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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

« Washington ne doit plus s’embourber dans les marécages du Proche-Orient »

Pour l'ancien secrétaire adjoint à la Défense James Clad, la puissance d'une nation ne devrait pas être évaluée en fonction des guerres qu'elle mène, mais par sa capacité de persuasion politique.

Le désengagement de l’administration Obama de la région et notamment du conflit syrien est tout aussi décrié que la décision de l’administration Bush d’envahir l’Afghanistan et l’Irak, selon James Clad. Photo Reuters

La politique américaine au Proche-Orient est régulièrement dénoncée, qu'elle soit interventionniste ou non. En effet, le désengagement de l'administration Obama de la région et notamment du conflit syrien, qui a fait plus de 270 000 morts depuis 2011, est tout aussi décrié que la décision de l'administration Bush d'envahir l'Afghanistan et l'Irak qui ont fait, eux aussi, des centaines de milliers de victimes depuis 2001.

Ancien secrétaire adjoint à la Défense dans l'administration Bush, ancien professeur au National Defense University (NDU) et conseiller pour le Centre naval d'analyse (CNA) à Arlington, James Clad, citant le général Brent Scowcroft, un militaire à la retraite très apprécié par le président américain Barack Obama, estime que l'invasion américaine de l'Irak en 2003 était « une erreur stratégique », ajoutant que les conséquences de cette erreur se poursuivent sans interruption jusqu'à présent. Une autre erreur, selon M. Clad, est le fait que les Américains sont restés trop longtemps en Afghanistan après la chute des talibans. Par contre, il réfute catégoriquement l'idée qu'il s'agisse uniquement de la responsabilité des États-Unis : « Les Irakiens ont échoué à profiter de l'occasion de la chute de Saddam Hussein pour construire un État démocratique. »

(Lire aussi : Washington et Moscou, maîtres du jeu en Syrie)

 

Changement de politique
Toutefois, depuis 2003, la politique étrangère des États-Unis a radicalement évolué. D'abord, l'implication américaine au Proche-Orient est désormais différente. « Les Américains ne vont plus sacrifier des vies et de l'argent » dans cette partie du monde, affirme l'ancien haut responsable US à L'Orient-Le Jour. Les Américains devront interférer le moins possible, même dans le reste du monde. Il faut que le gouvernement concentre son énergie sur l'essentiel : l'intérêt du pays.

Il est d'ailleurs évident aujourd'hui que beaucoup de problèmes peuvent être résolus à travers la diplomatie, dans les coulisses. Les relations avec Cuba et l'accord nucléaire avec l'Iran en sont la preuve. La guerre ne devrait pas être la première option dans les relations internationales, mais la dernière. « Il est faux de dire que la crédibilité des États-Unis est en jeu, si le président Obama décide de ne pas bombarder le régime syrien. Le cas libyen saute aux yeux maintenant : les Occidentaux ont réussi à chasser (l'ancien dirigeant libyen) Mouammar Kadhafi, et, depuis, le pays sombre lui aussi dans le chaos », fait remarquer James Clad.

La puissance d'une nation ne devrait donc pas être évaluée en fonction des guerres qu'elle mène, mais plutôt par sa capacité de dissuasion et de persuasion politique. La « micropolitique » est souvent plus efficace que la « macropolitique », et le travail diplomatique et de renseignement est moins onéreux en argent et en vies humaines. Il y a de ce fait urgence pour les Américains de se désengager de toute la région qu'ils appellent Moyen-Orient, c'est-à-dire jusqu'en Afghanistan. « Washington ne doit plus s'embourber dans les marécages du Proche-Orient. Les États-Unis doivent par contre se concentrer sur l'Asie. Le vrai défi aujourd'hui pour eux, c'est la Chine », martèle M. Clad.


(Lire aussi : « Pas de partitions légales dans la région, mais des dissensions internes »)

 

Le cas libanais
Actuellement, il y a du côté des républicains et des démocrates une remise en question globale de la politique américaine dans la région, précise-t-il. Selon lui, les États-Unis visent d'abord à ancrer une stratégie d'équilibre au Proche-Orient, notamment entre Téhéran et Riyad ; sortir du schéma traditionnel qui consistait à soutenir automatiquement leurs alliés, notamment Israël et l'Arabie saoudite ; sans cependant renoncer à aider de manière positive, comme c'est le cas du Liban, pour lui épargner des conflits régionaux et le soustraire de la guerre par procuration qui a lieu actuellement.

Il y a des inquiétudes que l'accord nucléaire entre l'Iran et la communauté internationale soit défavorable au Liban. En effet, le désengagement américain du Proche-Orient fait craindre un manque d'intérêt des États-Unis pour défendre la souveraineté et la position particulière du pays du Cèdre dans la région. James Clad précise que le Liban a son intérêt sur la scène régionale. « Évidemment, il y a toujours eu des problèmes au Liban. Mais c'est quand même un modèle de coopération entre les communautés, une formule sociétale modérée. D'où l'intérêt de préserver l'indépendance et la souveraineté de ce pays », précise-t-il.

