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Liban - L’éclairage

Nouveau clash prévu aujourd’hui à la table de dialogue sur le thème : la « résistance » est-elle devenue caduque ?

Le dialogue reprend aujourd'hui, place de l'Étoile, sur les caractéristiques du président de la République, à l'heure où les prises de position hostiles au plan Chehayeb se multiplient et où la crise des déchets ouvre la voie à la montée en flèche d'un sectarisme mêlé de particularisme régional. Le mouvement de protestation se poursuit dans la rue, sans qu'aucune perspective de solution ne pointe à l'horizon. Tout le monde se contente de critiquer le gouvernement et les responsables, sans proposer de sortie de crise, en s'obstinant à rejeter tous les emplacements choisis pour la mise sur pied de nouvelles décharges.

Selon des sources du Grand Sérail, Tammam Salam, qui suit personnellement le dossier avec la commission ministérielle chargée du dossier, refuse de convoquer une séance du Conseil des ministres, arguant de la nécessité de la part de toutes les composantes politiques d'approuver au préalable le plan Chehayeb. Le dossier pourrait donc se retrouver une fois de plus aujourd'hui à la table de dialogue, en tête des priorités, pour qu'un accord soit une fois pour toutes obtenu sur les décharges et que le Premier ministre puisse convoquer aussitôt le Conseil des ministres.

Si tous les participants à la table de dialogue soutiennent le plan Chehayeb et les efforts de M. Salam, la même unanimité n'existe pas sur la question des caractéristiques présidentielles. Car il faut en effet, pour le Hezbollah, que la principale caractéristique du prochain président soit l'adhésion au projet de la « résistance ». Partant, la séance d'aujourd'hui pourrait s'avérer une fois de plus électrique, compte tenu des divergences radicales à ce niveau entre 14 et 8 Mars. Du côté du Hezbollah, l'on continue en effet à rejeter l'idée de la politique de distanciation, en arguant du fait que le Liban a encore des territoires à libérer de l'occupation israélienne et qu'il se trouve aujourd'hui dans la ligne de mire des jihadistes. Le parti chiite craint que le 14 Mars ne s'attache à la politique de dissociation pour mater la résistance et brider ses ardeurs, en retournant, pour ce faire, au leitmotiv du « monopole de la violence légitime » et de la « stratégie de défense ». Le Hezbollah évoque ainsi les tentatives du 14 Mars, durant les deux dernières années du mandat Sleiman, de circonscrire l'action du parti dans un cadre légal, par le biais de la table de dialogue et du projet de stratégie de défense proposé par Michel Sleiman lui-même.

Selon une source du 14 Mars qui prendra part au dialogue aujourd'hui, il ne faut pas s'attendre à ce que le dossier de « la résistance » passe comme une lettre à la poste. Les temps de l'équation armée-peuple-résistance sont révolus, en dépit des tentatives du 8 Mars de revitaliser ce slogan à travers le débat sur les caractéristiques présidentielles. La nouvelle équation est désormais claire, selon le 14 Mars. Il s'agit de « la politique de distanciation vs la résistance ». En d'autres termes, au veto du Hezbollah à la première s'opposera celui du 14 Mars à la seconde. D'autant, soulignent des sources du 14 Mars, qu'il est désormais illusoire de parler de résistance depuis que le Hezbollah s'est embourbé dans les combats en Syrie (ainsi qu'en Irak, au Yémen, en Égypte, au Bahreïn et ailleurs...) et que l'allégeance du parti à l'agenda iranien régional est désormais revendiqué et assumé sans complexes par ses responsables.

Sans compter, ajoutent ces sources, que l'armée libanaise est en train de prouver au fil des jours qu'elle est capable de protéger les frontières et de remplir ses fonctions, sans l'aide du Hezbollah, qui se transforme au contraire en boulet sur le plan de la sécurité pour le Liban en raison de son implication dans l'ensemble des guerres de la région. Pourquoi donc envisager encore une résistance en dehors du cadre de l'institution militaire, qui est le lieu même de la défense du territoire libanais... et du territoire libanais seulement, sans autres allégeances résiduelles ? De plus, la présence desdites « brigades de la résistance » a fait chuter la « résistance » de son piédestal immaculé de libératrice nationale au rang de milice sectaire des rues, du 7 Mai à Beyrouth aux événements de Saïda et de Tripoli, soulignent les sources du 14 Mars.

