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Moyen Orient et Monde - Irak

Barzani appelle de nouveau à l’autodétermination du Kurdistan

Le projet de création d'un État kurde à sa frontière n'entre probablement pas dans les plans actuels d'Ankara.

Le drapeau kurde flottant au-dessus de la citadelle d’Erbil. Safin Hamed/AFP

Le principal dirigeant du Kurdistan irakien a de nouveau appelé à la tenue d'un référendum sur un État kurde dans le nord de l'Irak.
Alors que cette région, autonome depuis 1991, fait face à une crise institutionnelle et financière, son dirigeant Massoud Barzani a affirmé que « l'heure était venue » pour les Kurdes d'Irak de se prononcer par référendum sur la création d'un État, selon un communiqué de ses services publié hier. « Les conditions sont maintenant réunies pour que le peuple prenne une décision sur son avenir par référendum », a déclaré M. Barzani, 18 mois après son dernier appel public en ce sens.
« Ce référendum ne mènerait pas nécessairement à la création immédiate d'un État (kurde) mais permettrait de connaître la volonté et l'opinion du peuple du Kurdistan concernant son avenir », a ajouté le dirigeant kurde sans préciser à quel horizon il envisageait la tenue de ce scrutin. Son mandat de président est arrivé à échéance en août 2015, mais Massoud Barzani, chef du puissant Parti démocratique du Kurdistan (PDK), continue de diriger la région au terme d'un arrangement politique critiqué par des opposants au pouvoir.
Ce problème institutionnel se double d'une crise financière dans cette région riche en pétrole durement frappée par la chute des cours du brut, qui ne peut pas, contrairement à un État, faire appel aux marchés obligataires pour emprunter de l'argent et financer ses besoins budgétaires.
Le versement des salaires de certains fonctionnaires du gouvernement du Kurdistan irakien est en retard de plusieurs mois et des grèves de plusieurs jours ont eu lieu à l'automne dernier, notamment dans le sud de la région autonome, bastion de l'opposition à M. Barzani.
De plus, le Kurdistan était une destination touristique prisée il y a encore deux ans en raison de la sécurité qui y régnait mais a subi les contrecoups de l'offensive à l'été 2014 du groupe jihadiste État islamique (EI) qui a vu des centaines de milliers de personnes chassées de chez elles s'y réfugier. Ce contexte économique difficile, amplifié par le coût de la lutte militaire contre l'EI, semble un obstacle sérieux aux velléités d'indépendance des Kurdes d'Irak. Au moins tant que le prix de l'or noir sera si bas et qu'il faudra financer la lutte anti-EI.

Contentieux
Et sur le plan politique, au-delà du principe même d'un référendum d'autodétermination – auquel le gouvernement fédéral est opposé –, c'est l'ère géographique sur laquelle il serait organisé qui fera sûrement l'objet d'un contentieux entre Bagdad et les Kurdes. Le Kurdistan irakien est en effet officiellement formé de trois provinces irakiennes (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh), mais ses forces contrôlent actuellement des secteurs dans quatre autres provinces que Bagdad veut absolument garder dans le giron fédéral.
C'est le cas notamment de la province multiethnique et riche en pétrole de Kirkouk, principalement tenue par les forces kurdes. Les peshmergas se sont installés sur ces territoires disputés lorsque les troupes irakiennes ont fui face à l'avancée de l'EI en 2014. Depuis, ils sont devenus un allié de poids dans le nord de l'Irak pour la coalition antijihadiste menée par Washington, qui n'hésite pas à les appuyer par des raids aériens. En plus de Bagdad, voire de Washington, la Turquie pourrait aussi avoir son mot à dire sur ce projet d'autodétermination kurde.
Ankara est certes un partenaire économique de premier plan pour le gouvernement de Massoud Barzani, qui exporte son pétrole via la Turquie sans passer par le gouvernement fédéral depuis l'échec l'an dernier d'un plan de partage des revenus pétroliers avec Bagdad. Mais le projet de création d'un État kurde à sa frontière n'entre probablement pas dans les plans actuels d'Ankara, qui a intensifié ces derniers mois sa lutte contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), bombardant certains camps installés dans les montagnes du Kurdistan irakien.

(Source : AFP)

Le principal dirigeant du Kurdistan irakien a de nouveau appelé à la tenue d'un référendum sur un État kurde dans le nord de l'Irak.Alors que cette région, autonome depuis 1991, fait face à une crise institutionnelle et financière, son dirigeant Massoud Barzani a affirmé que « l'heure était venue » pour les Kurdes d'Irak de se prononcer par référendum sur la création d'un État,...

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