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Lifestyle - Destination émotions

Cette ville ne vendra pas son âme au diable

Ce n'est pas un carnet de voyages dans le sens exact du terme : il n'y a pas d'adresses, pas de numéros de rues ou de noms d'établissements. C'est plutôt un carnet d'émotions, une invitation au voyage à travers cinq sens, exacerbés, irrités, mais heureux. Et une constante : l'envie, irrépressible, de revenir. Deux fois par mois, « L'Orient-Le Jour » vous emmène, sans visa et sans ceinture de sécurité...

Photos C.H.

Se balader dans les dédales de Barcelone. Frôler ses vieux murs, ses vieilles pierres, au pas lent d'un danseur bercé, porté par un refrain ensorcelant. Comme une mélodie sans fin qui caresse l'âme du bout de ses doigts dans une belle intimité. S'abandonner enfin à sa douce mélancolie, noyée par un soleil d'automne.
Barcelone qui respire la poésie du passé ressemble aux histoires de l'auteur Carlos Luis Zafon. Obsédées par l'ombre d'un passant plié sous le poids des années, qui traîne son dernier souffle dans les coins et les recoins de la Sagrada Familia. Habitées par l'humour, la délicatesse et le talent de ce vieillard pourtant immortel qui, pour l'éternité, a scellé un pacte avec Dieu et sa ville.

Humble Antoni Gaudi, tellement absent de toute réalité, tellement qu'il a été pris pour un clochard lorsqu'il fut renversé par un tramway et en mourut. Et pourtant, c'est cet homme qui a donné à Barcelone son visage intemporel et si particulier. Le bâtisseur appartient à son passé, à son présent et son avenir, les travaux de la Sagrada Familia doivent s'achever en 2026. « Mon client n'est pas pressé », disait-il en référence à Dieu. Son génie est partout, gravé dans la mémoire de la cité. Dans son paysage urbain et affectif. Dans les impasses, les façades et les volumes sensuels qui surprennent encore, un siècle plus tard. Dans les courbes, enfin, qui ressemblent à des silhouettes parfaitement équilibrées. Les étranges et si modernes Casa Milà, Batllò, Vicens, le parc Güell. Exceptionnels écrins de son talent où tout est tracé en une ligne et tout est dit.

Avec légèreté, lyrisme, audace et subtilité, l'homme a offert sa vie et son âme à l'architecture de Barcelone. Il a imposé avec douceur l'usage des mosaïques, des couleurs terre, l'usage des feuilles d'arbres. Une grandiose simplicité technique qui en a fait sa marque de fabrique. Partout, ces clins d'œil ramènent à une même tonalité, dans une ambiance qui envahit et émeut. Partout ces détails ramènent à Gaudi. Presque inconsciemment, intuitivement. Spontanément.

Le fantôme du paradis
Et puis il y a les lieux sans. Sans la présence de ce génie. Beaux, (a)typiques, parfumés de Jamon et de Chorizo, de paella, de tapas, de manchego, de patatas et de fritures, baignés de sangria ou de vin local. Ces quartiers de Barcelone constitués d'un mélange d'époques, de styles et de gens. Un concentré de sensations. Les marchés La Boqueria, Santa Catarina, des passages obligés pour flatter les papilles. Les restaurants, des petites tavernes informelles, amicales. La Rambla, le Passeig de Gràcia, la colline de Monjuic ou la Ribera, en bord de mer. Sur la voix d'un gitan inspiré ou les notes d'un flamenco passionné, la rue se réveille la nuit. Elle s'accapare d'autres sons, d'autres gens, jusqu'à pas d'heure. Elle explose de rire avant de s'endormir et retrouver une quiétude plus ancienne.

Et il y a les autres. Autres lieux, inspirés par d'autres génies, qui viennent, un moment, rappeler que Barcelone leur appartient aussi. Picasso, bien sûr, qui confiait : « Ici, Barcelone, est le lieu où tout a commencé... c'est là où j'ai réalisé jusqu'où j'arriverai ». Miro et Tapies. Des musées et des fondations rendent hommage à leur talent et leur empreinte sur les lieux. Mais ce moment est furtif, car il suffit de se plonger dans le Barri Gotic, le cœur de la cité encore teinté des siècles derniers, de mystère et de silence, de cathédrales, d'églises et de théâtres, pour que l'ombre de Gaudi réapparaisse au coin d'une rue. Il suffit de lever les yeux au soleil pour toucher le sommet de la Sagrada et sentir que l'architecte illuminé trône sur la ville en veillant à ce qu'elle garde intacts sa beauté et son lyrisme. Et que jamais, elle ne vende son âme au diable.

 

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