Du côté du 14 Mars, l'on s'attend à ce que la joute verbale soit particulièrement féroce, aujourd'hui, le Hezbollah voulant arracher une nouvelle reconnaissance de sa présence et de sa nécessité en tant que « résistance », pour préserver ses privilèges et continuer d'assurer une couverture légale à ses combattants de retour du front syrien à l'heure du début des solutions et des compromis. Il est en effet inconcevable pour le parti chiite que l'on puisse circonscrire sa marge de manœuvre ou le laisser se désintégrer au sein de la troupe.

Le Liban serait tenu à l'écart des compromis régionaux, estiment certaines sources bien informées, résultat d'une volonté internationale d'instaurer un statut de neutralité à la scène libanaise, loin des conflits régionaux et internationaux, et d'y préserver la stabilité. La priorité irait, avec le début du dialogue pour une solution en Syrie, à l'élection d'un nouveau président et à l'immunisation de la scène intérieure, afin que la carte présidentielle cesse d'être exploitée comme moyen de pression de la part de parties régionales. Selon un diplomate, les Libanais ont donc quelques mois pour profiter de l'occasion et élire un président.

En cas d'échec, le pays risque d'entrer dans l'inconnu et son sort d'être lié à celui de la région, avec toutes les répercussions éventuelles que cela suppose. Il existerait ainsi une volonté internationale de réaliser l'échéance présidentielle après la réunion de Vienne sur la Syrie. Les regards sont ainsi tournés maintenant sur la visite du président iranien Hassan Rohani au Vatican pour rencontrer le pape François, avant son départ pour Paris et son entretien avec François Hollande. Le dossier libanais serait en tête de liste de ces entretiens, notamment au Vatican, qui tient à combler la vacance présidentielle au Liban, seul pays dont « la tête » est chrétienne au Moyen-Orient. Et le nom du prochain président – dont le profil serait indépendant, modéré et agréé de tous – serait imposé par l'extérieur, après l'échec des composantes libanaises à s'entendre sur un nom.

En attendant les résultats des efforts internationaux déployés par le Vatican avec l'aide russe, française, iranienne, saoudienne et égyptienne, pour l'élection d'un nouveau chef d'État au plus vite, la table de dialogue reste donc l'espace de rencontre interlibanais, pour parer aux dangers qui pèsent désormais sur la stabilité politique, économique et sécuritaire du pays.

 

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commentaires (8)

Enfin la victoire divine sur Beyrouth le 7 mai 2008 , comme celle des israéliens en 1982, montre que le camp israelo-hezbollawite a fait un grand saut dans l'inconnu des projets désespérés et que désormais le Liban a deux ennemis : Israël et le Hezbollah (à travers l'Iran). La fausse victoire qui a détruit le liban en 2006 a été calculée par le tandem irano-hezbollawite comme le vrai départ d'une mise sous tutelle iranienne du Liban par l'Iran comme Gaza l'a été par le coup de force de l'équivalent palestinien du hezbollah. Il n'y a plus de concessions possibles à faire au Hezbollah. Leur Triptyque armée-peuple-résistance signifie : soumission-trahison-dictature au projet du Hezbollah. Cela suffit.

Saleh Issal

14 h 27, le 03 novembre 2015

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Commentaires (8)

  • Enfin la victoire divine sur Beyrouth le 7 mai 2008 , comme celle des israéliens en 1982, montre que le camp israelo-hezbollawite a fait un grand saut dans l'inconnu des projets désespérés et que désormais le Liban a deux ennemis : Israël et le Hezbollah (à travers l'Iran). La fausse victoire qui a détruit le liban en 2006 a été calculée par le tandem irano-hezbollawite comme le vrai départ d'une mise sous tutelle iranienne du Liban par l'Iran comme Gaza l'a été par le coup de force de l'équivalent palestinien du hezbollah. Il n'y a plus de concessions possibles à faire au Hezbollah. Leur Triptyque armée-peuple-résistance signifie : soumission-trahison-dictature au projet du Hezbollah. Cela suffit.

    Saleh Issal

    14 h 27, le 03 novembre 2015

  • Le Liban est entrain de se noyer dans un océan d'hypocrisie !!!! Bien sûr il faut combattre les pays qui oppressent leurs populations Mais alors le grand chef HN peut-il nous expliquer qu'en Syrie il applique la règle de la résistance qu'il nous vend au Liban ??? A ma connaissance, le Hezbollah n'a jamais combattu pour aider les palestiniens. Lorsque Israel a attaqué GAZA ou était le Hezbollah pour aider ces malheureux à résister ? En Syrie, à aider un criminel qui massacre son peuple !!!! Alors que veut dire "résistance" pour ce "Parti de Dieu"? Ce n'est pas Israel qui a attaqué le petit Hitler mais bien le peuple de Syrie Il n'a fait qu'obéir aux ayatollahs pour pour pouvoir obtenir des petrodollars et des armes.... Le slogan si souvent utilisé par le "parti de Dieu" n'est que de la publicité fallacieuse...

