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Culture - Rencontre

Une invitation à la création, dans les cœurs de Beyrouth

Thierry Costesèque, résident-artiste de la Zico House, a présenté son œuvre, le week-end dernier, dans le cadre des portes-ouvertes de la demeure beyrouthine.

Costesèque devant la mosquée du centre-ville. Photo tirée de sa vidéo-performance

En 1995, Mustapha Yamout, alias Mr. Zico, transforme sa demeure familiale en Zico House, un espace multidimensionnel, à la rencontre de l'action civile et de la scène artistique contemporaine libanaise. À l'époque, l' « intérêt pour ce genre d'initiative était encore inexistant. Tout comme les financements. Mais on s'est pas pris la tête », assure-t-il. Architecte de formation, mais surtout voyageur et fan de ce hasard qui fabrique de belles connaissances, il accueille dès la même année une série d'artistes sous sa propre enseigne. Depuis, les créateurs et les événements se sont succédé sans discontinuer. Et toujours dans ce même esprit au confluent de l'art et de l'engagement.
Ce mois d'avril, Thierry Costesèque a investi la résidence pour y élaborer un travail sous « le signe du don ». Cet artiste aux racines multiples inscrit son œuvre dans un métissage de détails. Un travail de recherche et de contacts. Une tentative d'appropriation personnelle de la ville.
Zico lui propose « non pas une résidence formelle, mais une invitation à la création "in" Beyrouth », abritée dans l'architecture et l'environnement typiques de Kantari.
L'objectif de Costesèque est de « recueillir l'intelligence populaire de Beyrouth, le dialogue et la rencontre, et rendre à la ville tout détail qui lui appartient », explique-t-il.
L'artiste est projeté dans « une résidence à l'espace ouvert, dans le métissage artistique urbain, la rencontre au patio, » dont cette maison en est l'emblème. Tout comme « la commande de la man'ouché, assis dans le patio », désormais rituel sacré de sa routine libanaise. Une routine pas tout à fait libanaise non plus. « Car je sais qu'au Liban on fait beaucoup la fête, ce qui n'a pas été mon cas », admet-il. Vietnamien de naissance, de parents tunisiens aux ancêtres libanais, Costesèque grandit dans une Algérie « néo-indépendante ». Fasciné par l'historique des conflits actuels, son art se construit dans la rupture du « clivage colonial qui perdure. Les négociations, les guerres, les paix... Il faut sortir des clichés et réinscrire tout cela dans l'histoire ».

Un Moyen-Orient « qui n'est pas un gros tas »
À Zico, cette réinscription se traduit par une juxtaposition de performance et collages, afin de capturer un quotidien simple et doux. Dans sa performance filmée, Sanayeh – Le Jardin, on retrouve Costesèque, accroupi à la « vietnamienne », écoutant le chant du muezzin. Vendeur d'oranges aux habits et claquettes usés, il se fait spectateur de la circulation beyrouthine, de sa fluidité, mangeant ses fruits dans un parking en face de la mosquée Mohammad al-Amine. Spectateur du quotidien « d'une prière qu'à Beyrouth on entend cinq fois par jour ». À côté, ses collages se construisent à partir de différentes temporalités ; des découpages de photos-romans libanais de l'époque de la guerre civile, des extraits de presse levantine du temps du mandat, des cactus et des colliers de Souk-el-Ahad qui servent de cadre. « Ma grand-mère encadrait toujours nos photos avec des colliers », explique-t-il.
Un parrainage curieux, tout comme son titre. « Si le spectateur a tout compris, il arrête de réfléchir – tout travail est dans le décalage, la décomposition », affirme Costesèque. Lequel s'arme de douceur pour exprimer ce décalage. Il montre la mosquée, non plus comme proie d'une connotation médiatique et occidentale « violente », mais comme lieu de partage simple et quotidien. Chaque fragment de ses collages se veut messager d'un « Moyen-Orient (qui) n'est pas un gros tas (auquel) il faut lui rendre son détail, reconstituer la richesse de sa culture, sortir du clivage Orient-Occident ». Pile au moment où il prononce ces mots, un cactus de l'un de ses collages sur le mur tombe à terre. « C'est une réaction à la vie », réagit sur-le-champ Costesèque. Avec humour...

En 1995, Mustapha Yamout, alias Mr. Zico, transforme sa demeure familiale en Zico House, un espace multidimensionnel, à la rencontre de l'action civile et de la scène artistique contemporaine libanaise. À l'époque, l' « intérêt pour ce genre d'initiative était encore inexistant. Tout comme les financements. Mais on s'est pas pris la tête », assure-t-il. Architecte de formation, mais...

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