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Économie - Rétrospective 2015

Électricité : une année sombre malgré quelques éclaircies

L'actualité d'Électricité du Liban a encore été chargée en 2015. Pas par la modernisation du secteur ou la fin du rationnement, mais par une série d'événements qui ont rappelé leur nécessité.

Les Libanais n’ont toujours pas le courant 24 heures sur 24, malgré certains progrès enregistrés par EDL au courant de l’année. Photo PHB

Début décembre, le directeur du Centre libanais pour la conservation de l'énergie, Pierre Khoury, déclarait que le Liban pouvait espérer élever sa part d'énergie renouvelable à 12 % d'ici à 2020. Un objectif que le plan établi en 2010 par le ministre de l'Énergie et de l'Eau de l'époque, Gebran Bassil, pour moderniser les infrastructures électriques au Liban, avait initialement prévu d'atteindre en... 2014, tout comme le rétablissement de la distribution de courant 24 heures sur 24 ou le renforcement du réseau de transmission.
Électricité du Liban (EDL) n'aura pas réussi à combler ce retard en 2015. La part d'énergie renouvelable est encore loin du seuil visé malgré la mise en service au printemps d'un réseau de panneaux photovoltaïques installé sur le fleuve de Beyrouth et permettant de produire une puissance de 1 mégawatt (MW). La moyenne du rationnement au Liban serait pour sa part restée stable, selon les affirmations d'EDL, même si les Libanais ont encore dû endurer de nombreuses coupures prolongées, liées notamment aux avaries sur le réseau.

Pannes saisonnières
Le fournisseur d'électricité a ainsi dû faire face dès les premiers jours de 2015 aux affres récurrentes de la météo, qui, conjuguées à la vétusté de l'infrastructure et au surplus de demandes liées à la présence de réfugiés, ont entraîné leur lot habituel de pannes saisonnières. Si EDL a rapidement réussi à rétablir la distribution de courant suite aux perturbations provoquées par le passage de la tempête Zina début janvier, elle a eu plus de mal avec Yohan, qui a balayé le territoire libanais un mois plus tard. Cette dépression a notamment conduit le fournisseur à isoler temporairement le Fatmagül Sultan – l'un des deux navires-centrales loués par EDL à la société turque Karadeniz Powership pour fournir 270 mégawatts supplémentaires au Liban jusqu'au 30 septembre 2016 – et provoqué des avaries dans les centrales de Deir Ammar, de Zouk et de Jiyeh.
Fin juillet, une vague de chaleur estivale a ensuite provoqué de nouvelles perturbations majeures sur le réseau de distribution. Deux des trois turbines à gaz de la centrale électrique de Zahrani sont tombées en panne, plongeant la majorité des régions du pays dans l'obscurité. Quelques jours plus tard, cette chaleur a conduit EDL à isoler une partie du réseau de transmission Ksara-Deir Nbouh pendant quatre jours, alors qu'une avarie survenue sur le relais de transmission de Mansourieh faisait décoller les périodes de rationnement jusqu'à 12 heures d'affilée dans certaines régions. Les réparations seront achevées courant août.


(Pour mémoire : La fin programmée du mouvement des journaliers d'EDL)

 

Initiatives privées
Si la majorité des Libanais a dû subir ces aléas, les 53 000 abonnés d'Électricité de Zahlé (EDZ) ont profité d'une distribution de courant à plein-temps, suite à la mise en service par la concession d'une nouvelle unité de production d'électricité thermique de 50 MW en février. Bravant le monopole d'EDL institué dans les années 60, les générateurs d'EDZ assurent une production complémentaire à l'électricité d'EDL – toujours achetée à un tarif subventionné – pendant les heures de coupure. Cette commercialisation directe, à tarif unique, reste considérée comme illégale par EDL mais est légitimée par EDZ en raison de l'important rationnement que subit la région depuis de nombreuses années.
Et l'expérience a fait des émules. À Byblos, les actionnaires d'Électricité de Jbeil (EDJ) projettent la construction d'une centrale thermique de 66 MW en profitant cette fois du dispositif mis en place par la loi d'avril 2014 qui autorise le gouvernement à délivrer des permis de production d'électricité au secteur privé pendant deux ans (prolongés de deux autres années en novembre dernier). L'étude d'impact environnemental de la construction de cette centrale a été réalisée cet été, et le projet – géré par une société privée ad hoc Advanced Energy (BAE) – attend d'être examiné par le Conseil des ministres. L'ancien Premier ministre Nagib Mikati a lancé une initiative similaire à Tripoli, en créant, en septembre, la société spécialisée dans la production d'électricité Nour el-Fayha.

