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Liban - La situation

Candidature Frangié : chances, risques et obstacles

La situation politique et sécuritaire a été passée en revue hier par le Premier ministre avec le ministre de la Défense, Samir Mokbel. Un Conseil des ministres consacré aux déchets se prépare. Photo Dalati et Nohra

C'est encore officieux, avait dit Sleimane Frangié de sa candidature à la présidence de la République. Quelles sont les chances et quels sont les risques pour que cela devienne officiel ? Le Liban basculera-t-il dans le camp syro-iranien ?

En tout état de cause, endossée par Saad Hariri après une rencontre à Paris dont on n'ose encore – assez ridiculement – confirmer la tenue, la candidature a besoin à ce stade d'une opération de déminage pour pouvoir avancer. Indépendamment de son sens politique, en lien avec une situation régionale devenue volatile, quels sont les écueils que cette candidature doit encore franchir pour devenir crédible ?
Il y a d'abord l'écueil personnel que pourrait y mettre Michel Aoun, s'il persistait à avancer sa propre candidature. Et celle que pourrait lui opposer Samir Geagea, l'allié du courant du Futur, pris de court (et piqué au vif) par une proposition au sujet de laquelle il n'a pas été consulté.

Pour le vicaire patriarcal Samir Mazloum, les écueils venant du camp chrétien ne sont pas insurmontables. Proche de Sleimane Frangié, le prélat semble penser qu'il n'y aura pas de veto, en particulier de la part des FL, et que le pragmatisme finira par l'emporter, notamment chez Samir Geagea, à condition que les « assurances » nécessaires soient fournies. Mais il faudra attendre des déclarations explicites des camps en question, avant de se prononcer sur leurs attitudes finales, qui peut encore fluctuer.

En effet, des observateurs notent à bon escient que pour devenir officielle, la candidature de Sleimane Frangié doit encore être... officiellement soumise aux deux ténors chrétiens, comme elle l'a été hier par Waël Bou Faour à Samy Gemayel, à Bickfaya. Ce qui n'a pas encore été fait, si l'on excepte une rencontre à un niveau encore subalterne entre l'un des conseillers de Nabih Berry, le ministre de l'Intérieur et Melhem Riachi, délégué par Samir Geagea, et une autre entre Gebran Bassil et l'un des conseillers de Hassan Nasrallah. Les heures qui viennent diront si ces contacts ont joué le rôle de préliminaires.

(Lire aussi : Candidature Frangié : Nasrallah appelé à retirer la candidature de Aoun)

 

Le « package deal »
En attendant, et comme dit le proverbe, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Tout le monde en a conscience, à commencer par Walid Joumblatt. C'est si vrai que, par circonspection, ce dernier, assurent des sources informées, a annulé hier une réunion de son bloc parlementaire au cours de laquelle il comptait annoncer le retrait de la candidature d'Henri Hélou à la présidence.
Des objections pourraient aussi venir du courant du Futur lui-même, estiment certains. Des rumeurs ont circulé hier au sujet d'une interdiction d'antenne dont seraient frappés deux ultras de ce courant, Achraf Rifi (ministre de la Justice) et Ahmad Fatfat. Ce dernier a formellement démenti cette rumeur. Il reste que, selon les milieux concernés, il y aurait une « consigne de cohérence » dans les déclarations de toutes les figures de proue du courant du Futur, venue de Saad Hariri lui-même.

Dans ces mêmes milieux, on ajoute que le monarque saoudien aurait été consulté au sujet de la proposition de candidature de Sleimane Frangié, et qu'elle a reçu son « feu vert ».
En fait, les écueils personnels ne pèsent pas lourd par rapport aux écueils structurels que la proposition peut rencontrer. On sait en effet que, dans l'esprit de compromis politique prôné par le Hezbollah, allié du général Michel Aoun, c'est un package deal qu'il faut mettre au point, et non une élection orpheline. L'accord sur la candidature de Sleimane Frangié doit donc s'accompagner d'un accord sur la personne du Premier ministre (nul ne conteste celle de Saad Hariri), comme au sujet d'une loi électorale, sachant que l'inamovible Nabih Berry devrait se succéder à lui-même à la tête du Parlement.