    FAKHOURI

    14 h 24, le 03 novembre 2015

  • La résistance est devenue caduque depuis les assassinats de 2005. Le Hezbollah a reconnu qu'il était derrière ces assassinats puisque leur chef a refusé que le TSL interroge les accusés à travers une conférence virtuelle : les accusés resteraient au Liban et le TSL les interroge par la voie d'Internet. Dire non à cette proposition signifie obligatoirement reconnaître leur culpabilité, donc celle d'un donneur d'ordres barbu portant un turban et chargé par les ayatollahs de nous ressasser les pures mensonges à chaque quinzaine. De même refuser de remettre le responsable du Hezbollah surpris dans l'ascenseur de Boutros Harb, signifie clairement que cet énergumène préparait l'assassinat de Harb. Pour Samer Hanna, refuser de remettre le vrai coupable signifie que les armes de la résistance ne servent plus qu'à projeter des assassinats et à les protéger.

    Saleh Issal

    14 h 14, le 03 novembre 2015

  • Que ce cher chef du soi-disant "parti de DIEU" commence par libérer ceux qui vivent dans son fief...dont beaucoup dans une misère noire...se demandant comment ils vont nourrir leur famille !!! Est-ce la "libération de Jerusalem" et autres pays qui remplira leurs assiettes, permettra à leurs enfants d'aller à l'école, et les fera vivre dans un logis décent ??? Toutes ces belles paroles concernant la "résistance" font partie de son fonds de commerce à l'intention de ceux qui ne pensent pas trop...malheureusement ! Nous, les autres, n'avons pas besoin de cet opium-là ! Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 45, le 03 novembre 2015

  • Si, selon l'affirmation du Nabääâ, ses "propres" fatwas simplettes entre toutes ; qui finalement vont de soi ; ont jusqu'ici occupé l'histoire de "ses chïïtes", cette indigence à laquelle il réduit les expériences antérieures de "sa populace" prouve d'abord sa "propre" indigence. D’1 autre point de vue, l'histoire aboutit au contraire à ce résultat que la fatwa la + compliquée qui soit, la quintessence de toute fatwa, c’est que "les gens" se comprennent finalement tous seuls. Or, selon lui, des fatwas qui paraissent si lumineuses à "sa populace" qu'elles se comprennent d'elles-mêmes ; au point que cette "masse" en juge la preuve superflue ; ne méritent pas que l'histoire en fournisse encore la preuve expresse car elles ne font point partie de la tâche que l'histoire s'emploie à solutionner. Animé d'un zèle sacré à l'égard, yîîîh, de "son peuple" chïïte, l’haSSine lui dit les flatteries les + délicates ; yâââï ! Si une simple fatwa est lumineuse parce qu'elle paraît lumineuse à cette "masse" et si l'histoire se comporte vis-à-vis de ses fatwas selon l'opinion de la "populace", c'est donc que le jugement de ce "peuple" en masse est infaillible et absolu ; il est la loi de l'histoire qui prouve only ce qui n'est pas lumineux pour cette "populace", et a en conséquence besoin d'être démontré. C'est donc, chez lui, le "peuple" en masse de tas de fakkihistes sous forme de "populace", qui prescrit à Nabääâ son occupation Per(s)cée "résistancielle" et sa sale bääSSyrienne "tâche".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 31, le 03 novembre 2015

  • RÉSISTANCE DE QUELLE ÉCHELLE ? 220/230 VOLTS AC... 110/120 VOLTS AC... 12 VOLTS DC... 24 VOLS DC... OU AA 1,5 VOLTS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 56, le 03 novembre 2015

  • La "résistance " est un plat qui se mange froid ....!

    M.V.

    11 h 06, le 03 novembre 2015

  • "La résistance est devenue caduque" ? Jamais de la vie ! Plus que jamais elle libère Jérusalem en Syrie, en Irak, au Yémen, à Bahrein, et même en Egypte. Elle libère Jérusalem "partout où elle doit être", comme le crie, dans ses discours, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah.

    Halim Abou Chacra

    04 h 16, le 03 novembre 2015

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