Il juge insuffisantes les capacités d'accueil accordées jusque-là aux réfugiés et a exprimé sa réserve concernant l'accord établi entre l'Europe et la Turquie, estimant que la Turquie est déjà en proie à ses propres difficultés et que la responsabilité qu'induisent les réfugiés est au contraire à partager avec l'Europe.


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L'ex-envoyé spécial du président français François Hollande pour la protection de la planète, Nicolas Hulot, a effectué à la fin de la semaine dernière une visite officieuse au Liban, qui s'est achevée dimanche.L'actuel président de la Fondation Hulot a souhaité échanger ses espoirs et son expérience avec les associations écologiques libanaises en vue d'un échange sur les moyens...

commentaires (1)

J’ai lu avec attention le compte-rendu de votre visite officieuse au Liban. Je me permets de poser, respectueusement, certaines questions que j’estime indispensables pour une meilleure compréhension de ce probleme de traitement de déchets solides dont nous souffrons vivement depuis plus de 20 ans déjà. Je remarque que vous estimez que le Liban dispose des capacités de gestion des déchets. Pourrais-je me permettre de signaler que la Societe Civile, qui devrait travailler en tandem avec l’Etat, n’est pas en possession de données susceptibles de confirmer ou d’infirmer ce fait. Nous n’avons, au Liban, aucune liste du nombre exact, de la capacité, et du rendement effectif des usines de compostage qui devraient, en théorie, etre opérationnelles sur notre territoire. Au cours des mois passes, j’ai personnellement tente d’obtenir ces données de 3 ministères concernés, sans aucun succès. Ceci est particulièrement important vu que 60% des déchets générés au Liban sont de nature organique. En matière de recyclage, nul ne sait le nombre exact d’usines de ce type dans le pays, leur capacité leur rendement actuel, ainsi que l’envergure des débouchés pour les produits recycles. La même pénurie de données se pose en ce qui concerne le traitement des déchets médicaux. Compte tenu de cet état de fait, pourriez-vous convaincre les Autorités de collaborer plus étroitement avec la Societe Civile en vue d’établir conjointement un plan d’action détaillé a proche et moyen terme ?

George Sabat

17 h 46, le 09 mai 2016

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Commentaires (1)

  • J’ai lu avec attention le compte-rendu de votre visite officieuse au Liban. Je me permets de poser, respectueusement, certaines questions que j’estime indispensables pour une meilleure compréhension de ce probleme de traitement de déchets solides dont nous souffrons vivement depuis plus de 20 ans déjà. Je remarque que vous estimez que le Liban dispose des capacités de gestion des déchets. Pourrais-je me permettre de signaler que la Societe Civile, qui devrait travailler en tandem avec l’Etat, n’est pas en possession de données susceptibles de confirmer ou d’infirmer ce fait. Nous n’avons, au Liban, aucune liste du nombre exact, de la capacité, et du rendement effectif des usines de compostage qui devraient, en théorie, etre opérationnelles sur notre territoire. Au cours des mois passes, j’ai personnellement tente d’obtenir ces données de 3 ministères concernés, sans aucun succès. Ceci est particulièrement important vu que 60% des déchets générés au Liban sont de nature organique. En matière de recyclage, nul ne sait le nombre exact d’usines de ce type dans le pays, leur capacité leur rendement actuel, ainsi que l’envergure des débouchés pour les produits recycles. La même pénurie de données se pose en ce qui concerne le traitement des déchets médicaux. Compte tenu de cet état de fait, pourriez-vous convaincre les Autorités de collaborer plus étroitement avec la Societe Civile en vue d’établir conjointement un plan d’action détaillé a proche et moyen terme ?

    George Sabat

    17 h 46, le 09 mai 2016

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