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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Pierre Abi Haila porte son Egstrate sur la première marche du podium

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

L’« Egstrate », l’œuf en chocolat du Libanais Pierre Abi Haila, grâce auquel il a remporté le concours Valrhona. Photo fournie par Pierre Abi Haila et prise par Charbel Bouez

Ils étaient 115 pâtissiers du monde entier à présenter au jury du jeu concours de Pâques de Valrhona une œuvre originale en chocolat réalisée sur le thème « Laissez éclore votre créativité » à partir du « moule Œuf » du grand chocolatier français. Et c'est le Libanais Pierre Abi Haila, qui, avec son « Egstrate », a remporté le premier prix du concours.

Quand le chocolatier de 29 ans a décidé de se lancer dans cette aventure, il voulait d'abord marquer une coupure avec son quotidien au Liban. « J'étais démotivé en raison de la situation, de la crise des déchets que traversait le pays, j'avais l'impression que les Libanais s'étaient résignés à accepter le fait accompli, confie-t-il à L'Orient-Le Jour. En participant à la compétition, je ne pensais qu'à ma création et ce que je pourrais offrir au Liban et non ce que mon pays pourrait m'offrir. » Le jeune pâtissier voulait aussi surmonter l'échec vécu lors de sa première participation à la Coupe d'Europe de pâtisserie, un mois auparavant, à Genève. Lors de cette compétition, son installation de 1 m 25 s'était écroulée au dernier instant. Il ne présenta alors que 40 centimètres de sa création au jury. « C'était une bonne expérience, mais qui s'est soldée par un échec », raconte-t-il.

Mais la volonté de montrer son travail « et celui de la jeunesse libanaise » l'a finalement emporté chez le jeune pâtissier qui a fait ses études dans une école technique libanaise et effectué des stages professionnels chez Lenôtre et à l'école du Grand Chocolat en France.

Une prouesse technique

Après son inscription au jeu concours de Valrhona, M. Abi Haila a reçu le moule à partir duquel il devait créer son œuf. Il a alors mené des recherches avec l'aide de son frère Pascal, un ingénieur avec qui il a ouvert, il y a un peu plus d'un an, son atelier du chocolat « Le Noir » à Broummana. « Nous avons mis deux semaines pour décider à quoi ressemblera l'œuf et pour mener des tests, raconte Pierre Abi Haila. Deux jours avant le délai, rien n'était encore prêt. » Son œuvre a été créée en une nuit.

Il s'agit d'un œuf de Pâques formé de sept couches de chocolat, chacune d'une teinte de couleur différente. Quatre des couleurs sont celles du chocolat Valrhona et les trois autres ont été obtenues grâce à des colorants alimentaires. « Le nom de la pièce, "Egstrate", désigne l'œuf (egg, en anglais) et les couches géologiques (strate, en anglais) », explique M. Abi Haila. « La difficulté de la création, dit-il, réside dans l'assemblage des sept œufs de manière parfaite ainsi que dans leur coloration afin qu'elle soit harmonieuse. » Le pâtissier libanais a envoyé les photos de son œuf le jour où le délai expirait, le 29 février.

« Le 17 mars, mon téléphone a sonné. À l'autre bout du fil, j'ai entendu quelqu'un me dire : Vous êtes le grand gagnant... ! raconte-t-il. Je n'y ai pas cru, je me disais que c'était impossible face à tant de compétiteurs, j'ai alors été pris d'un fou rire. » Le représentant de Valrhona lui a ensuite expliqué que le jury, composé du chef pâtissier Emmanuele Forcone, de la photographe culinaire Aline Gérard, du rédacteur en chef du Journal du Pâtissier Franck Lacroix, et de la blogueuse Auriane Leblanc dont la plateforme a été élue en 2015 « Meilleur blog de pâtisserie », a « apprécié sa création aux niveaux technique, créatif et architectural ».

Grâce au prix qu'il a remporté, M. Abi Haila va pouvoir effectuer un stage à l'École Valrhona et va recevoir 18 kilos de chocolat. « Mais le plus gratifiant dans toute cette histoire, c'est que les jeunes pâtissiers libanais ont eu envie d'être à ma place et de vivre eux aussi cette aventure », souligne-t-il, affirmant qu'il y a aujourd'hui au Liban « de plus en plus de chefs, de glaciers, de pâtissiers... et ils ont tous besoin d'un coup de pouce ».

M. Abi Haila n'est pas le premier chocolatier libanais à s'être fait remarquer à l'étranger. Avant lui, Maya Kanaan, propriétaire de la boutique M de Noir, avait remporté le prix de l'Espoir étranger au Salon du chocolat de Paris en 2014. « Elle est géniale, des personnes comme elle ont une influence positive sur le goût des gens en matière de chocolat », affirme M. Abi Haila. Et le pâtissier de conclure : « Les Libanais doivent apprécier le chocolat en tant que concept artisanal à sa juste valeur et en manger pour le simple plaisir et non seulement aux rares occasions de la vie... Car le chocolat est un plaisir en soi, un produit fait avec amour et passion, et qu'il faut chouchouter. »


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