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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Sabine Choucair : Le clown est en nous, il est un état d’esprit

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Les enfants participant à la performance de la troupe. Photo Domitille Courtemanche.

Au Liban, le seul fait de prononcer le mot clown évoque, chez de nombreuses personnes, les traditionnelles animations d'anniversaire. Mais cet art va bien au-delà de cette signification faussement galvaudée et prouve que le clown est partout, en nous et avec nous. Il suffit de le chercher, de le trouver. Pour Sabine Choucair, qui a fondé la compagnie Clown me in, loin d'être un héros, loin d'être une héroïne, il touche l'humanité des gens, un mot bien refoulé en ces temps obscurs. Le sourire qu'elle sème dans le cœur des enfants réfugiés, dans les écoles et dans la rue en est la plus belle illustration.

Dessine-moi un clown

«Le clown est un être pur et vrai», précise la jeune fille qui a sa propre logique dans la vie et qui vous regarde droit dans les yeux en vous disant : «N'ayez pas peur de vos vicissitudes, de votre vulnérabilité et de vos mesquineries mais, bien au contraire, moquez-vous-en.» Clown me in est une compagnie de théâtre fondée par Sabine Choucair et Gabriela Munoz (Mexico). Elle compte dix clowns au Liban. Cinq d'entre eux se produiront durant cette tournée qui emmène, outre Choucair, Sara Berjaoui, Hicham Abou Nasr, Walid Saliba et Layal Ghanem, aux quatre coins du Liban.

La compagnie véhicule cet art vers des camps de réfugiés, mais aussi des écoles libanaises jusqu'à la mi-juin. Sponsorisé par l'ambassade suisse, le spectacle/théâtre de Sabine Choucair est un espace itinérant du rire. Une aire de respiration pour le pays. «Cette heure que partagent les gens avec l'artiste est certes ludique, mais aussi thérapeutique. Elle montre combien la vie est simple, avoue l'artiste. Dans cette aire de liberté et de simplicité, le public se rit du clown, qui à son tour se rit de lui-même et de ses faiblesses». Celui-ci peut-il exister sans le nez rouge? «Bien sûr que oui, répond-elle. Le nez est le plus petit masque au monde, derrière lequel on se cache. Mais il m'arrive souvent de ne pas réaliser des performances avec nez rouge, sauf si je veux attirer l'attention des gens dans la rue par exemple. Car le clown est en moi. Il est un état d'esprit.»

Sur les pas du personnage au nez rouge

Depuis son enfance, Sabine traîne ce rire retentissant comme des cailloux sur le bitume et cette transparence de l'âme qui fait dire à son père qu'elle est née clown. Après des études scéniques au Liban, elle s'oriente vers d'autres disciplines. «Je voulais juste parler avec mon corps.» À Londres, elle commence par un cursus de mime qui, avoue-t-elle, «ne m'a pas beaucoup interpellée, car je sentais que je n'arrivais à rien dire à travers cette discipline». Elle s'inscrit par la suite à l'école Lecoq dont l'objectif est la réalisation d'un jeune théâtre de création, «porteur de langages (chacun pouvant trouver le sien), et où le jeu physique du comédien est en relation avec l'espace». «On peut devenir conteur, bouffon, travailler sur la peinture, l'observation, les masques. L'aboutissement de tout cet apprentissage, poursuit Choucair, c'est l'art du clown. Ce personnage qui est le summum de la connexion avec soi. Être clown suppose, au bout du compte, se découvrir et se connaître.» Une démarche qui aboutit à un affranchissement total de tous les artifices qui nous alourdissent, et à toucher à l'essentiel de la vie. «On rencontre différents clowns en soi, puis on essaye d'atteindre le meilleur», dit-elle encore avec cette passion qui anime son regard, ses mains, son corps. Sabine Choucair est une éponge perméable aux sons, aux bruits, aux images de la vie, mais c'est son clown qui filtre tout ce mélange chaotique pour créer un fluide limpide d'amour et de générosité.

Dans ses malles

La clown globe-trotteur ne s'arrête jamais. On peut la rencontrer dans les rues d'Inde ou du Mexique, du Canada, du Brésil et de Londres. Car elle fait désormais partie d'un réseau, plus encore, de cette grande famille de clowns qui sème le rire partout. Que ce soit dans la troupe Amiba, Clown me in ou encore Clown without borders où la confrérie se retrouve suite à un simple mail ou coup de fil, l'artiste est toujours dans ses valises. «J'aime la rue », et partant d'un grand rire qui roule, s'enroule et se déroule, elle avoue que la scène ne lui dit plus rien. « C'est dans la rue que tout bouge, s'anime, prends corps. Vit.» Et de poursuivre: «Je provoque les passants avec une performance et une écriture précises au départ, mais l'improvisation naît de la rue. Un clown est parfois triste à l'intérieur, car sensible aux douleurs de l'autre, mais ce n'est pas un Pierrot. Il lui suffit de voir les autres rire à ses facéties et sentir qu'il n'est pas spectateur du monde mais acteur pour que son sourire efface toutes ces peines. Les siennes et celles des autres.»


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