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Liban - Communautés

Raï à Damas : « La conscience du monde est morte ! »

Le patriarche maronite espère que la déclaration d'intentions CPL-FL ne sombrera pas « dans le blocage et le sadisme politique ».

« Je suis tous les jours à Damas, par la prière », a déclaré le patriarche Raï dans la cathédrale syrienne. Photo Ani

C'est avec une très grande émotion que les maronites de Damas ont accueilli hier le patriarche Béchara Raï, venu sur place à la demande du patriarche grec-orthodoxe Jean X Yazigi, pour participer à la réunion annuelle des patriarches orientaux, qui se tient aujourd'hui au siège de l'évêché grec-orthodoxe, en présence de tous les patriarches se réclamant d'Antioche (les patriarches grec-orthodoxe, grec-catholique, syriaque-orthodoxe, syriaque-catholique et maronite).


La réunion annuelle des patriarches orientaux catholiques et orthodoxes à laquelle assiste le patriarche Raï se tient habituellement au Liban. Mais pour rassurer les chrétiens de toutes les Églises, et d'un commun accord, les dignitaires religieux ont choisi de la tenir, cette année, à Damas. « Je suis tous les jours à Damas, par la prière. Je porte sa cause partout où je vais et avec tous ceux que je rencontre ! », a confié le patriarche maronite à tous ceux qui l'ont approché hier.


Arrivé par la route, Mgr Raï a rendu visite à l'Hôpital français de Damas, avant de se rendre en la cathédrale Saint-Antoine des maronites, à Bab Touma, où l'attendaient les patriarches Jean X des grecs-orthodoxes, le patriarche syriaque-orthodoxe, Ignace Ephrem II Karim, le nonce apostolique à Damas, Mgr Mario Zenari, l'évêque maronite de Damas, Samir Nassar, et une foule innombrable de fidèles. Après la messe, il a inauguré le nouveau centre paroissial Mgr Raymond Eid, à proximité de l'église.
« Nous allons réfléchir ensemble, nous unir en pensée, en paroles et en actes, porter ensemble le souci de notre peuple en Syrie et en Irak ainsi que dans les divers pays du Moyen-Orient où il souffre, dans l'espérance que la passion du Vendredi Saint est suivie, le troisième jour, de la Résurrection », a-t-il dit dans son homélie, donnant le sens purement pastoral de cette démarche patriarcale.

 

Tenir bon
« En dépit des partisans de la guerre, de tous ceux qui la financent et des mercenaires qui en font un métier et un profit, je suis convaincu que cette vague de violence est passagère ; nous sommes invités à tenir bon, a-t-il ajouté. Beaucoup ont versé leur sang, beaucoup sont morts en martyrs, mais leur sang n'a pas été versé en vain. Beaucoup aussi ont été poussés à l'exode. On avance le chiffre de 12 millions de Syriens. Ceux-là non plus, leurs souffrances ne sont pas vaines. Dieu est le Seigneur de l'histoire et non pas les trônes de ce monde. Nous sommes placés en Orient face à des stratégies absurdes de guerre, de destruction, de mort et l'éradication de toute espérance du cœur des gens. Mais prenons patience et ne perdons pas l'espérance. »


« Je joins ma voix à celle du pape François qui ne laisse pas passer une semaine sans prier pour la paix en Syrie, a repris le patriarche Raï. Car le monde est rempli de malice et il a besoin de rédemption. Et le prix de ce rachat, c'est aux innocents de le payer. Ceux qui ont été déplacés de chez eux, ceux qui vivent dans l'incertitude du lendemain, eux aussi paient le prix, tout comme ceux qui ont perdu la vie. L'essentiel, c'est de ne pas perdre notre maturité chrétienne. Voilà le sens de ce que nous évoquerons demain au siège de l'évêché orthodoxe. Nous patriarches sommes avec vous, à vos côtés, devant vous, avec vous dans la prière ;
nous portons la cause de tous les chrétiens, des peuples de Syrie, d'Irak, de Palestine et du Yémen et de tout pays qui souffre. Nous sommes là comme nous sommes au Liban ou à Rome. Nous, les cinq patriarches orientaux, sommes là pour prier pour la paix. Nous prions pour la paix en Syrie et dans la région ; nous prions pour la conscience morte de la communauté internationale. Nous prions pour un règlement pacifique de la crise en Syrie, et pour que les Syriens, chrétiens et musulmans, restent attachés à leur terre, et pour le retour chez eux, dans la dignité, de ceux que la guerre a déplacés. Ne perdez jamais votre espérance ! »

