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Art, littérature, design - Zeina ANTONIOS

Interprètes et traducteurs : concentration, efforts continus et connaissance parfaite des langues

Ils poursuivent le même but : permettre à des personnes ne parlant pas la même langue de se comprendre. Mais si le traducteur traduit des textes par écrit, l'interprète fait passer par voie orale les propos d'intervenants d'une langue à une autre. Un travail rigoureux, intense mais passionnant.

« Que ce soit l'interprétation simultanée en cabine (lors des grandes conférences internationales) ou consécutive (dans le cadre d'une rencontre ou d'un dîner entre deux ou plusieurs personnes), chuchotée (assis généralement à côté de l'intervenant) ou encore en langue de signes (adressée aux malentendants), le cerveau de l'interprète subit une tension intellectuelle et un stress tel qu'il est comparé au stress d'un pilote au moment de l'atterrissage et du décollage », avoue Jihane Sfeir, interprète free lance à Genève, depuis plus de 20 ans, pour les organisations internationales (Onu).

 

Connaissance des langues : un must incontournable
« C'est l'atout primordial pour pouvoir réussir ce métier, affirme l'interprète. Il faut connaître à la perfection au moins deux langues de base : une langue vers laquelle on interprète, la langue maternelle qui est l'arabe en général pour le Liban, et une autre langue active à partir de laquelle on interprète, le français ou l'anglais. Une troisième langue, dite passive, est nécessaire mais pas essentielle, surtout sur le marché local. Comme l'interprète est amené à traduire tout genre de sujets, il doit impérativement « se documenter à l'avance sur les sujets donnés, connaître les vocabulaires techniques dans le cas de conférences spécialisées (médecine, technologie) et avoir une curiosité intellectuelle qui lui permettrait d'être au courant de toute l'actualité, car souvent l'orateur fait allusion à des événements qui n'ont rien à voir avec le sujet », avance encore l'interprète. « Mais il doit surtout faire preuve de souplesse et de capacité d'analyse, pour pouvoir saisir le sens des phrases souvent non dites, aller au-delà des mots et des messages sous-entendus et donner le plus rapidement possible un équivalent du mot, s'appuyant sur sa connaissance parfaite de la langue. »

 

Où exercer l'interprétation ?
Le métier d'interprète s'exerce généralement en free lance, car il y a peu de postes permanents, surtout dans les organisations extérieures. À l'étranger, il peut travailler en tant qu'interprète de conférences dans les agences de l'Onu (OMS, Fao...), soit dans les secteurs privés européens (ONG, syndicats, entreprises privées...) ou dans les institutions de l'État (accompagnement de délégations, rencontres officielles, sommets...) ou encore à la télévision.
Au Liban, il peut travailler en tant qu'interprète de liaison (c'est-à-dire assurer l'interprétation entre deux ou plusieurs personnes) dans des ambassades ou des organisations internationales : Croix-Rouge, Finul, Unrwa, auprès des délégations ou des personnalités étrangères, ou dans des congrès médicaux ou juridiques.
« Pour ce qui concerne les salaires des interprètes, ils dépendent des marchés et des pays. Ils sont généralement payés à la journée, 300 dollars pour une journée de travail au Liban par exemple. » Comment se lance-t-on dans le marché du travail ? « Grâce aux contacts et aux connaissances des professeurs qui présenteront les étudiants auprès des grandes institutions internationales. D'où l'importance d'accéder à une bonne université », poursuit l'interprète.

 

On commence interprète et on finit interprète !
Malgré les difficultés que présente ce métier (incertitude, instabilité financière, horaires imprévisibles, voyages fréquents qui finissent par avoir un impact sur la vie sociale et privée), cette profession offre « une ouverture sur le monde entier et l'impression de vivre l'histoire en continu. Des sentiments qui valent la peine de s'accrocher et de se lancer ! Malheureusement, il n'y a pas d'avancement dans ce métier. Il existe quelques postes de chefs interprètes, mais on ne peut pas devenir cadre supérieur. On commence interprète et on finit interprète ! » tient à souligner Jihane Sfeir.

 

Traducteur : un champ de travail très vaste

Tout comme les interprètes, les traducteurs doivent comprendre à la perfection au moins deux ou trois langues, posséder une vaste culture générale en se documentant sans arrêt pour acquérir les connaissances voulues et surtout pouvoir lire dans ces trois langues pour capter le sens et la pensée de l'auteur. Mais contrairement aux interprètes, ils doivent avoir « de vraies compétences rédactionnelles pour reproduire le plus fidèlement possible toutes les nuances du texte », affirme Tina Chamoun, traductrice indépendante.

 

Comment réussir une bonne traduction ?
« Il faut commencer par bien lire le document en s'imprégnant du sujet (car souvent c'est au milieu du document que l'on comprend mieux le texte), éviter le mot à mot et faire en sorte que les tournures de phrases soient naturelles et coulent de source, pour que le lecteur ne devine pas que c'est un texte traduit (surtout si c'est un roman ou un texte littéraire). Il faudra, par la suite, faire une première correction en comparant avec le texte initial, prendre 24 heures de recul et relire le texte dans la langue d'arrivée (vers laquelle on a traduit). » Dans le cas de domaines plus spécialisés (médecine, droit, électronique, multimédia, télécommunications...), le traducteur doit bien maîtriser le sujet, savoir où et comment se documenter en se référant à un dictionnaire spécifique (attention à la traduction en ligne sur ordinateur) et surtout se documenter et lire énormément pour bien maîtriser le sens des termes techniques et élargir son vocabulaire. « L'essentiel surtout est de bien s'organiser, de respecter les délais de travail et surtout de s'adapter aux idées du client sans imposer son point de vue et sa propre analyse », conseille la traductrice.

 

Dans quel domaine le traducteur peut-il exercer ?
Le champ de travail d'un traducteur est très vaste. Il peut être soit salarié et travailler dans de grandes multinationales, dans les ministères, dans des organismes publics, des cabinets d'avocat ou des entreprises de traduction... Soit travailler à son propre compte, en tant que traducteur littéraire dans des maisons d'édition, en traduisant des romans destinés à être publiés, mais également des guides pratiques, des livres de cuisine... Ou encore se lancer dans le domaine de la presse pour traduire des articles étrangers, des interviews, des dépêches. Il y a également le sous-titrage et le doublage de films pour le cinéma ou la télévision. Le traducteur peut jouer aussi le rôle d'interprète au cours d'une audience ou d'une instruction, comme il peut se lancer dans l'enseignement grâce à son diplôme et sa connaissance des langues.
Quant aux salaires des traducteurs, ils sont généralement rémunérés par page de 250 mots. « Au Liban, toutefois, il n'y a pas de tarification spécifique, mais une fourchette de prix. Et parce qu'il est difficile d'en vivre, la plupart pratiquent la traduction en complément de leur activité principale. Un avantage non négligeable pour cette profession », précise Tina Chamoun.

 

 

« Que ce soit l'interprétation simultanée en cabine (lors des grandes conférences internationales) ou consécutive (dans le cadre d'une rencontre ou d'un dîner entre deux ou plusieurs personnes), chuchotée (assis généralement à côté de l'intervenant) ou encore en langue de signes (adressée aux malentendants), le cerveau de l'interprète subit une tension intellectuelle et un stress...

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