De l'avis des spécialistes, c'est le problème de la loi électorale qui donnera le plus de fil à retordre aux parrains du package deal en cours de négociation. Pourra-t-on mettre au point une loi électorale représentative et équitable, dans un pays où la marge d'incertitude sur l'issue des élections est si minime qu'elle en devient l'objet de négociations acharnées ? Selon les experts en question, le courant du Futur ne pourrait s'engager dans le compromis en cours, qu'après s'être assuré qu'il conservera la majorité parlementaire dont il jouit en ce moment. On sait en revanche que Nabih Berry cherche à imploser une loi électorale basée sur la proportionnelle qui permettra l'émergence d'indépendants sunnites, ce qui risque de faire perdre au courant du Futur sa majorité. D'où l'idée nourrie par ces experts que le package deal devrait prévoir une loi électorale favorable au Futur avec des députés élus à la majorité et d'autres élus à la proportionnelle.

La lutte antiterroriste
Au sujet de la future loi électorale, il faudra suivre les résultats de la réunion que tient, lundi prochain, la commission parlementaire spéciale chargée de l'examiner. Prudent, le bloc du Hezbollah, qui s'est réuni hier, a insisté dans son communiqué final sur le « package deal », sans faire la moindre allusion à la rencontre de Paris.
Bien entendu, les choses bougeront encore plus avec le retour attendu du Mexique du patriarche Raï, qui y a présidé la 4e réunion des évêques de la diaspora. Il faudra s'attendre à un fort mouvement de visiteurs au siège patriarcal dès que le chef de l'Église maronite sera rentré, ce qui ne saurait tarder.

Si l'on est si impatient de voir élu le prochain président de la République, c'est aussi parce que, sur d'autres plans aussi, la situation interne vacille. C'est ainsi que, sur le plan de la sécurité, même avec la liquidation, dans une embuscade, de l'un des agents du groupe État islamique qui avait assuré le transport des kamikazes de Bourj el-Brajneh, la situation régionale devient un peu plus volatile avec l'animosité grandissante qui se développe entre la Turquie et la Russie, sans compter le processus d'internationalisation de la terreur. Or, si la lutte antiterroriste marque des points, elle est loin d'être encore gagnée, et les livraisons d'armes au Liban sont toujours en deçà de ce que l'armée désire. Ce qui a fait dire hier au général Jean Kahwagi que le Liban n'a encore rien reçu du don saoudien, sinon une cinquantaine de missiles antichar performants. Ce don saoudien serait-il inconditionnel, ou l'Arabie saoudite inclurait-elle ces armes dans le package deal en préparation ?

 

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commentaires (13)

Et parmi le million de maronites Libanais on n'a rien trouve de mieux ...? Pathetiques !

Remy Martin

16 h 41, le 27 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Et parmi le million de maronites Libanais on n'a rien trouve de mieux ...? Pathetiques !

    Remy Martin

    16 h 41, le 27 novembre 2015

  • Les chances , je ne saurai , les risques non plus , mais les obstacles ça je sais ! Comment pourrait on accepter de dire à un orphelin de père et de mère et de sœur , ne parlons pas de la domestique, qu'on a assassiné froidement , vous êtes mon Président , Monsieur le président de tous les libanais ?? Et cette façon light de l'écrire , ça passe pour les modérateurs ? croisons les doigts !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 26, le 27 novembre 2015

  • "Candidature Frangié : chances, risques et obstacles." ! Chance ? Poisse, oui ! Risques ? Énormes et catastrophiques, oui ! Obstacle ? Sa propre "personne" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 20, le 27 novembre 2015

  • Rien que des candidats pro-syrien, pro-iranien, pro-saoudien, n'y a-t-il plus un candidat 100% pro-libanais ? Il n'y a plus des Fouad Chéhab ou des Michel Sleiman ?

