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Culture - Parution

Pourquoi observer l’Occident au prisme de l’Orient chrétien ?

« L'Occident au miroir de l'Orient, chrétiens de Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle) », par Camille Rouxpetel.

Princesse, reine ou reine mère nubienne sous la protection de la Vierge à l’enfant, XIIe siècle. Photo Robin Seignobos

En cette saison des cadeaux, pourquoi ne pas s'offrir l'un de ces livres érudits dont l'une des fonctions est de nous donner mauvaise conscience, tant que nous ne l'avons pas lu. L'Occident au miroir de l'Orient, chrétiens de Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle)*, par Camille Rouxpetel, en fait, apparemment, partie. Pourtant, voilà un ouvrage qui élève la pensée si haut et si justement qu'elle en devient claire, transformant un livre d'histoire en un livre de voyage, en un livre d'actualité.
Pourquoi observer l'Occident au prisme de l'Orient chrétien ? Pour mieux comprendre la grande rencontre entre deux chrétientés. Les Latins – croisés, pèlerins ou missionnaires – partant pour la Cilicie, la Syrie, la Palestine et l'Égypte du XIIe siècle jusqu'à l'orée du XVe siècle, découvrent des hommes à la fois semblables parce que chrétiens et dissemblables parce qu'orientaux. Voilà le point de départ. Ces pèlerins, ces chevaliers, ces missionnaires font alors l'expérience d'une altérité rendue particulière par la grande proximité avec laquelle elle se conjugue. Les différents discours sur l'altérité, construits à la confluence de la culture savante, d'un système de représentations occidentales et de l'expérience née de la rencontre affectent en retour leur propre définition de la « christianitas ».
Les attitudes des acteurs varient selon leur statut et selon les trajectoires propres à chacun. Aux prémisses de la rencontre et à l'autorité de la chose lue, succèdent bientôt la découverte de visu et in situ à l'autorité de la chose vue et, souvent, entendue. Comment les Latins perçoivent-ils leurs coreligionnaires et ces perceptions parviennent-elles à bouleverser les a priori du départ ?
Au tournant des XIIIe et XIVe siècles, c'est d'abord chez les pèlerins, pourtant partis à la recherche des traces tangibles de leur croyance spirituelle, que l'on trouve la plus grande propension à faire primer l'expérience sur les autorités traditionnelles. Certes, ils reprennent et dupliquent à l'envi les critères permettant de caractériser et, ce faisant, de rendre familiers leurs étranges coreligionnaires, contribuant à définir des stéréotypes nationaux, sans doute attendus par les lecteurs et délimitant le cadre de l'appréhension de la nouveauté.
Néanmoins, les Latins ont aussi des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un esprit critique dont ils ne se privent pas d'user pour confronter représentations et observations.
De la gangue de cette pensée classificatoire s'échappent alors des réactions plus spontanées à l'insolite né de la rencontre, du simple étonnement à une remise en cause du romano-centrisme (exemple extrême du décentrement du regard induit par le voyage).
L'auteure, Camille Rouxpetel, est docteure en études médiévales de l'Université Paris IV – La Sorbonne, chercheuse associée au Centre Roland Mousnier et membre de l'École française de Rome où elle mène un projet de recherche sur les réformes ecclésiales et monastiques durant le Grand Schisme d'Occident. Jacques Verger est l'un des plus grands médiévistes français vivants.
Pour commander l'ouvrage, se rendre sur le site des publications de l'École française de Rome : www.publications.efrome.it

(*) « L'Occident au miroir de l'Orient, chrétiens de Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle) », par Camille Rouxpetel, préfacé par Jacques Verger : 596 pages, deux planches hors texte et cinq cartes, 40,00. ISBN : 978-2-7283-1121-7.