 

(Pour mémoire : L'électricité coupée aux politiciens libanais mauvais payeurs)

 

Régularisation
En marge de ces problématiques liées à la production, EDL a également dû régulariser sa situation financière vis-à-vis de National Electricity Utility Company (NEU), Bus et KVA, trois prestataires de services mandatés en 2012 pour gérer la distribution d'électricité. L'interruption de la collecte des factures auprès des usagers, consécutive aux mouvements sociaux des journaliers d'EDL en 2014, avait en effet enrayé le circuit de financement mis en place entre le fournisseur et ces trois sociétés, provoquant des arriérés de paiement qui ont dépassé les 50 millions de dollars par prestataire. « La situation a été régularisée depuis le mois de septembre », confirme à L'Orient-Le Jour le directeur de BUS, Fadi Abou Jaoudé. Le contrat qui lie EDL à ces trois sociétés arrivera à échéance en août 2016. « La perspective d'une nouvelle prolongation sera étudiée au courant de l'année », commente une source à EDL.
Quant au financement public du très important déficit de l'opérateur – qui constitue le troisième poste de dépenses budgétaires après le service de la dette et les salaires –, il devrait grandement bénéficier de la baisse continue des prix du pétrole : selon le dernier rapport mensuel publié par le ministère des Finances, le Trésor a transféré 386,4 millions de dollars à EDL durant les quatre premiers mois de 2015, en baisse de 47 % par rapport à la même période en 2014.

 

Pour mémoire
Deux finalistes pour l'appel d'offres des centrales de Zahrani et de Deir Ammar

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Centrale de Jbeil : un premier pas vers la privatisation de l'électricité dans la région ?

Début décembre, le directeur du Centre libanais pour la conservation de l'énergie, Pierre Khoury, déclarait que le Liban pouvait espérer élever sa part d'énergie renouvelable à 12 % d'ici à 2020. Un objectif que le plan établi en 2010 par le ministre de l'Énergie et de l'Eau de l'époque, Gebran Bassil, pour moderniser les infrastructures électriques au Liban, avait initialement...

commentaires (3)

Plutôt une année borgne, parmi toutes celles dans le noir complet et carrément aveugles.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

19 h 55, le 09 janvier 2016

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Commentaires (3)

  • Plutôt une année borgne, parmi toutes celles dans le noir complet et carrément aveugles.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 55, le 09 janvier 2016

  • COMME LES POISSONS QUI VOGUENT SANS YEUX DANS LES PROFONDEURS NOIRES DES GROTTES SOUTERRAINES... LES LIBANAIS... A FORCE DE NOIRCEUR... VONT PERDRE LEUR VUE... S.O.S. S.O.S. S.O.S.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 55, le 09 janvier 2016

  • Tout ceci est "tres bien dit". J'admire l'approche diplomatique du sujet dont a fait preuve l'auteur de cet article, Philippe Hajj Boutros.Pour ma part, je n'aurais pas ete par quatre chemins et j'aurais carrement ajoute que "rien de serieux ne pourrait etre accompli dans ce domaine tant que l Electricite du Liban n'aura pas recouvre son independance interne et externe et qu'un systeme de "comptabilite de direction" n'aura pas ete strictement mis en application dans cette "caverne d'Ali Baba"qu'est l'EDL, a present.

    George Sabat

    08 h 43, le 09 janvier 2016

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