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Liban - Entretien

Sigrid Kaag à « L’OLJ » : Il ne faut pas oublier le Liban, sa stabilité est fragile

Sigrid Kaag, coordonnatrice spéciale de l’Onu pour le Liban. Photo S. Z.

L'élan de solidarité pour soutenir le Liban s'est manifesté à tous les niveaux lors de cette 70e session de l'Assemblée générale de l'Onu. La réunion de haut niveau du Groupe de soutien international au Liban s'est tenue mercredi sous la présidence du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, en présence du Premier ministre Tamman Salam, et groupant les ministres ou représentants de la Chine, de la France, de la Russie, du Royaume-Uni, des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Union européenne, et du secrétaire général de la Ligue arabe. « N'étant pas axée uniquement sur les réfugiés, cette réunion a pour objectif de renforcer l'importance et l'intérêt du soutien au Liban, à sa stabilité, sa souveraineté, et de trouver aussi les réponses nécessaires aux défis auxquels fait face ce pays », a indiqué Sigrid Kaag, coordonnatrice spéciale de l'Onu pour le Liban, lors d'un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, au siège de l'Onu, juste après avoir pris part à cette réunion.

La coordonnatrice onusienne met constamment l'accent sur « l'importance de l'appui » de la communauté internationale au Liban, comme le stipule le communiqué final, publié à l'issue de cette réunion internationale de haut niveau. Mme Kaag met en exergue « l'engagement et le soutien des Nations unies à la stabilité et la sécurité du Liban, qui demeure au cœur de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu et d'autres résolutions ». Elle souligne aussi « l'appel du groupe à résoudre l'impasse politique en procédant à l'élection d'un chef de l'État afin de rétablir un gouvernement pleinement fonctionnel qui puisse répondre aux besoins des citoyens. Car la vacance présidentielle porte gravement atteinte à la capacité du Liban à relever les défis économiques, sociaux et humanitaires ».
« C'est en somme un appui du groupe international pour un fonctionnement efficace et effectif des institutions de l'État. C'est également une réponse soutenue pour l'équilibre libanais, un soutien aux communautés vulnérables libanaises et aux réfugiés syriens et palestiniens », estime-t-elle.

 

(Pour mémoire : Sigrid Kaag à « L’OLJ » : Ce n’est nullement le moment pour le Liban d’être sans président)

 

La réinstallation des réfugiés
Quel genre de promesses de soutien ? « Il s'agit d'un soutien financier et politique de la part du groupe international », répond la coordonnatrice de l'Onu. « Ce qui est important, c'est l'annonce, comme à Bruxelles, d'un soutien financier bien plus élevé qu'auparavant », assure-t-elle. Concernant la question de la réinstallation (resettlement) des réfugiés, la responsable onusienne estime « qu'elle est au cœur de nombreuses discussions qui ont lieu en ce moment avec l'Union européenne ».
« Les discussions portent aussi sur la manière de gérer cette question, et également sur une politique à suivre, ainsi que sur les termes et conditions pour absorber à plus long terme d'autres réfugiés », ajoute-t-elle. « Cette question doit être toutefois gérée par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), qui est responsable globalement des réfugiés », note-t-elle. « L'Union européenne, les États-Unis, l'Australie et certains autres pays lointains ont exprimé leur volonté d'accueillir un plus grand nombre de réfugiés. Ce qui devrait aider le Liban. Cette politique doit être menée à un niveau intégré en tenant compte des besoins des pays hôtes et aussi des pays d'accueil », relève la responsable onusienne.

Le Liban devra-t-il attendre que soit résolue la crise syrienne pour être allégé de ce fardeau ? « La crise syrienne n'est pas directement liée à la situation du Liban », estime Mme Kaag. « Il faut, bien sûr, trouver une solution politique à la crise syrienne. Mais la présence des réfugiés ne peut être résolue à court terme. Leur retour possible doit être sûr et sécurisé. Avec le taux très élevé des destructions en Syrie, ce sera un processus à long terme. Car les processus de retour sont toujours à long terme », constate-t-elle.

(Lire aussi : « Non à l'intégration des réfugiés », scande Bassil)

 

Une angoisse libanaise
Le processus de soutien aux réfugiés au Liban englobe-t-il aussi les réfugiés palestiniens dans ce pays ? « Quand on parle du soutien aux réfugiés, on parle toujours, même si on ne l'énonce pas, de l'appui aux réfugiés palestiniens, avec le soutien nécessaire à l'Unrwa. Souvenez-vous de la crise financière vécue par l'agence en août dernier, rappelle Mme Kaag. Il ne faut jamais oublier que le Liban comptait une présence de réfugiés palestiniens bien avant la crise syrienne. Cela est important, parce qu'il explique l'inquiétude et l'angoisse libanaises. Il est important d'aider aussi le système, y compris l'Unrwa, pour faire face aux défis et aux besoins des réfugiés palestiniens dont le nombre a grossi avec l'arrivée des Palestiniens de Syrie. »

Voit-on une lueur d'espoir ? « Il y a toujours une lueur d'espoir », répond Mme Kaag avec un large sourire. « Je pense que, malgré toutes les priorités politiques de la région, la communauté internationale a tenu à souligner l'importance accordée à la stabilité et la sécurité du Liban. Et, malgré le miracle libanais, il ne faut pas oublier le Liban. Il faut se rendre à l'évidence de l'importance de ce pays dans une région troublée par des crises d'une ampleur beaucoup plus grave que les défis auxquels il fait face. Mais c'est une stabilité fragile », avoue-t-elle.
« Il faut de ce fait renforcer l'importance de l'appui politique et trouver une solution politique rapide à la vacance présidentielle, au niveau global et au niveau régional », dit-elle. Optimiste ? « Non, Il faut être réaliste. En tout cas, Il faut gérer et essayer de trouver des solutions. C'est cela l'optimisme. Ce qui est important, c'est de ne pas abandonner », conclut-elle.

 

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