Selon lui, l'accord nucléaire avec l'Iran renforcera la position américaine dans la région pour exhorter les différents acteurs (Iran, Israël, Arabie saoudite) à épargner ce pays. « On pourrait leur dire : laissez ce pays tranquille, donnez-lui la chance de respirer », ajoute-t-il. « Il ne s'agira pas d'une mission facile. Mais le Liban devrait être un sujet moins compliqué à résoudre que le conflit iranien avec Israël ou avec l'Arabie saoudite », précise M. Clad. Dans le contexte de la nouvelle politique américaine, le Liban sera donc un test pour les États-Unis. « Reste aux Libanais eux-mêmes de prendre conscience de la chance qu'ils ont et d'œuvrer dans ce sens », conclut James Clad.

 

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La politique américaine au Proche-Orient est régulièrement dénoncée, qu'elle soit interventionniste ou non. En effet, le désengagement de l'administration Obama de la région et notamment du conflit syrien, qui a fait plus de 270 000 morts depuis 2011, est tout aussi décrié que la décision de l'administration Bush d'envahir l'Afghanistan et l'Irak qui ont fait, eux aussi, des centaines...

commentaires (7)

Libanais! Yalllllla "Get your act together!"

Bibette

11 h 19, le 17 mars 2016

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Commentaires (7)

  • Libanais! Yalllllla "Get your act together!"

    Bibette

    11 h 19, le 17 mars 2016

  • Obama et ses 6 conseillers juifs ont dû prendre connaissance de ça ! Les commandants militaires américains ont exprimé, mercredi, devant le Congrès, leurs inquiétudes, quant aux capacités des Etats-Unis, en cas d’un affrontement avec les grandes puissances du monde, comme la Russie, la Chine et l’Iran. Ils ont précisé que le manque de formation et de ressources pèse sur l’armée US. Le général Mark Milley, chef d'état-major des armées US, a dit devant le Congrès : «Si l’armée se trouve, éventuellement, en état de guerre, face aux grandes puissances, comme la Chine, la Russie et l’Iran, le niveau de préparation de nos forces m’inquiète. Notre armée n’est pas en mesure d'assurer une action satisfaisante». Par ailleurs, Deborah James, commandant de la Force de l’air, a évoqué le budget 2017, pour souligner que la moitié des forces américaines n’étaient pas suffisamment préparées à résister, face à des pays, comme la Russie.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 13, le 17 mars 2016

  • Fallait être ou nouveau né ou idiot pour croire une seconde que les us/fourbes pouvaient apporter des solutions au M.O. Si les usurpateurs arrivent à tirer les marrons du feu , c'est que c'est eux qui les tiennent et font leur politique . Les seuls à ne jamais avoir eu à leur faire confiance ce sont les iraniens depuis Khomeyni. Un constat patent , tous ceux qui leur ont servi de nervis se sont fait jetés comme des malpropres, je ne vise personne mais y a qu'à voir au Liban chez nous ce que sont devenus leurs "sbires" . Je m'interroge encore , quand on a lu cet article , comment peut on encore croire qu'ils pourraient être les patrons d'une certaine connivence ????? surtout après avoir répondu comme on le fait sur cette question !!!§§//%%%

    FRIK-A-FRAK

    10 h 53, le 17 mars 2016

  • C'était validé ..! que les USA ont transformé en 20 ans le M.O en marécages sans eau...! mais la ficelle de la désinfo est un peu grosse ....le USA veulent faire diversion, pour mieux renouveler le même fiasco en Ukraine ...! avec un OTAN a ses ordres ...bien entendu ,en vendant des contre vérité et de vrais mensonges ...décrivant les intérêts et avantages ... de leurs bienveillance ... mais , ils oubli de dire que s'est sur le compte des européens...

    M.V.

    09 h 53, le 17 mars 2016

  • Le Moyen Orient a toujours été un bourbier depuis la nuit des temps. Toutes les grandes puissances s'y sont trempées et toutes ont été plus ou moins écorchées et c'est normal. Cette region est le centre du monde a tous les niveaux qu'il soit économique, culturel, social, religieux ou politique. Elle regorge de ressources naturelles indispensables pour l’économie mondiale. Elle est le berceau qui a vu naître les premiers alphabets, la teinture, la vitre, etc... C'est une region qui a été envahi et peuplé par des tribus ou peuple venus de presque tous les coins du monde et est le berceau du Christianisme, du Judaïsme et de l'Islam. N'oublions pas l'essentiel, cette region fit partie du paradis de Dieu ou vécurent jadis Adam et Eve, donc le debut de l'histoire de l'homme crée par Dieu dans sa forme actuelle. Alors quoi de plus naturelle qu'elle soit toujours au cœur des conflits mondiaux. Faut il encore que les humains sachent gérer tout ca!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 44, le 17 mars 2016

  • APRES LES AVOIR REMUER... ON SE LAVE LES MAINS... POUR LE SANG REPANDU... DES PONCE PILATE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 20, le 17 mars 2016

  • "Washington ne doit plus s'embourber dans les marécages du Proche-Orient": peut-être que Washington devrait d'abord éviter de créer ces marécages...

    NAUFAL SORAYA

    08 h 13, le 17 mars 2016

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