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Culture

Frida Anbar, l’écriture à corps perdu...

L'auteure libano-canadienne retrace « L'orée » d'une passion d'une extrême sensualité. Et qui, bien entendu, jongle avec l'interdit.

Frida Anbar : « Je ne me bats pas contre l’inspiration. Quand elle me tombe dessus, je l’accueille et je l’écoute. »

À y regarder de près, tous les ingrédients de L'orée, le dernier roman de Frida Anbar, sont d'emblée annoncés par la photo de couverture. La silhouette d'un couple s'embrassant fiévreusement se détache sur fond de paysage urbain. Et imprimés, comme des enseignes au-dessus des buildings, autant de mots qui donnent un avant-goût des turbulences amoureuses dans lesquelles ce petit livre (188 pages) va plonger ses lecteurs : affrontements, déchirements, destruction, révélation, manipulation, passion, rejet, mensonge, magie, retrouvailles... De Montréal à New York, en passant par Miami, Beyrouth et Barcelone, les rebondissements d'une histoire de cœur et de corps... Dont l'auteure donnera un aperçu au cours d'une table ronde à laquelle elle participe cet après-midi à 15h, à l'agora, avant de signer son roman à 16h à la librairie Le Point.

Mais qui est donc Frida Anbar ?
Née au Liban, Frida Anbar vit au Québec depuis 1979. Cette presque quinquagénaire (elle avoue 49 ans au compteur) pleine de vie et d'intensité a « toujours voulu écrire, mais je n'avais ni le courage ni le temps de m'y consacrer », confie-t-elle en sirotant (sagement) son thé. Une fois sa carrière en relations internationales et en communication à l'Université de Montréal bien établie, ses enfants ayant grandi, Frida Anbar se lance, il y a une dizaine d'années. « C'était devenu une urgence. J'allais étouffer avec toutes ces idées, tous ces personnages, qui me trottaient en tête. Il fallait que je les couche sur papier... »
Aléas, son premier roman qui narre une passion « assez érotisée » entre deux personnalités aux antipodes l'une de l'autre – « un riche homme d'affaires libanais et une femme française détachée de l'univers de l'argent et à la recherche de son bien-être » – touchera essentiellement le lectorat féminin. « J'ai reçu beaucoup de courriers de lectrices me disant que ce livre les avait mises dans un état de frémissement amoureux. Cela m'a encouragée à poursuivre. Car si j'écris avant tout pour moi, j'écris aussi pour être lue. Avec mon second roman, Le cordon invisible, je me suis attaquée à un sujet un peu tabou qui est l'adultère féminin. Et voilà L'orée, mon troisième roman. Mais j'ai également publié trois récits pour enfants. » (Lire ci-dessous).

Se placerait-elle dans le sillon d'une littérature qui émoustille, façon « Fifty Shades of Grey » ?
« Je ne me bats pas contre l'inspiration. Quand elle me tombe dessus, je l'accueille et je l'écoute, assure Frida Anbar. Venant d'un milieu traditionnel et conservateur, je n'aurais jamais pensé que j'écrirais ce genre de littérature, ces passages érotiques... Mais voilà j'ai laissé à mon intuition toute sa liberté. En fait, l'écriture chez moi est émoustillante, parce que mes lectrices sentent le plaisir et l'excitation que j'ai eus en (me) racontant ces histoires d'amour foudroyant. Sauf que dans mes romans, il y a une trame, des rebondissements, des femmes fortes qui prennent leur vie à bras-le-corps, et aussi un style littéraire quand même plus poussé, alors qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue dans Fifty Shades of Grey. »

Toute ressemblance avec ses personnages, ses héroïnes en particulier, serait-elle purement fortuite ?
« Il y a beaucoup de choses que je prends de ma vie comme de celles des gens. Mais elles servent simplement de tremplin à mon imagination. Je les transforme. Je les emporte au-delà des limites de la réalité, qui est trop grise pour faire l'objet d'un roman. L'héroïne de L'orée, par exemple, est romancière, comme moi. Comme moi, elle a été invitée au Salon du livre de Beyrouth, mais les similitudes s'arrêtent là. Dans mon précédent opus, j'avais donné à mon personnage masculin (Karim, un musicien libanais), une façon de travailler proche de la mienne. Tout écrivain est rusé. Il ne raconte jamais sa propre réalité, mais va souvent s'inspirer de ce qui fait sa vie, de ses rencontres, des gens qui l'entourent. »

Comment se fait-il que Gilbert Sinoué lui ait préfacé son roman ?
« Il est, avec Marguerite Duras, mon écrivain préféré. Il avait publié en 2002 un roman, Le rire de Sarah, qui m'avait transpercé le cœur. Lorsque je lui ai envoyé le manuscrit de mon premier livre en lui demandant de me le préfacer, je ne le connaissais pas. Il l'a lu, l'a aimé semble-t-il et me l'a préfacé. Ce n'est que deux ans plus tard que nous nous sommes véritablement rencontrés lors d'un salon du livre. Et là, il a aussi accepté de me préfacer ce troisième roman. »

Pour le Liban et les enfants

Parce qu'en dépit de toutes ces années passées au loin, elle voue un attachement viscéral au Liban, Frida Anbar prend régulièrement la plume pour le « raconter, le faire découvrir aux enfants ». Après Un été au Liban avec Téta et Raconte-moi ton Liban Jeddo, elle vient de boucler Man'ouché et Poutin. « C'est le récit d'une amitié entre deux enfants, l'un d'origine libanaise et l'autre pur québécois qui vont découvrir l'un et l'autre leurs cultures respectives », indique-t-elle. Avant de préciser que « l'intégralité des recettes de la vente de ce livre – qui sort la semaine prochaine en librairie à Montréal, mais qui est déjà disponible sur Kindle via Amazon – ira au profit de l'association Liban-Canada Fonds qui s'occupe des enfants démunis du Liban ».

À y regarder de près, tous les ingrédients de L'orée, le dernier roman de Frida Anbar, sont d'emblée annoncés par la photo de couverture. La silhouette d'un couple s'embrassant fiévreusement se détache sur fond de paysage urbain. Et imprimés, comme des enseignes au-dessus des buildings, autant de mots qui donnent un avant-goût des turbulences amoureuses dans lesquelles ce petit livre...

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