En cette saison des cadeaux, pourquoi ne pas s'offrir l'un de ces livres érudits dont l'une des fonctions est de nous donner mauvaise conscience, tant que nous ne l'avons pas lu. L'Occident au miroir de l'Orient, chrétiens de Cilicie, Syrie, Palestine et Égypte (XIIe-XIVe siècle)*, par Camille Rouxpetel, en fait, apparemment, partie. Pourtant, voilà un ouvrage qui élève la pensée si haut...

commentaires (2)

On diagnostique 1 profond malaise : la contradiction entre 1 élan progressiste Occidental, et l'espoir d'1 sécurité qui résulterait d'1 solidarité conServatrice intra-conFessionnelle spontanée Orientale. Est-il audacieux de penser que cet écartèlement est encore décelable, alors que l'éloignement de ces Orientaux entre eux ne s'arrête pas, eux qui se sentent de + en + eux-mêmes, même s’ils ne se séparent encore pas ! Toujours est-il que dans ces territoires "apaches", on y décèle des corbeilles pleines d'a priori, de choses vues, entendues et de postulats. Il faut dire que chez ces traditionnelz-et laborieux-z-Orientaux ; bloc comPact en apparence inaltérable, posé sur les confins d'1 conServatisme effervescent et verbeux et d’1 Occident d'1 étonnante modernité et toujours en avance d'1 mutation ; on y décèle dans leurs moult jointures profondes les traces toujours présentes d’1 ciment conFessionnel étalé à larges coups de truelle. Alors que sous ce lourd couvercle sectaire sourd comme des frémissements, que bon nombre d’Orientaux de 20 ans sont soucieux de se désengluer ; et qu'on voit de + en + s'exprimer leurs impertinents dont l'alacrité tranche sur ce conFormisme Malsain ambiant. Mais, que les progressistes Orientaux se donnent bon sang la main, pour fissurer enfin ce satané Oriental bloc fanatique et sectaire ! Cependant que de vieux conFessionnels d’ici, "purz"-et noircis, s'affirment encore sans complexes auprès de ce fanatisme et de son "plaisir" aigri !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 48, le 29 décembre 2015

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Commentaires (2)

  • On diagnostique 1 profond malaise : la contradiction entre 1 élan progressiste Occidental, et l'espoir d'1 sécurité qui résulterait d'1 solidarité conServatrice intra-conFessionnelle spontanée Orientale. Est-il audacieux de penser que cet écartèlement est encore décelable, alors que l'éloignement de ces Orientaux entre eux ne s'arrête pas, eux qui se sentent de + en + eux-mêmes, même s’ils ne se séparent encore pas ! Toujours est-il que dans ces territoires "apaches", on y décèle des corbeilles pleines d'a priori, de choses vues, entendues et de postulats. Il faut dire que chez ces traditionnelz-et laborieux-z-Orientaux ; bloc comPact en apparence inaltérable, posé sur les confins d'1 conServatisme effervescent et verbeux et d’1 Occident d'1 étonnante modernité et toujours en avance d'1 mutation ; on y décèle dans leurs moult jointures profondes les traces toujours présentes d’1 ciment conFessionnel étalé à larges coups de truelle. Alors que sous ce lourd couvercle sectaire sourd comme des frémissements, que bon nombre d’Orientaux de 20 ans sont soucieux de se désengluer ; et qu'on voit de + en + s'exprimer leurs impertinents dont l'alacrité tranche sur ce conFormisme Malsain ambiant. Mais, que les progressistes Orientaux se donnent bon sang la main, pour fissurer enfin ce satané Oriental bloc fanatique et sectaire ! Cependant que de vieux conFessionnels d’ici, "purz"-et noircis, s'affirment encore sans complexes auprès de ce fanatisme et de son "plaisir" aigri !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 48, le 29 décembre 2015

  • Merci beaucoup pour ce très bel article qui donne effectivement envie d'acquérir cet ouvrage qui apportera sans aucun doute à la compilation d'Amin Maalouf, "Les croisades vues par les Arabes", l'appoint précieux de l'érudition. Clotilde de Fouchécour

    Koïnè

    14 h 54, le 28 décembre 2015

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