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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

« L’intifada des couteaux » au cœur du conflit israélo-palestinien

Les attaques à l'arme blanche sont devenues le symbole de la confrontation.

Des manifestants palestiniens évacuent un blessé, hier, à Beit El, près de Ramallah. Mohammad Torokman/Reuters

Le couteau sorti d'un sac ou d'une chemise est devenu l'arme et le symbole de la confrontation des Palestiniens contre les Israéliens, avec un impact psychologique fort, même si ces attaques n'ont fait que deux morts jusque-là.
« Le terrorisme au couteau ne nous vaincra pas », a lancé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'ouverture d'une nouvelle session du Parlement placée sous le signe des violences qui secouent Israël et les territoires palestiniens occupés depuis 12 jours.
Les images des couteaux, qu'ils soient de simples couteaux de cuisine ou de véritables surins de combat à lame crantée – en passant par un tournevis et même un épluche-légumes –, font depuis dix jours le tour des réseaux sociaux et des médias israéliens et palestiniens.
Policiers et témoins présents lors des attaques ont pris l'habitude de dégainer leur téléphone portable en quelques secondes pour filmer la scène de l'agression et parfois l'arme utilisée, encore ensanglantée. « Il s'agit d'un objet du quotidien que tout le monde a chez soi ou qui est disponible partout, qui ne demande aucun entraînement et qui est facilement dissimulable », résume le professeur Shaul Kimhi, psychologue et spécialiste des situations de stress et de résilience liée au « terrorisme ». « Une attaque au couteau n'a pas pour fonction première de tuer mais d'abord de faire peur, et le but est atteint. Les Israéliens sentent le danger même s'il n'est pas proportionnel à la menace », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : Les dirigeants palestiniens sont apparemment décidés à contenir l'escalade)

 

« Clé de bras »
Les Israéliens sont habitués à développer des solutions techniques pour faire face aux menaces, comme le bouclier antimissiles Dôme de fer contre les roquettes. Ils sont pris de court par ce mode opératoire qui n'est pas nouveau, mais s'emploie à un rythme inédit. « Nous avons affaire à des individus qui utilisent la plus basique des armes de terrorisme qui existe, et on ne peut pas faire la chasse aux couteaux. Il n'existe donc aucune réponse sécuritaire à cette crise », dit à l'AFP Miri Eisin, ancienne colonel du renseignement militaire israélien.
À la télévision israélienne, des spécialistes de l'autodéfense sont invités en plateau pour montrer des parades spécifiques. « Le plus important, c'est de créer une "zone stérile", d'éloigner le couteau le plus loin possible de votre corps, par exemple avec cette clé de bras », explique en direct un intervenant en tordant le poignet de celui qui simule son agresseur. Les services de secours du Magen David Adom ont, eux, diffusé un tutoriel pour apprendre au public les gestes qui sauvent. Ils rappellent qu'il ne faut pas toucher à la lame enfoncée dans la victime pour ne pas aggraver l'hémorragie.
Sur les réseaux sociaux palestiniens, certains parlent d'une « intifada des couteaux », et le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a salué « les héros au couteau » dans un prêche.

 

(Éclairage : L'escalade entre Israéliens et Palestiniens: jusqu'où?)

 

Humour noir
L'usage du couteau est à l'image d'un mouvement spontané de jeunes qui ont répudié leurs dirigeants. Le désespoir apparent de ceux qui manipulent l'arme blanche et doivent bien imaginer qu'ils vont au-devant de la mort reflète celui d'une grande part de cette génération. Mohammad Halabi, 19 ans, se disait ainsi prêt à mourir sur sa page Facebook au nom d'une « troisième intifada » avant de tuer deux Israéliens à coups de couteau dans la vieille ville de Jérusalem et d'être ensuite abattu. « Hé les occupants ! Avec un couteau, pas de sirène d'alarme pour vous prévenir », écrit un internaute palestinien.
En réponse, c'est aussi sur les réseaux sociaux que les Israéliens exorcisent la peur en maniant l'humour noir. Comme sur la photo de cet homme affublé d'une armure artisanale, le visage crispé sur le pas de sa porte avec pour légende : « Chérie, je sors juste les poubelles et je reviens. » En revanche, les Israéliens ont été choqués de voir passer à Tel-Aviv la semaine dernière un couteau de 3 mètres de long enfoncé dans une réplique géante de tomate rougeoyante, le tout juché sur la plateforme d'un camion. Il s'agissait d'une campagne publicitaire du coutelier Arcos. Aux premières plaintes du public, il a remisé son camion et présenté ses excuses en assurant qu'il s'agissait d'un timing malencontreux et qu'il n'avait en aucun cas « songé à faire une exploitation cynique de cette situation si triste ».

 

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commentaires (2)

Le rabbin extrémiste Chaaia Kerchebsky a été tué dans l’attaque à la voiture bélier (source palestinienne).

FRIK-A-FRAK

14 h 11, le 13 octobre 2015

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Commentaires (2)

  • Le rabbin extrémiste Chaaia Kerchebsky a été tué dans l’attaque à la voiture bélier (source palestinienne).

    FRIK-A-FRAK

    14 h 11, le 13 octobre 2015

  • Mais pas vraiment dans votre Coeur .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 22, le 13 octobre 2015

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