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Liban - Militaires otages

« Ces militaires représentent tous le Liban. Si le dossier n’est pas clos, il n’y aura de solution à rien »

Sit-in successifs devant le ministère de l'Intérieur et devant la résidence du Premier ministre : les familles fustigent les multiples reports dans le règlement de la crise.

Les parents des militaires otages ont observé deux sit-in hier, l’un devant le ministère de l’Intérieur et l’autre devant la résidence du Premier ministre. Photo Ani

Après une soirée mouvementée jeudi, au cours de laquelle les manifestations des collectifs civils ont été réprimées par la force, occasionnant des blessés dans leurs rangs et au sein des forces de l'ordre, c'était le tour hier des parents des militaires otages de recourir à la rue.
Les familles des 25 militaires pris en otage par les groupes islamistes, à la périphérie de Ersal dans la Békaa, en août 2014, ont bloqué la route à la circulation devant le ministère de l'Intérieur vendredi à Sanayeh puis se sont rassemblées devant la résidence du Premier ministre à Mousseitbé pour protester contre les multiples reports dans le règlement du dossier de leurs enfants toujours captifs depuis 14 mois.
Les familles ont tenu pour responsables le gouvernement, le président du Parlement Nabih Berry, ainsi que le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Ils les accusent de « ne pas mettre fin à la crise. »
« Je n'ai eu aucune nouvelle de mon fils depuis 11 mois... Nous avons été dormir dans les rues pendant 14 mois, comment peuvent-ils être à l'aise avec cela ? » s'est demandée la mère d'un des militaires assise à même le sol en compagnie d'autre manifestants devant le ministère de l'Intérieur.
« Nous devons faire bouger les choses, sinon il sera trop tard. Ces militaires représentent tous le Liban. Si le dossier n'est pas clos, il n'y aura aucune solution, ni au niveau de la crise des déchets ni à d'autres niveaux », a souligné Hussein Youssef, porte-parole des familles, à la chaîne LBCI. « Cela fait presque 11 mois que nous n'avons plus de nouvelles de nos proches aux mains du groupe État islamique », a-t-il ajouté.
Le conseiller du ministre de l'Intérieur a par la suite rencontré les familles à l'extérieur du bâtiment, vu que Nouhad Machnouk n'était pas présent au ministère lors du sit-in, a-t-on fait savoir aux familles des détenus. Une rencontre a été fixée néanmoins à mardi prochain entre M. Machnouk et les parents désespérés par « ce laxisme de l'État face au sort de leurs enfants ».
« C'est le même refrain qu'ils nous entonnent depuis sept ou huit mois, nous avons entendu le même discours de la part des officiels sur le sort des captifs », affirme l'un des parents aux journalistes. « Les politiciens ne nous avancent que des promesses caduques, il n'y a aucune initiative concrète sur le terrain, ce sont des mensonges et la date du mardi prochain fixée par le ministre pour nous rencontrer est une preuve irréfutable qu'il n'y a aucune percée dans ce dossier », a-t-il affirmé.

« Chaque goutte de leur sang »
Après la réouverture de la route menant au ministère de l'Intérieur, les familles se sont dirigées vers Mousseitbé, lieu de résidence du Premier ministre, Tammam Salam, où ils se sont à nouveau assis à même le sol.
Les parents ont été accueillis dans la cour interne de la demeure du Premier ministre où ils n'ont pas décoléré tout en insistant à avoir des informations concernant leurs proches. « Nous voulons la vérité aussi dure soit elle. M. Salam nous avait promis que le sort de nos enfants était une charge qui lui a été confiée personnellement, alors pourquoi ne nous éclaire-t-il pas là-dessus ? » s'est demandée l'une des mères en sanglots. « Nous sommes venus ici pour rappeler au Premier ministre que les militaires sont ses fils également, et que chaque goutte de leur sang qui est versée relève de sa responsabilité et de celle de tous les ministres », a lancé Marie Khoury, dont le frère Georges est aux mains des jihadistes d'al-Nosra. « Nous avons demandé à voir tous les responsables, mais nous n'avons pas eu de réponse », a-t-elle ajouté. « Après avoir rencontré le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea jeudi, ce dernier nous a affirmé que le Qatar, médiateur dans ce dossier, est très optimiste. Un deal sera conclu, mais il reste un seul obstacle de taille, nous a-t-il dit, sans préciser lequel. »
Avant de quitter les lieux, l'un des proches s'est interrogé inquiet : « Quel avenir attend nos fils ? » Une femme dont le mari a disparu en 1982 pendant la guerre civile libanaise (1975-1990) a rejoint les protestataires en signe de solidarité.
Le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a de son côté indiqué que « le principal obstacle à la crise des otages était que les ravisseurs n'étaient pas encore disposés à régler cette crise », sans ajouter d'autres précisions concernant ce point. « L'État a accepté le principe de l'échange. N'épargnant aucun effort, il n'a jamais hésité à récupérer les militaires. Les pays, qui ont joué les médiateurs, continuent à agir pour clore ce dossier », a-t-il ajouté dans un entretien accordé au quotidien koweïtien al-Raï, qui sera publié samedi. « Nous avons proposé des solutions mais nous attendons toujours des réponses du Front al-Nosra et du Qatar », a-t-il repris.
Vingt-cinq soldats et policiers sont toujours aux mains des jihadistes de l'EI et du Front al-Nosra depuis les affrontements sanglants à Ersal qui ont opposé la troupe aux islamistes, dans la Békaa, en août 2014. Le Front al-Nosra en a libéré huit et tué deux, tandis que le groupe État islamique en a décapité deux.

Après une soirée mouvementée jeudi, au cours de laquelle les manifestations des collectifs civils ont été réprimées par la force, occasionnant des blessés dans leurs rangs et au sein des forces de l'ordre, c'était le tour hier des parents des militaires otages de recourir à la rue.Les familles des 25 militaires pris en otage par les groupes islamistes, à la périphérie de Ersal dans...

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