Le légendaire héros britannique Lawrence d'Arabie amoureux d'une jeune Libanaise nommée Faridé Akel. C'est ce que rapporte l'écrivain britannique Dick Benson-Gyles dans un ouvrage qu'il vient de publier sous le titre The Boy in the Mask, The Hidden World of Lawrence of Arabia. Rien de romancé dans ce récit, dont nous avons pu vérifier l'authenticité des faits rapportés.
Tout commence lorsque, par une chaude journée du mois d'août 1909, un voyageur épuisé, couvert de poussière, frappe à la porte de l'École missionnaire américaine de Jbeil, un baluchon sur le dos. Thomas Edward Lawrence, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est chaleureusement accueilli par la directrice et quelques personnes présentes, parmi lesquelles Faridé Akel. Elle a 27 ans, il en a 21. Le jeune homme passera quelques jours dans l'établissement, avant de repartir poursuivre son travail archéologique sur les châteaux des croisés. Lorsqu'il revient à l'école, après Noël, pour apprendre l'arabe, on lui assigne comme professeure Faridé Akel. Il se nouera entre eux une grande amitié amoureuse, comme le précise l'auteur de l'ouvrage. Dick Benson-Gyles s'était rendu spécialement au Liban pour s'entretenir avec Faridé, avant qu'elle ne décède en 1975, dans sa ville natale de Broummana. Il avait notamment appris que l'environnement calme et reclus de l'école Quaker de Jbeil avait permis au jeune archéologue anglais, au caractère renfermé, d'entamer un dialogue avec son professeur, une femme raffinée ayant de la personnalité et de la culture.
« Si je l'ai aimé ? Qui ne l'aurait pas aimé ! »
Après le départ de l'auteur, Faridé Akel lui avait envoyé une lettre ainsi rédigée : « Je ne vous ai pas dit toute la vérité. Notre profonde amitié était fondée sur des valeurs spirituelles. C'était l'union d'une âme avec une autre âme. Lawrence vivait dans son esprit et non dans son corps. Il était magnifique. Cette expérience était édifiante pour moi. Vous m'avez demandé si je l'ai aimé. Ô très cher, qui aurait pu ne pas l'aimer! À présent, Richard, je vous ai amené au cœur du sanctuaire de ma vie. Je voudrais vous demander que ce secret le reste. ». Elle lui avait également révélé que, pour la Saint-Valentin de l'année 1911, Lawrence lui avait offert une petite valise de voyage, exprimant ainsi son désir de l'emmener avec lui en Angleterre. Mais que, par ailleurs, «il n'aimait pas être touché». «Cependant, un jour, avait-elle également confié, il m'avait entouré de ses bras.» À ce sujet, l'auteur associe cette réticence à un sentiment de culpabilité né d'un ressentiment de sa mère qui avait fait de lui un enfant illégitime, et d'un viol subi lorsqu'il était prisonnier de guerre. Ces traumatismes seraient les indices d'un «hétérosexuel réprimé».
Par ailleurs, il est un secret concernant ces deux amoureux qui n'a pas encore été élucidé. Toujours dans ce même ouvrage, l'auteur souligne que, très probablement, la dédicace de la célèbre œuvre de T. E. Lawrence Les sept piliers de la sagesse, parue en 1922, aurait été adressée à Faridé, sous les initiales-pseudonymes de S. A. Ce qu'elle n'a jamais voulu confirmer, alors même qu'il lui avait envoyé une copie dédicacée du premier tirage.
Confidences de Broummana
Après s'être rendu célèbre par ses exploits d'officier de liaison britannique durant la révolte arabe de 1916-1918, le capitaine Lawrence retrouve l'Angleterre et maintient sa correspondance avec Faridé. Il l'a revue pour la dernière fois à Paris où elle s'était rendue en 1926, pour participer, en tant que déléguée syrienne, au Congrès international des femmes. Il a roulé durant quatre heures à moto pour la retrouver. C'est d'ailleurs à moto qu'il mourût, en 1935, sur une route d'Angleterre. La participation de Faridé à ce congrès est mentionnée dans un ouvrage intitulé Quaker Service in the Middle East and a History of Broumana High School, que le bureau du président de la municipalité de Broummana, Pierre Achkar, a partagé avec L'Orient-Le Jour. Faridé y est notamment citée pour avoir dit, à propos de Lawrence: «J'ai eu le privilège de l'avoir connu personnellement.»
Autre témoignage, celui de sa nièce maternelle, Olivia Sahyoun, 98 ans, qui vit toujours à Broummana. Contactée par téléphone, elle s'est souvenue que sa tante Faridé, qui avait passé chez elle les 15 dernières années de sa vie et qui ne s'était jamais mariée, avait accroché au salon la photo de Lawrence. Et que, souvent, elle rougissait quand on l'interrogeait sur cette idylle. Faridé s'est éteinte en 1975, à l'âge de 98 ans, alors qu'elle partageait tranquillement un dîner avec sa nièce, Mme Sahyoun. Cinquante ans après Lawrence dont elle a toujours regretté qu'il soit mort si jeune, à 35 ans.
Étrange coïncidence: quelques jours après la parution de ce livre, une balle de revolver à été retrouvée dans le désert jordanien. L'arme avait été utilisée par Lawrence d'Arabie durant l'explosion de la voie ferrée du Hijaz construite par les Ottomans. Cet exploit est un moment fort du film aux sept oscars, Lawrence of Arabia, que le metteur en scène David Lean a consacré à ce personnage épris d'aventures et d'héroïsme. Un personnage de roman mystérieux, séduisant, fascinant et secret.
Pour mémoire
Le jour où... Lawrence d'Arabie a rencontré l'émir Fayçal
Tout commence...
commentaires (5)
Au fond ! Qu'est-ce qu'il devient, Aboûlkassâm ? Nulle de ses mémorables "sorties" sur la toile ! L'ont-ils déjà "cloîtré" à Qannoûbbîne ou à Bkérkéhhh, ou pas encore ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 33, le 14 avril 2016