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Moyen Orient et Monde - Changement climatique

À la COP21, les ministres ont encore du pain sur la planche

Le 21e sommet du changement climatique de l'Onu, qui se tient actuellement au Bourget à Paris, entre aujourd'hui dans sa deuxième semaine, étape décisive à l'issue de laquelle sera conclu – ou non – un accord entre plus de 190 pays pour des réductions significatives des émissions de gaz à effet de serre. Un accord qui devra entrer en vigueur en 2020 et dont la forme (texte contraignant ou non, accord ou protocole...) n'a toujours pas été définie, selon plusieurs sources interrogées.

Un texte préliminaire a été finalisé par les négociateurs délégués par les pays la semaine dernière et remis à la présidence de la COP pour servir de base aux discussions des ministres, qui se poursuivront jusqu'au 11 décembre (à moins d'une prolongation). Cela en soi est une réalisation par rapport à d'autres sommets, et pourrait augurer de la conclusion d'un accord, selon un négociateur. Dans une déclaration, le chef des politiques climatiques internationales de Greenpeace, Martin Kaiser, remarque que « si les ministres doivent toujours trancher de graves questions la semaine prochaine (cette semaine), il faut tout de même noter que nous sommes dans une bien meilleure situation que celle qui prévalait au même point il y a six ans, à Copenhague ».

Naji Kodeih, président honorifique de l'association libanaise IndyAct, qui a suivi de près les négociations, note que des plus de 200 pages que constituait ce texte au temps du sommet de Copenhague (2009), il n'en compte plus qu'une cinquantaine aujourd'hui, ce qui est en soi plus facile. « Mais il faut être conscient du fait que rien n'a été tranché cette semaine, les négociateurs ont tout juste réussi à limiter les options pour la résolution des points litigieux, en vue d'un compromis, explique-t-il. Les positions des pays dans les groupes de discussion sur les finances n'ont pas bougé d'un pouce et nous n'avons pas encore vu d'engagements forts et chiffrés de la part de pays industrialisés. »

Or la question du financement est cruciale à ce stade : il faut décider comment le futur accord, quelle que soit sa forme, sera monnayé à partir de 2020 (le chiffre de 100 milliards de dollars par an avait été décidé à Copenhague, mais on est loin du compte). CAN International (« Climate Action Network », un réseau mondial de dizaines d'ONG qui suit de près les négociations) a identifié la question du financement comme l'un des obstacles principaux sur lequel butent les négociations.

Ce qui ramène inévitablement à la question de la répartition des responsabilités : qui va payer quoi ? Les pays développés, qui ont une responsabilité historique dans l'accumulation des gaz à effet de serre depuis le début de l'ère industrielle, vont-ils être les principaux payeurs ?
Faut-il prévoir un rôle plus important pour les économies émergentes, aujourd'hui de grands pollueurs ? Les divergences persistent entre les deux groupes.

À ce propos, Alex Doukas, de l'ONG « Oil Change International », dans des propos cités dans un communiqué de CAN, souligne que « les pays du G20 dépensent 452 milliards de dollars chaque année sur les énergies fossiles, et seulement 121 milliards sur les énergies renouvelables ». Il ajoute : « Si les subventions aux producteurs de fuel étaient transférées au règlement de la crise climatique, on pourrait assurer le financement de celle-ci. »
Autre obstacle : la question du « loss and damage », en d'autres termes les compensations en cas de pertes graves dues à des circonstances climatiques (par exemple la disparition d'îles en raison de l'élévation du niveau de la mer), un thème cher au groupe dit « des pays les plus vulnérables », et qui reste « tabou » pour les grandes puissances, notamment les États-Unis, comme le note Martin Kaiser.

Un blocage arabe ?

Deux points sont soulevés avec force au cours de la COP21 par la société civile et certains délégués de pays, notamment ceux du groupe des « plus vulnérables » : l'objectif de limitation du réchauffement global de la Terre à 1,5 degré au lieu de 2, une hausse des températures considérée par eux comme déjà assez dangereuse, et la décarbonisation de l'économie, soit l'adoption d'un processus qui mènerait vers le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables.

Par rapport à ces questions comme à d'autres, de nombreux observateurs notent un blocage systématique des pays arabes, avec à leur tête l'Arabie saoudite. Ce pays a déjà reçu à plus d'une reprise, au cours de cette COP, le « Fossile du jour », ce « prix » décerné quotidiennement par les ONG aux pays les plus réfractaires au processus de négociations.

« L'Arabie saoudite, et dans son sillage les autres pays arabes, freinent absolument tout, déplore Naji Kodeih. Que ce soit la discussion autour de l'objectif de 1,5 degré, le processus vers la décarbonisation, le financement, les différents compromis proposés... ». Rappelons que tout accord sur le changement climatique doit être adopté à l'unanimité des pays.
Cependant, selon des milieux proches des négociateurs arabes, le blocage n'est pas arabe et l'objectif de 1,5 degré est « irréalisable et non soutenu par des recherches du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Onu) ». Affaire à suivre...


Tribune

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