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Économie - Travaux publics

Le chantier de la zone économique spéciale de Tripoli prêt à démarrer

Le Conseil du développement et de la reconstruction a donné son feu vert pour le début des opérations de remblaiement de la future zone économique spéciale dont va être dotée la deuxième ville du Liban.

Le port de Tripoli devrait être le premier à bénéficier des retombées de la zone économique spéciale, lorsque cette dernière sera achevée. Photo DR

Après avoir été repoussé pendant des années, l'établissement d'une zone économique spéciale (ZES) à Tripoli pourrait enfin devenir une réalité.
Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) a en effet ordonné cette semaine le commencement des travaux de remblayage qui vont permettre la création d'une zone terrassée de 550 000 m². Une fois terminée, cette dernière sera dotée d'un dispositif légal offrant une combinaison d'incitations fiscales et financières destinée à attirer les investisseurs. Nommée en avril par le gouvernement pour diriger l'Autorité de la ZES de Tripoli, l'ancienne ministre des Finances Raya el-Hassan se réjouit de cette décision. « Le feu vert donné par le CDR confirme l'existence d'une volonté politique pour développer les régions du Liban-Nord », déclare-t-elle à L'Orient-Le Jour, rappelant que « le lancement de ce projet avait plusieurs fois été retardé depuis sa consécration par une loi en 2008 ».

« Les travaux prendront au minimum 16 mois », confie de son côté Rafik el-Khoury, qui dirige le cabinet éponyme chargé par le CDR de superviser ce chantier dont le premier volet, qui comprend uniquement les opérations de remblayage, va coûter 22,3 millions de dollars. « Ces dernières seront réalisées par la société al-Jihad Trading & Contracting », poursuit-il, avant de botter en touche – à l'instar de l'ensemble des personnes intérrogées sur ce point – concernant la procédure d'attribution de ce marché public, et notamment s'il a été octroyé de gré à gré ou par le biais d'un appel d'offres ouvert. « Le contrat qui me lie au CDR m'astreint à la confidentialité », se justifie M. el-Khoury. Également contacté par L'Orient-Le Jour, le CDR n'a pas répondu à notre demande d'entretien.

 

(Lire aussi : Batroun sur le point d’avoir sa zone économique spéciale)

 

Retombées attendues
La création de cette ZES était en tout cas très attendue du côté de la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Tripoli (CCIAT), comme le confirme son président, Toufic Dabboussi, à L'Orient-Le Jour. Ce dernier espère « des retombées très positives pour la ville et ses environs » et s'est engagé à soutenir l'autorité de la ZES à la CCIAT en signant trois protocoles d'accord vendredi dernier. « À travers ces textes, la CCIAT promet de contribuer à promouvoir la ZES auprès des investisseurs locaux et étrangers, de mettre un local de 500 m² à disposition de l'autorité qui gère la zone afin que cette dernière puisse installer ses bureaux à Tripoli et à affecter un ingénieur au service de cette dernière, en attendant d'autres efforts de cette nature », détaille M. Dabboussi.
« La position géographique de la ZES – située dans la partie nord du port – facilitera son intégration économique et encouragera, à terme, la poursuite des travaux de modernisation des installations de la zone portuaire et le développement de son activité », enchaîne de son côté Mme el-Hassan. « Cette zone aura aussi un impact positif sur l'économie syrienne et affectera positivement le rayonnement de Tripoli au niveau régional », s'enthousiaste encore M. Dabbousi.

Le nouveau terminal conteneurs du port de Tripoli devrait ainsi figurer parmi les premiers bénéficiaires de l'établissement de la ZES. Lancés en 2013, les travaux d'équipement d'un quai capable d'accueillir jusqu'à trois navires porte-conteneurs simultanément et géré par la société Gulftainer devraient bientôt être mis en service, malgré un nouveau retard sur le calendrier initial lié cette fois à l'adaptation du règlement des douanes à l'ouverture de ce terminal.
« Il faut cependant s'armer de patience, parce que la ZES ne sera exploitable qu'une fois que les travaux d'infrastructures seront terminés », tempère Mme el-Hassan, estimant « qu'il ne faudra pas attendre les premières retombées économiques pour la ville avant 4 ou 5 ans ».

Obstacles divers
Cette estimation ne tient évidemment pas compte des obstacles qui pourraient ralentir l'exécution du projet. « Il faut espérer que la conjoncture politique et sécuritaire au niveau local ne retarde pas les travaux », confirme Mme el-Hassan, relevant également qu'un éventuel prolongement de la guerre en Syrie « pourra aussi affecter le développement de la ZES ». Le deuxième obstacle potentiel concerne le financement des prochaines étapes du projet. « Si c'est bien l'État qui prendra en charge le remblayage, le budget des travaux d'infrastructures n'a même pas encore été chiffré », affirme Mme el-Hassan. « Le projet a pris 6 ans de retard sur son planning initial et doit absolument être réactualisé. Il ne nous est donc pas possible d'évaluer l'enveloppe totale du projet, ni d'arrêter les moyens par lesquels il sera financé », conclut-elle, réfutant par la même occasion les estimations – aux alentours de 66 millions de dollars – qui ont été relayées par certains confrères.

Un troisième obstacle pourra, lui, concerner les aléas liés aux travaux de remblayage eux-mêmes. « La vitesse d'exécution et le coût de ce type d'opération dépend notamment de la proximité et l'accessibilité des sources d'où sont extraits les matériaux utilisés pour le remblaiement », explique Élie Rafih, un géotechnicien contacté par L'Orient-Le Jour pour apporter un éclairage sur les difficultés techniques que pose ce type de projet. « Or le degré recherché d'amélioration du sol pour le rendre plus ou moins compact a une incidence déterminante sur le type de matériau utilisé », ajoute-t-il. Selon la société Rafik el-Khoury, la zone cible est un bassin rempli d'eau situé dans l'enceinte du port de Tripoli dans lequel émerge un îlot d'environ 100 000 m², ce qui devrait faciliter les travaux. Les matériaux, quant à eux, devraient être pour la plupart véhiculés par voie terrestres depuis des carrières voisines, « si tout se passe bien », laisse glisser M. Khoury.

 

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