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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Ne croyez surtout pas que ces fanatiques représentent la majorité pacifique de l’Iran ! »

Téhéran rebaptise la rue de l'ambassade saoudienne « rue du Martyr ayatollah Nimr Baqer el-Nimr ».

À Téhéran, face aux forces de l’ordre, des manifestants tenant la plaque sur laquelle est inscrit le nouveau nom de la rue où se trouve l’ambassade saoudienne. Atta Kenare/AFP

C'est un véritable cordon sécuritaire qui séparait les manifestants des forces spéciales de sécurité devant l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran ce dimanche. L'imposante bâtisse blanche située dans un quartier huppé du nord de la capitale iranienne expose à la lumière du jour les stigmates de sa nuit enflammée. L'ambassade a été littéralement prise d'assaut samedi soir par des centaines de personnes, les fenêtres ont cédé sous la pression des cocktails Molotov et les bureaux du personnel diplomatique n'ont pas été épargnés par la brutalité des manifestants.
De Téhéran à Machad – ville du Nord-Est où se situe le consulat saoudien –, des milliers d'Iraniens s'indignent de l'exécution, samedi en Arabie saoudite, du cheikh Nimr Baqer al-Nimr, figure de proue de la minorité chiite saoudienne et bête noire de la famille sunnite régnante. Officiellement mis à mort pour ses liens avec le « terrorisme », Nimr fait partie des quarante-sept personnes exécutées en masse par le royaume wahhabite.

 

(Repère : L'Arabie saoudite, un pays qui exécute de plus en plus)

 

Mais au-delà des tensions confessionnelles, la scène régionale est le théâtre d'une inlassable guerre d'influence que se livrent Iraniens et Saoudiens. Puissance régionale chiite, l'Iran a immédiatement réagi. Sur son site Internet, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a comparé ces exécutions de masse à celles perpétrées par l'organisation État islamique (EI). Bien connu de l'establishment religieux iranien, le cheikh Nimr a séjourné en Iran pendant plus de dix ans pour y étudier la théologie. En 2011, pendant les révolutions populaires arabes, il fomente un mouvement de protestation depuis son fief d'Awamiyah, situé dans l'est de la péninsule. Véhément critique à l'égard de la dynastie régnante, il est condamné à mort en 2014. À Téhéran, le haut dignitaire qui officie à la prière du vendredi, l'ayatollah Ahmad Khatami, a été très clair : « Le monde islamique va exprimer son indignation et dénoncer ce régime infâme autant que possible. » Avant d'ajouter : « Je ne doute pas que ce sang pur tachera la maison des al-Saoud et qu'ils seront balayés des pages de l'histoire. » De son côté, le président Hassan Rohani a fermement condamné la violence des manifestations et appelé les autorités judiciaires à punir les auteurs de ces « actions illégales ».

(Lire aussi : Nasrallah : Le sang du cheikh Nimr poursuivra les Saoud dans ce monde et dans l'au-delà)

 

« Feu vert » US
« Les déclarations du président montrent qu'il est conscient des dégâts que provoquent ces actes violents sur l'image de l'Iran à l'étranger », observe un analyste politique qui a souhaité garder l'anonymat. « Ces actions sont instrumentalisées par les adversaires du président, ceux qui profitent d'une image ternie de l'Iran et qui ne veulent surtout pas changer de politique à l'égard du monde », poursuit-il.
Tandis que la presse locale a largement rendu hommage au « martyr » Nimr, le quotidien ultraconservateur Kayhan estime que sa mise à mort n'aurait pas été possible sans « le feu vert des États-Unis ».

Mais si le sort infligé au cheikh Nimr est unanimement condamné en Iran, les débordements de samedi laissent un goût amer à certains. « Nous ne sommes pas un peuple violent », affirme une habitante du quartier où se trouve l'ambassade saoudienne. Témoin des manifestations, Saba se dit fâchée de ceux qui ternissent « encore plus » l'image que son pays envoie au reste du monde. « Ne croyez surtout pas que ces fanatiques qui ont mis le feu à l'ambassade représentent la majorité pacifique de l'Iran ! » assure-t-elle.
Lors d'une conférence de presse à Téhéran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, a appelé à « éviter tout rassemblement devant les bâtiments diplomatiques saoudiens en Iran ». Il a également rappelé que la priorité était « le maintien de l'ordre public et de la sécurité des sites diplomatiques ». En fin de journée hier, la police iranienne avait ainsi procédé à une quarantaine d'interpellations.
Parallèlement, et comme pour marquer les esprits, le maire de Téhéran a officialisé le changement de nom de la rue de l'ambassade saoudienne. La nouvelle plaque est en place : rue du Martyr ayatollah Nimr Baqer el-Nimr.

 

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C'est un véritable cordon sécuritaire qui séparait les manifestants des forces spéciales de sécurité devant l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran ce dimanche. L'imposante bâtisse blanche située dans un quartier huppé du nord de la capitale iranienne expose à la lumière du jour les stigmates de sa nuit enflammée. L'ambassade a été littéralement prise d'assaut samedi soir par...

commentaires (2)

Le fait de dire des conneries du genre guerres chiite sunnite a pour fâcheuse conséquences de pousser des abrutis à le répéter sans comprendre l'histoire contemporaine de notre époque. C'est ceux là les 1ères victimes de cet manque de jugement. Manque d'indépendance d'esprit en fait.

FRIK-A-FRAK

10 h 53, le 04 janvier 2016

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Commentaires (2)

  • Le fait de dire des conneries du genre guerres chiite sunnite a pour fâcheuse conséquences de pousser des abrutis à le répéter sans comprendre l'histoire contemporaine de notre époque. C'est ceux là les 1ères victimes de cet manque de jugement. Manque d'indépendance d'esprit en fait.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 53, le 04 janvier 2016

  • LA NOTION DE NATIONALITE A DISPARU AU MOYEN ORIENT. L,APPARTENANCE FANATICO-ARCHAIQUE RELIGIEUSE DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE L,A SUBSTITUE. LA GANGRENE S,ETEND ET INFECTE ALENTOURS... AND BEYOND... LE MONDE PLONGE DANS L,HYSTERIE ET LES BARBARIES... LE SPECTRE DE L,APOCALYPSE APPROCHE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 36, le 04 janvier 2016

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