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Spécial Crise des déchets

Au Chouf, les municipalités ont trouvé une solution alternative à Sukleen : ChouClean

À Moukhtara, une usine de tri et de compostage des déchets a vu le jour et semble connaître un franc succès dans la région.

Depuis la crise sans précédent des déchets ménagers, survenue en juillet 2015, le Haut Chouf a été l'une des premières régions à prendre l'initiative de construire une usine de tri et de compostage dans le village de Baadarane pour remédier elle-même au problème. En plus d'éviter aux habitants l'inconfort de l'entassement des déchets dans les rues, elle peut devenir très rapidement rentable pour les municipalités, explique Roger Achi, président des municipalités du Haut Chouf, qui précise tous les détails de ce projet pilote, dont le nom, « Projet ChouClean », n'est pas sans rappeler Sukleen, l'entreprise qui était en charge du ramassage des ordures à Beyrouth et au Mont-Liban.

Le projet a été lancé dès le mois d'août. Il couvre les 12 municipalités du Haut Chouf, qui sont toutes partenaires et bénéficient du ramassage des ordures, organisé par une entreprise privée, Mores, et financé par la municipalité ainsi que par des donations. Il n'est pas exclu que les habitants soient amenés par la suite à payer une nouvelle taxe municipale, souligne Roger Achi, tout en précisant que « ce n'est pas encore le cas ».
L'usine de Baadarane a été bâtie grâce à la générosité de donateurs privés, en particulier le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui, en participant à hauteur de 75 000 dollars au projet, a permis de commencer la construction. La première partie de l'édifice, un centre de tri, a coûté 272 000 dollars. La deuxième partie forme un hangar de compostage très moderne et bien équipé, dont les frais de construction s'élèvent à 245 000 dollars.

Il faut donc débourser environ un demi-million de dollars pour l'infrastructure complète. Ce coût est-il excessif? « C'est en fait assez peu, si on sait que cela représente un tiers de ce que déduisait l'État des taxes municipales pour payer Sukleen », indique M. Achi qui souligne que l'usine peut devenir rentable dès la deuxième année.
Comment peut-on rentabiliser une infrastructure d'un tel prix en deux ans ? Le président des municipalités du Haut Chouf explique que tout d'abord, en étant exonérée des taxes gouvernementales pour le ramassage des ordures, la région économisera une importante somme. Ensuite, la modernité et l'efficacité des machines vont permettre de séparer les matières organiques des autres déchets. Selon la qualité du compost, « on peut en obtenir un bon prix », souligne M. Achi. Ensuite, les déchets recyclables, comme le verre, le carton ou le plastique, sont triés à la main et peuvent ensuite être vendus à bon prix. Les ordures sont ramassées tous les deux jours. La capacité quotidienne de l'usine étant de 35 tonnes, les bénéfices ne tarderont pas à se faire ressentir grâce au tri. Selon la saison, les bénéfices peuvent être plus ou moins importants. En hiver, le tri et le compostage d'une tonne d'ordures coûtent environ 60 dollars, et en été, quand la région accueille davantage de personnes, le prix tombe à 56 dollars.

Roger Achi veille à ce que l'infrastructure respecte toutes les normes environnementales en vigueur. Le ministère de l'Industrie lui a délivré un permis et le ministère de l'Environnement a approuvé la mise en place de cette structure. « Le projet "ChouClean" est parfaitement légal et tous les éléments sont en place pour que ce projet pilote soit une véritable réussite », affirme-t-il.
Baadarane ne souhaitant pas recevoir les déchets provenant de Beyrouth ou d'autres régions, qui produisent beaucoup trop d'ordures par rapport à la petite capacité de l'usine du Chouf, Roger Achi conseille vivement à toutes les régions d'entreprendre un projet similaire qui ne peut, affirme-t-il, que leur être bénéfique.

 

 

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