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Économie - Économie numérique

La France veut apporter sa « touch » à l’écosystème libanais

L'École supérieure des affaires a annoncé hier, au forum ArabNet, le lancement d'un double programme d'incubation et d'accélération de start-up centré sur la valorisation de leur capital humain.

Le stand Smart Esa au forum ArabNet. Photo S.Ro.

L'accompagnement des start-up technologiques est décidément à la mode au Liban : après le lancement l'année dernière d'accélérateurs privés, comme Speed, ou parapublics, comme le programme libano-britannique UK Lebanon Tech Hub (UKLTH), c'est au tour de la France d'annoncer le lancement de son « booster » : Smart Esa, lors de la deuxième journée du forum technologique ArabNet qui s'est tenu hier à l'hôtel Habtoor. « Un booster, c'est d'un côté un accélérateur, et de l'autre un incubateur, tous deux adossés à un centre d'excellence académique, l'École supérieure des affaires (Esa) », explique à L'Orient-Le Jour Stéphane Attali, directeur général de l'Esa.

 

Deux programmes
L'initiative est soutenue par l'ambassade de France au Liban, la Banque du Liban (BDL) et la Chambre de commerce et d'industrie de Paris. Son but ? « Proposer aux entrepreneurs et aux managers des sessions de formation et de mentorat, mais aussi leur ouvrir les portes du marché français et européen », a souligné Stéphane Attali lors de sa présentation officielle.

Smart Esa propose ainsi deux programmes qui ciblent une quinzaine de start-up, des très jeunes pousses (phase dite de pre-seed) à des entreprises déjà en phase de croissance (scale-up). Le premier se concentre sur l'accélération de celles qui sont encore à la phase d'idée pour une durée de quelques mois. Le deuxième propose aux start-up qui ont déjà levé des fonds de s'installer dans les locaux de l'Esa pour une formation plus poussée de 9 mois. « Le but est d'avoir en moyenne 15 à 20 start-up incubées en plus d'une quinzaine de compagnies en accélération en permanence », ajoute Charbel Tawil, conseiller à Smart Esa et fondateur de Forequest Technologies, une société spécialisée dans les solutions de cybersécurité.

Quelques détails doivent encore être définis, comme les dates de lancement des programmes et les critères de sélection définitifs. Les prochains mois seront dédiés à la promotion des programmes, au développement des formations et à la sélection des start-up. « Nous devrions démarrer les programmes vers septembre ou octobre », précise Stéphane Attali. Conformément à la volonté de la BDL d'encourager le développement de l'économie de la connaissance à travers sa désormais célèbre circulaire 331, les fonds investis (au montant non communiqué) par l'État français bénéficieront d'une subvention intégrale de la Banque centrale libanaise. Le coût du programme pour les participants, voire une éventuelle participation de Smart Esa au capital des sociétés accélérées, sont encore à l'étude.

 

(Lire aussi : Quand une start-up déménage de Dubaï à Beyrouth)

 

Accélérer la création d'emplois
Pour Bérangère Arnold, le but de Smart Esa est d'être complémentaire, et non concurrent avec les structures déjà existantes. « Par exemple, le UKLTH possède une expertise internationale reconnue concernant l'accès au financement pour les start-up qui voudraient être cotées au Nasdaq », note-t-elle.

De son côté, Smart Esa veut jouer sur la relation privilégiée qu'entretient la France avec de grands groupes industriels européens non digitaux (BTP, agroalimentaire, télécoms...) qui seront les clients finaux des start-up. Celles-ci pourront ainsi les rencontrer, en France et en Europe, lors de business tours de plusieurs semaines. « Le but de ces visites ne sera pas juste du réseautage, mais aussi de l'acquisition de parts de marché », explique Bérangère Arnold. Selon Stéphane Attali, c'est une situation « gagnant-gagnant » : d'un côté, les entreprises françaises auront la possibilité de mettre en place une plateforme au Liban et d'avoir accès à la diaspora libanaise, et de l'autre, une start-up libanaise pourra bénéficier de « perspectives très intéressantes » en collaborant avec un grand groupe français. Via ces échanges, Smart Esa ambitionne d'amener au Liban le savoir-faire spécifique de la « French Tech », du nom du label créé en 2013 par le gouvernement français afin de renforcer la cohérence et la visibilité des actions publiques en faveur des start-up.


(Lire aussi : Le Liban, déjà un pôle régional pour les fonds technologiques ?)


Smart Esa a également un autre objectif, beaucoup plus ambitieux : permettre véritablement au secteur du numérique de devenir un levier de croissance pour l'économie et l'emploi au Liban. L'équipe de Smart Esa est partie d'un constat simple : il existe un manque cruel de cadres intermédiaires dans le secteur. « Ce manque empêche les start-up de grossir autant que les fonds collectés devraient le permettre », constate Bérangère Arnold. Selon elle, 60 % des fonds levés par une start-up sont généralement orientés vers le recrutement de personnel. « Avec 200 millions de dollars déjà distribués sur les 400 millions dégagés par la circulaire 331, cela équivaudrait à 3 000 embauches. Malheureusement, cela ne s'est pas encore fait, car les start-up ne trouvent pas toujours des candidats qui ont les qualifications nécessaires : compétences digitales, esprit entrepreneurial et connaissance des outils marketing », ajoute-t-elle. Smart Esa ambitionne donc de prendre le relais et de former ces cadres afin d'accélérer la création d'emplois dans le numérique.

Prochaines étapes : le lancement physique de Smart Esa, avec la pose de la première pierre de son bâtiment, fin mai. Juste avant, les promoteurs du programme ont donné rendez-vous aux expatriés au Salon de la diaspora libanaise qui se tiendra début mai, afin de contribuer à les sensibiliser encore davantage à la cause du numérique.

 

 

L'innovation numérique unanimement saluée à ArabNet

La septième édition du forum ArabNet, qui clôt ses portes aujourd'hui au Hilton Habtoor, a rassemblé quelque 1 200 participants. « Depuis la création d'ArabNet, l'innovation numérique a gagné une importance stratégique et ne se discute plus seulement dans les services informatiques, mais aussi dans les conseils d'administration », s'est félicité hier le fondateur d'ArabNet, Omar Christidis, lors de la cérémonie d'ouverture.
Le ministre de l'Économie, Alain Hakim, a rappelé dans son allocution « la contribution majeure de l'entrepreneuriat (...) au développement des technologies (...) qui offre des solutions correspondant aux aspirations des jeunes, limitant ainsi leur émigration ».
Le ministre des Télécoms, Boutros Harb, a pour sa part rappelé que « le gouvernement doit fournir les infrastructures nécessaires pour répondre aux exigences du marché libanais », et insisté sur son engagement à « instaurer la 4G dans tout le Liban dès septembre 2016 » dans le cadre du plan quinquennal de développement du secteur à l'horizon 2020.
Enfin, le vice-président de la Banque du Liban, Saad Andary, a présenté le secteur numérique libanais comme « l'un des écosystèmes les plus complets (...) pouvant jouer le rôle de hub régional ».

N.B: Cet article a été modifié à 13h55 pour corriger une coquille dans le titre.

 

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