L'Unesco a condamné hier la mort de cinq personnes et la destruction de plusieurs maisons de la vieille ville de Sanaa, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.
À Paris, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'est ainsi dit « profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l'un des plus anciens joyaux de l'urbanisme islamique au monde ». « Je réitère mon appel à toutes les parties à respecter et protéger l'héritage culturel du Yémen », « symbole d'une histoire millénaire » qui « appartient à toute l'humanité ». Édifiée dans une vallée au milieu des montagnes à 2 200 mètres d'altitude, Sanaa était aux VIIe et VIIIe siècles un important centre de propagation de l'islam. On y décompte 103 mosquées, 14 hammams et quelque 6 000 maisons, dont des maisons-tours ou d'autres en pisé, construites avant le XIe siècle.
L'Arabie saoudite, qui mène depuis fin mars des raids aériens contre les houthis, a démenti être derrière la frappe à Sanaa, suggérant qu'il s'agissait de l'explosion d'un stock d'armes des rebelles. Des témoins et des sources médicales avaient pourtant affirmé qu'un missile de la coalition avait chuté avant l'aube sans exploser dans le quartier de Qassimi, où se trouvent des milliers de maisons vieilles de plusieurs siècles. La chute du missile a démoli des maisons et tué cinq personnes, dont une femme et un enfant, avaient-ils ajouté. « Nous avons vu la lumière du missile lancé depuis un avion. On s'attendait à ce qu'il explose mais ce n'est pas arrivé (...) Nous avons senti l'impact du missile quand il a touché le sol », a indiqué un habitant, Ahmad al-Ameri.
Par ailleurs, les avions de la coalition ont frappé ces dernières heures des positions et dépôts d'armes appartenant aux rebelles et à leurs alliés, des forces restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, à Sanaa ainsi que dans la province pétrolière de Marib.
Le conflit au Yémen a fait 2 584 morts et 11 065 blessés, a indiqué hier un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le bilan a été établi le 7 juin. L'OMS ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants.
Ces derniers développements interviennent à quelques jours de pourparlers de paix prévus lundi à Genève, sous l'égide de l'Onu, entre le camp du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et celui des rebelles chiites houthis pour tenter de créer les conditions d'une désescalade à plus de deux mois de conflit.
(Source : AFP)