    Un Libanais

    11 h 57, le 27 novembre 2015

  • Et vous voulez nous faire croire que "les assurances nécessaires" seraient respectées, cette fois ? Libanais, vous avez decidément la mémoire bien courte... Et votre nature mercantile, au détriment de votre patrie, ne changera malheureusement jamais ! Pauvre Liban, toujours à nouveau vendu au plus offrant... Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 18, le 27 novembre 2015

  • Quel panier à crabes ! Le Liban est dans un état de destruction maximum Et les libanais acceptent de devenir les esclaves de l'Iran par Hezbollah interposé. Le fauteuil de N.Berry est usé depuis le temps qu'il se fait élire Il a été de toutes les combines et de toutes les confessions pour se maintenir à ce poste. La soupe est bonne Un responsable de son age serait depuis longtemps à la retraite ces nantis depuis la guerre de 1975/1990 ne savent pas ce que le mot retraite veut dire

    FAKHOURI

    11 h 02, le 27 novembre 2015

  • Si Mr Frangieh est élu cela signifie une nouvelle configuration des cartes régionales ...le alaouistan sera intégré au Liban avec Mr Frangine président du déchu bachar!!!

    CBG

    08 h 49, le 27 novembre 2015

  • DE CHARYBDE EN SCYLLA... ET DE SCYLLA EN CHARYBDE... LES DEUX ÉCUEILS MORTELS DANS UNE MER TOURMENTÉE QUE DEVRAIT FRANCHIR LE PAQUEBÔT LIBANAIS EN DÉTRESSE ET À TROIS QUARTS CHAVIRÉ... CAPITAINE OU MOUSSE AU PILOTAGE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 37, le 27 novembre 2015

  • Première question : Le Liban basculera t il dans le camp syro iranien ? Réponse : Il y est depuis l’avènement à la Présidence du sinistre Lahoud. Il s’y enfoncera encore plus avec le joyeux Soliman de Zghorta. Question :Aoun, persistera t il à avancer sa propre candidature. Réponse : pourquoi le ferait il, alors que son alter ego Soliman serait le PDG de la Ferme du Liban mise à la disposition de ses 2 gendres civil et militaire. . L’article dit :pour le VP Samir Mazloum il n'y aura pas de veto de la part des FL .Le Vicaire salomonique connaît trop bien le « pragmatisme » des FL qui va de nouveau mener leur chef Samir Geagea gavé « d’assurances » comme entre 1989/1994 dans les sous sols de Yarze. Quant au « package deal », il passera comme une lettre à la poste : Saad le Fils ayant reçu la sucette de la Présidence absolue du Conseil sera pris en tenaille entre un Président de la République 8 Mars. Et un Président du Parlement toujours 8 Mars. Il ne pourra jouir de cette sucette, et en dépit de la majorité formelle/fictive dont il disposera dans le Futur Parlement , que l’espace d’un deal. Avant que les dealers ne l’envoient rejoindre Rafic le Père. « L’histoire se répète » dit une sentence archi célèbre.Et un proverbe affirme : « celui qui essaie le déjà essayé, a un esprit dérangé ». Surtout s’il est sous l’influence de la myopie, de la lâcheté, de la stupidité politiques des Bani Saoud. Alzheimeriens, frileux et hemplegiques.

    Henrik Yowakim

    06 h 51, le 27 novembre 2015

  • LA SITUATION C'est la confusion totale. L'unique certitude est que la médicorité, logée à Paris, a enfanté un "package deal" plus médicore tu meurs !

    Halim Abou Chacra

    05 h 43, le 27 novembre 2015

  • "On sait en effet que l'accord sur la candidature de Sleimane Frangié doit donc s'accompagner d'un accord sur la personne du Premier ministre (nul ne conteste celle de Saad Hariri), comme au sujet d'une loi électorale, sachant que l'inamovible Nabih Berry devrait se succéder à lui-même à la tête du Parlement." ! C'est un poisson d'avril ! Non !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 11, le 27 novembre 2015

  • "Pour le vicaire patriarcal Samir Mazloum, proche de Sleimane Frangié, les écueils venant du camp chrétien ne sont pas insurmontables." ! Est-ce encore un nouvel avatar de l'äbâtî charbîl ässîss ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 06, le 27 novembre 2015

  • et pq pas Michel Mouawad ? dites l'OLJ pourquoi vous n'en piper mots? pourtant il a dit des choses vraiment vraiment très intéressent !!

    Bery tus

    02 h 40, le 27 novembre 2015

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