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Campus - Libre cours

Nadine Asmar, une belle promesse pour le cinéma libanais

« Le rêve est important, la réalisation effective aussi. J’espère que je pourrai réaliser mes projets et avoir toujours de nouvelles idées, car tant qu’on a des rêves, on est en vie... », estime Nadine Asmar. Photo Estéphan Khattar

Affolée, une adolescente se précipite à l'intérieur d'une église. L'endroit est désert et silencieux. Des cierges brûlent. Plan serré sur le visage troublé de l'écolière. Dans ses yeux anxieux, une profonde inquiétude voile l'insouciance propre aux jeunes de son âge. Le film de diplôme de Nadine Asmar plonge le spectateur, dès les premiers instants, dans l'ambiance gorgée d'angoisse de la guerre, dans un univers – ô combien proche de notre réalité actuelle – où des hommes « prisonniers de leurs préjugés et de leurs haines » sèment l'horreur.
« Mon court-métrage, intitulé L'aveugle de la cathédrale, est une adaptation libre du roman posthume éponyme du romancier libanais Farjallah Haïk, paru aux éditions Hatem en 1994 », précise la jeune fille qui vient de finir sa licence en cinéma et télévision à l'Institut des beaux-arts, section 2, de l'Université libanaise. Un ouvrage que l'étudiante découvre grâce à sa sœur Pascale Asmar qui cosignera avec elle le scénario du film et coproduira l'adaptation cinématographique. Inspiré de la guerre civile qui a déchiré le Liban, c'est un « roman prémonitoire », estime Nadine en faisant allusion à la recrudescence des violences confessionnelles dans différentes régions du globe.
Le court-métrage, d'une durée de dix-sept minutes, a nécessité cinq mois de travail dont quatre jours de tournage et un mois consacré au montage. Un travail assidu et de qualité qui n'a pas été exempt de difficultés. Des traverses que la jeune réalisatrice, qui soufflera dans quelques jours sa vingt et unième bougie, surmonte grâce au soutien et à l'appui indéfectible de sa famille. « Tous les membres de ma famille se sont mobilisés pour m'aider », raconte-t-elle, reconnaissante.
Le résultat final est remarquable. Parmi 2 000 films soumis, L'aveugle de la cathédrale figure sur la liste des dix films finalistes du Bluenose-Ability Film Festival, qui aura lieu au Canada au mois de décembre, dans la catégorie internationale des jeunes réalisateurs. Il est également sélectionné dans plusieurs festivals internationaux : au Voices Film Festival au Bahreïn, au Malmö Film Festival en Suède, au Sose International Film Festival en Arménie et au Chinese American Film Festival à Los Angeles, aux États-Unis. « Et il participera à la compétition du 21e Festival de Caminhos au Portugal », indique Nadine.

Transmettre un message, toucher le cœur et l'esprit du spectateur
La jeune fille qui, avant de s'inscrire à l'Institut des beaux-arts, a hésité entre l'audiovisuel et le journalisme confie que l'un de ses principaux objectifs, c'est d'atteindre le spectateur. Savoir que son film a « touché la personne qui l'a regardé, que celle-ci a pu s'y retrouver et y voir une réflexion de ses propres sentiments et pensées », compte beaucoup pour elle. « C'est une façon de mesurer l'importance du film chez l'audience. Et cela veut dire que mon film a rempli son objet principal », souligne-t-elle.
Au cours de sa formation en audiovisuel à l'UL, Nadine a réalisé deux autres courts-métrages. En deuxième année, le premier, intitulé Dans mon cocon, obtient une mention spéciale lors de la Journée cinématographique des étudiants de l'Institut national des beaux-arts, section 2. Son deuxième court-métrage universitaire, filmé en mandarin, est une adaptation de deux légendes de la mythologie chinoise.
Passionnée par le cinéma, Nadine se dit imprégnée par chaque film qu'elle regarde et « essaie d'en extraire la quintessence pour sa propre maturité et la maturité de son travail ». Parmi les films qui l'ont marquée, Nadine cite La Vita E Bella de Roberto Benigni. « Ce film qui repose sur un contexte de guerre, à savoir la Seconde Guerre mondiale, charrie un message d'une noblesse incroyable : un père prêt à tout pour le bien de sa famille, allant jusqu'au point de sacrifier sa propre vie pour son enfant. Le film, à la fois comique et dramatique, est l'un des films les plus touchants que j'aie vus », confie-t-elle.
Aujourd'hui, Nadine s'applique à perfectionner son expérience professionnelle à travers la réalisation de publicités et via la photographie. « Mon prochain projet sera bien sûr un court-métrage dont le sujet est en cours de réflexion. Je prévois aussi de continuer mes études supérieures en cinéma et réalisation. Et, surtout, j'aimerais travailler avec des réalisateurs internationaux pour atteindre une maturité pratique sur le plateau du tournage », dit-elle, avant d'ajouter : « Et ultérieurement, j'aimerais écrire et réaliser un long-métrage. »
La jeune réalisatrice avoue avoir beaucoup de rêves. « Le cinéma m'en donne plein ! » lance-t-elle, avant de conclure : « Le rêve est important, la réalisation effective aussi. J'espère que je pourrai réaliser ces projets et avoir toujours de nouvelles idées, car tant qu'on a des rêves, on est en vie et on est capable de progresser, de mûrir, de grandir et de changer le monde, modestement, grâce au cinéma et à l'art. »

Affolée, une adolescente se précipite à l'intérieur d'une église. L'endroit est désert et silencieux. Des cierges brûlent. Plan serré sur le visage troublé de l'écolière. Dans ses yeux anxieux, une profonde inquiétude voile l'insouciance propre aux jeunes de son âge. Le film de diplôme de Nadine Asmar plonge le spectateur, dès les premiers instants, dans l'ambiance gorgée...

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