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Moyen Orient et Monde - Reportage

Quand les familles russo-syriennes reprennent espoir

Wail est syrien, Roxana est russe. Comme des milliers de couples mixtes qui vivent en Russie, certains après avoir fui les combats en Syrie, ils voient la guerre ressurgir sur leur écran de télévision. Et soutiennent l'intervention russe, seule capable, selon eux, de mettre fin à la guerre.
« Je suis sûr que ces frappes vont aider. Notre peuple fait confiance aux Russes », résume Wail Djenid, président de l'Association des Syriens de Russie, une diaspora qui compte environ 40 000 personnes. Comme beaucoup de Syriens, dont le pays entretient des relations privilégiées avec la Russie depuis l'époque soviétique, Wail, 51 ans, a étudié dans les années 1980 à l'Université de l'amitié entre les peuples à Moscou où il a rencontré Roxana, avec qui il s'est marié et a eu deux enfants. Après 28 ans en Russie, il n'a pas oublié son pays d'origine et ne cache pas son soutien au régime syrien, comme en témoigne la photo le représentant en train de serrer la main du président Bachar el-Assad.
Alors que la Russie bombarde la Syrie avec une intensité redoublée ces derniers jours, Wail Djenid estime qu'on ne peut pas parler « d'intervention militaire russe ». « Le président syrien a demandé lui-même de l'aide, et les gens en Syrie sont très contents que Moscou ait enfin accepté de les aider », assure-t-il.
Avant l'embrasement du conflit qui a fait plus de 240 000 morts depuis 2011, Wail et sa famille se rendaient régulièrement en Syrie où ils ont une maison dans un village de la province de Hama, dans le centre du pays. Désormais, les voyages sont devenus bien plus rares et plus dangereux. Le dernier remonte à août. « Chaque fois que nous allons là-bas, il y a des bombardements à quelques mètres de notre maison. Chaque jour, nous voyons qu'on enterre les personnes tuées dans ces bombardements », raconte Roxana Djenid, 47 ans.

« Poutine protège la Russie »
À Moscou, cette esthéticienne aux longs cheveux noir frisés dit « devoir chaque jour expliquer "à ses collègues et voisins russes" pourquoi la Russie dépense son argent pour aider la Syrie ». « Beaucoup de Russes croient que la Syrie est loin, mais elle est tout près. Et les islamistes qui sévissent là-bas peuvent arriver ici à tout moment », dit-elle, les larmes aux yeux. Vladimir « Poutine n'aide ni le président syrien Bachar el-Assad ni le peuple syrien. En premier lieu, il fait tout son possible pour protéger la Russie contre l'EI et les autres militants » islamistes, estime Roxana Djenid.
Même point de vue chez Khassan Khater, propriétaire d'un bar à Moscou. « C'est très bien que la Russie soit passée à l'action pour éliminer les militants terroristes en Syrie », se félicite cet homme de 35 ans. Né à Moscou d'une mère russe et d'un père syrien, il a fait ses études supérieures d'ingénieur à Damas, avant de revenir en Russie en 2012 « à cause de la guerre ». « Nous sommes revenus parce qu'une vie normale là-bas était devenue impossible », se souvient-il.
Si la Russie unissait ses efforts avec ceux de la coalition internationale menée par les États-Unis, qui effectue également des frappes contre l'EI, « ça serait aussi bien », dit-il. « Mais le gouvernement américain a ses propres intérêts. Il ne souhaite pas éliminer tous les militants, juste quelques terroristes concrets », estime-t-il.
Rana est arrivée en août d'un village chrétien de Syrie. Cette réfugiée de 25 ans vit désormais chez les proches de sa mère à Moscou et considère que l'aide russe « est bonne, mais (qu') elle risque fort de provoquer la vengeance » de l'État islamique. « Bien sûr, la Russie va régler le problème avec l'EI en Syrie. Mais a-t-on des garanties que cela mettra fin au conflit syrien et que les terroristes ne voudront pas se venger ensuite contre les Russes en organisant des attentats ici ? » demande-t-elle, inquiète.
Naira DAVLASHYAN avec Maria PANINA/AFP

Wail est syrien, Roxana est russe. Comme des milliers de couples mixtes qui vivent en Russie, certains après avoir fui les combats en Syrie, ils voient la guerre ressurgir sur leur écran de télévision. Et soutiennent l'intervention russe, seule capable, selon eux, de mettre fin à la guerre.« Je suis sûr que ces frappes vont aider. Notre peuple fait confiance aux Russes », résume Wail...

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