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Culture - Peinture

Après l’apnée, la bouffée d’air enfumé

L'artiste Georges Bassil expose sa série « Breathless », 19 toiles troublantes à la galerie Art on 56th jusqu'au 24 octobre*.

Georges Bassil : « Lorsque je pense à la capitale libanaise, j’imagine des fleurs partout. Presque comme une overdose. »

Vingt ans qu'il fume cigarette sur cigarette pour réaliser ses tableaux. Mais c'est lorsqu'il pense à Beyrouth que Georges Bassil a le souffle coupé, déchiré entre la détestation et l'amour qu'il porte à cette ville. Alors, depuis 2010, l'artiste a quitté son Liban natal pour s'installer à Amman, en Jordanie. L'artiste a fui le stress pour chercher son équilibre ailleurs. « Ses tableaux sont davantage sereins désormais, comme lui », précise Noha W. Moharram, la directrice de la galerie Art on 56th. « Cela m'a changé la vie, je travaille avec beaucoup de tendresse et de calme désormais. Il n'y a plus cette colère que je peignais auparavant », ajoute Georges Bassil. Moins torturé, même si pas complètement libéré de ses angoisses, l'artiste dépeint toujours ses personnages comme plongés dans un brouillard permanent. Des femmes – et quelques hommes – immergés dans un flou parfois chaleureux tant il réconforte ; d'autres fois, il se montre anxiogène parce qu'il trouble les sens. Yeux, narines, bouches ou oreilles, ces zones sont dessinées de manière davantage brumeuses : comme si la vision, l'odorat, le goût et l'ouïe de ses personnages étaient désorientés.

Personnages miroirs
Traits asiatiques ou moyen-orientaux, peau dorée ou diaphane, presque fantomatique, ses personnages sont universels. Certains d'entre eux ferment les yeux, comme s'ils se préservaient du monde qui les entoure. Entre résignation, peur et repos. « Mes personnages sont dans leurs mondes, dans leurs rêves, ils n'ont pas envie d'être avec les autres », confie l'artiste comme s'il parlait aussi de son propre caractère. Ses hommes et ses femmes fument pour la plupart ostensiblement, sans pour autant que cela soit un acte de rébellion. « La cigarette m'accompagne dans mes toiles, c'est mon meilleur compagnon. Je fume encore deux paquets par jour. Ce n'est pas de la provocation, je suis simplement fidèle à moi-même avec ces tableaux », explique l'artiste.

Beyrouth, mais de loin
L'artiste a souhaité peindre ses personnages fumant des cigarettes car il s'agit de la première image qui lui vient en tête lorsqu'il pense à Beyrouth. Comme si la capitale avait une odeur de tabac (pas encore) froid. Habituellement, le peintre utilise les couleurs ternes, noir et bordeaux en majorité, tandis que pour Breathless, l'orange, l'ocre et le rose ressortent de manière plus flagrante. Qu'elles soient imprimées sur les robes, portées dans les cheveux ou en arrière-plan telle une tapisserie, les fleurs constituent une importante part des œuvres de Georges Bassil. « Je dessine les fleurs depuis longtemps, mais ici c'est différent, lorsque je pense à la capitale libanaise, j'imagine des fleurs partout. Presque comme une overdose », raconte le peintre.

Entre réalité et imaginaire
Parmi ses corps d'hommes et de femmes plus ou moins vêtus se glissent un chien – très réaliste car son modèle est son propre animal – et un corbeau disproportionné. Contrairement à l'image de malheur véhiculée par l'oiseau, sa présence n'a rien d'un mauvais signe, selon le peintre. « Le chien est bien réel, il m'accompagne depuis 16 ans, tandis que l'oiseau tient de l'imaginaire. J'aurais voulu le faire encore plus grand, cet oiseau c'est autant le passé que l'avenir. Chacun peut le voir comme une menace ou apprivoisé », déclare Georges Bassil. L'artiste n'a décidément (presque) plus peur de rien.

* Galerie Art on 56th, Gemmayzé, jusqu'au 24 octobre*

Vingt ans qu'il fume cigarette sur cigarette pour réaliser ses tableaux. Mais c'est lorsqu'il pense à Beyrouth que Georges Bassil a le souffle coupé, déchiré entre la détestation et l'amour qu'il porte à cette ville. Alors, depuis 2010, l'artiste a quitté son Liban natal pour s'installer à Amman, en Jordanie. L'artiste a fui le stress pour chercher son équilibre ailleurs. « Ses...

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