 

Visite à Maaloula ?
« Il y a toujours eu des objections à ma venue en Syrie, a-t-il par ailleurs répondu à ceux qui l'interrogeaient à ce sujet, mais nous avons trois évêchés en Syrie et je dois être auprès de mon peuple. »
Selon l'Agence nationale d'information, le patriarche a accueilli en soirée au siège de l'évêché maronite, où il loge, le ministre syrien des Wakfs islamiques Mohammad Sayyed Ali, à la tête d'une délégation de dignitaires religieux. Toutefois, en dehors de cette démarche protocolaire, la visite pastorale en Syrie du patriarche maronite ne devrait normalement pas comprendre d'entretien avec des officiels syriens.
Mgr Raï devrait être de retour ce soir même à Bkerké. Une chaîne de télévision a affirmé qu'il pourrait visiter, après la réunion au patriarcat grec-orthodoxe et avant de rentrer, le village de Maaloula où la langue du Christ, l'araméen, est toujours parlée. Ce village historique avait été capturé l'année dernière par les jihadistes, avant d'être repris. Ses églises et ses habitations endommagées par la guerre sont aujourd'hui en reconstruction.

 

Le document d'entente
Le matin, dans son homélie dominicale, le patriarche avait brièvement évoqué, en s'en félicitant, la déclaration d'intentions du 2 juin de Michel Aoun et Samir Geagea, dont il avait reçu copie samedi.
« La déclaration proclame son attachement à la Constitution, au pacte national, à la démocratie, a-t-il notamment affirmé. Nous espérons que toutes les parties libanaises et régionales se dépêcheront de l'appliquer. La règle d'or dans ce domaine demeure l'intérêt de l'État et de la patrie. Nous espérons que cette règle sera respectée et que les hommes politiques et leurs blocs ne succomberont pas à la tentation de l'épreuve de force et de la paralysie des institutions, tourmentant la population, comme par une sorte de sadisme politique. »

 

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commentaires (10)

DE QUEL MONDE, CHER PATRIARCHE, PARLEZ-VOUS ? IL N'Y A PLUS DE MONDE NI DE GENS VIVANTS... IL Y A DES ZOMBIES ! ET LES ZOMBIES S'ENTRE-TUENT ET S'ENTRE-MANGENT...

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 22, le 11 juin 2015

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Commentaires (10)

  • DE QUEL MONDE, CHER PATRIARCHE, PARLEZ-VOUS ? IL N'Y A PLUS DE MONDE NI DE GENS VIVANTS... IL Y A DES ZOMBIES ! ET LES ZOMBIES S'ENTRE-TUENT ET S'ENTRE-MANGENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 22, le 11 juin 2015

  • La conscience du monde est vivante... la Preuve! Yen a qui ont décidé de voir le point blanc dans le cerle noir, et pas le contraire.

    Ali Farhat

    03 h 22, le 10 juin 2015

  • La conscience des puissants de ce monde n'est-t-elle pas morte depuis belle lurette? Chaque résolution de l'Onu restée lettre morte n'atteste-t-elle pas de la politique de l'autruche de la communauté internationale qui bien souvent regarde sans voir, entend sans écouter en appliquant le principe de deux poids deux mesures?

