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Culture - Sculpture

Beyrouth, en trois lignes et cinq points

Dressé sur ses trois jambes, ou sur ses trois lettres, le nom de Beyrouth est fièrement arboré, du haut de ses cinq mètres, dans l'espace public en face de la marina, à Zaytounay Bay. Tel un drapeau hissé au milieu du décor urbain, la sculpture typographique de Kameel Hawa dit en trois lignes et cinq points son amour pour Beyrouth : une ville « arabe, moderne et fière ».

Pour le fondateur, directeur et graphiste d'al-Mohtaraf Design House, c'est l'occasion de passer d'une ligne plane à une ligne en volume. La ligne, qui est à l'origine de tout son travail, est « l'essence de l'écriture, du dessin, de tout objet ».
Kameel Hawa cherche ainsi, en continuité avec le projet de son agence de graphisme, la ligne dans laquelle fusionnent tradition et modernité. Il se distingue pourtant du courant artistique de certains peintres arabes, qui incluent la calligraphie traditionnelle dans leurs peintures. « C'est artificiel, dit-il, cela ne rend ni la calligraphie moderne ni la peinture arabe. » Sa ligne à lui, « héritée du passé et ancrée dans le présent », comme il le précise, découle d'un profond « sentiment », facteur du mouvement qui la trace. La spontanéité du trait anime alors, par écho, toute forme ou objet qui l'entoure. Dans la sculpture Beirut, on peut d'ailleurs observer cette correspondance entre les éléments, là où les lignes angulaires du mot rejoignent la géométrie de l'architecture urbaine. L'espace public est un lieu privilégié de rencontre entre l'auteur de ses lignes et le public parce qu'il perpétue ce lien entre l'art et l'ordinaire.

À signaler qu'en 2014, Kameel Hawa avait installé huit sculptures « à la surface de l'eau », dans le jardin de Samir Kassir, à l'occasion de la Beirut Art Week. Des interprétations sculpturales et colorées du mot fan, art en arabe, disposées de manière à former une espèce de ballet calligraphique, phrase sculpturale. On pense à la fontaine Stravinsky de Pompidou à Paris, associant les automates de Jean Tinguely et de Niki de Saint Phalle. Il semblerait que le médium de prédilection de l'artiste libanais soit, aujourd'hui plus que jamais, « l'art des mots », selon ses propres termes. Il travaille en ce moment sur le projet d'arabisation du mot AUB pour une sculpture qui sera installée dans l'université, nouveau défi volumo-typographique.

L'agence de graphisme al-Mohtaraf qu'il a fondé en 1983 en Arabie saoudite est connue à l'international pour avoir révolutionné la calligraphie traditionnelle arabe. La boîte a notamment réalisé les identités graphiques de la Foire internationale du livre arabe de Beyrouth, de la Beirut Art Fair ainsi que d'enseignes commerciales... Pour Kameel Hawa, design, art, graphisme et écriture ne sont nullement séparés, l'art étant partout dans la vie quotidienne, même « dans un bon lancer au basket-ball » ou « dans une belle affiche publicitaire ».
D'où la volonté de l'artiste à ne pas se limiter à un seul type d'expression, passant aisément de la typographie à la peinture, à la sculpture, la sérigraphie ou la photographie...

 

Pour mémoire
Kameel Hawa revient à la ligne

Dressé sur ses trois jambes, ou sur ses trois lettres, le nom de Beyrouth est fièrement arboré, du haut de ses cinq mètres, dans l'espace public en face de la marina, à Zaytounay Bay. Tel un drapeau hissé au milieu du décor urbain, la sculpture typographique de Kameel Hawa dit en trois lignes et cinq points son amour pour Beyrouth : une ville « arabe, moderne et fière ».Pour le...

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