    Dounia Mansour Abdelnour

    00 h 59, le 09 juin 2015

  • attendez, le patriarche ne peut etre condamner pour s'etre rendu en syrie .. non cela est meme primordial pour les chrétiens de se pays et fédérateur des chrétiens d'orient .. meme en recevant le ministre du waqfs (car c'est de coutume ou protocolaire presque) il ne faut pas oublier que le patriarche ne c'est pas entretenue avec aucuns officiel, en partant en syrie il reconnaît par contre les droits des chrétiens (comme la charite bien ordonner commence par soi-même le patriarche d'abord leur a ouvert les bras et ses oreilles), pour que la communaute international bouge plus la ou le patriarche a commis une erreur c'est qu'en syrie il n'a meme pas mentionner les prisonniers libanais, il se devait de le faire c'est meme une des SEULES qui devait ressortir de sa bouche ... de par la nature de son role !!!

    Bery tus

    18 h 16, le 08 juin 2015

  • Comment peut-on parler de conscience devant un tel massacre d'être et reconnaître la légitimité de ce dictateur et sa famille qui n'ont jamais eu conscience de leurs crimes Cher Patriarche, vous n'avez rien à faire en Syrie Le Petit Hitler a besoin des combattants Hezbollah et des iraniens, et aussi des russes pour lui livrer des armes Les Chrétiens ont besoin , beaucoup besoin, de vous au Liban

    FAKHOURI

    16 h 49, le 08 juin 2015

  • S'il avait une conscience notre patriarche il aurait déjà refusé de mettre les pieds dans une Syrie massacrée par le régime qui le reçoit, lui donnant de facto une certaines légitimité de prétendant défenseur des minorités et se mettant de facto dans son giron. Oui il y a des paroissiens en Syrie mais il y a aussi des Libanais prisonniers et d'autres qui ne peuvent la piffrer pour des raisons que nous connaissons tous!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 14, le 08 juin 2015

  • La dénonciation de la " conscience morte de la communauté internationale" manifeste un mépris destructeur envers les institutions internationales: n'est-ce pas une grande faute pour un Patriarche?

    Beauchard Jacques

    10 h 46, le 08 juin 2015

  • CHER PATRIARCHE... IL N'Y EUT JAMAIS DE CONSCIENCE DANS LE MONDE POLITIQUE... IL N'Y EUT ET N'Y A QUE LES INTÉRÊTS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 08 juin 2015

  • Qui a déplacé "12 millions de Syriens" par ses bombardements indiscriminés contre la population civile et en a donné au Liban, en "cadeau", presque deux millions ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 46, le 08 juin 2015

  • En vérité, en vérité on vous le dit, en ce temps-là, Bkérkéh engendra un grand Batrak ! Il fut nommé Mâr Nassrallâh. Spontanément, autour d'un Hakîm enamouré mais indiscret, un collège de bons maronitiques se forma qui entretint le mystère ! Jusqu'au jour où un second réseau de simili-initiés chréti(e)ns et niais déchira le voile au profit d’un simple Râëéééh. C'est dire que cette ténébreuse affaire maronitique dégage un fumet de déjà-vu et déjà entendu, compte tenu du choc des images et du poids des mots. Quoi qu'il en soit, au cours des vêpres ou des dîners en ville, kif kif, ceux qui en ont entendu parler mais pas vu les photos anthropométriques, disputent à ceux qui ont vu ces anthropométries mais pas entendu parler ; et sous l'œil accablé de ceux qui n'ont ni vu ni entendu, et qui n'en pensent pas + de l'intérêt des mirobolantes élucubrations de ce Râëéééh et de sa clique bariolée d’ensoutanés. Pour ce qui concerne ces Sains-là de Samîr, par contre, ils avouent avoir surtout été stupéfiés par la réaction de cette Église syriaco-apostolique n’est-ce pas, qui s'est mise dans tous ses coinniques états soutane au vent et moult évangiles apocryphes brandis, comme si elle voulait leur pondre un nouveau dogme genre râëéhhh spécialement pour leurs Sains "méfaits?"…. à son égard !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 29, le 08 juin 2015

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