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Moyen Orient et Monde - Témoignage

Le cri d’alarme d’un prêtre assyrien : « Nous craignons un massacre à Hassaké »

Entre 600 et 1 000 familles chrétiennes vivant dans la ville sont en danger, selon le religieux.

Des membres présumés de l’EI dans la région de Hassaké, en Syrie, en juin 2014. Photo d’archives Albaraka News/AFP

Alors que depuis le 30 mai, le groupe État islamique (EI) tente de s'emparer de Hassaké, chef-lieu de la province du même nom du nord-est de la Syrie, un prêtre assyrien résidant à Beyrouth, mais qui est en contact régulier avec la communauté chrétienne présente dans la ville, confie son angoisse à L'Orient-Le Jour.

« La situation est extrêmement difficile dans la ville, explique ce prêtre qui a requis l'anonymat. Je crois que les jihadistes de l'EI tentent de pénétrer dans la ville du côté sud. Ils sont à quelques centaines de mètres. » Il précise que son cousin se trouve toujours sur place et que sa famille avait été kidnappée par les jihadistes en février dernier. Le père assyrien craint donc le pire au cas où les extrémistes réussiraient à entrer à Hassaké où vivent selon lui entre 600 et 1000 familles assyriennes et syriaques.
« La présence chrétienne dans cette localité est menacée », s'inquiète-t-il. Le prêtre assure également qu'il n'y pas de milices chrétiennes pour les défendre. « Il se peut qu'il y ait quelques individus armés qui défendent leurs propres maisons et biens, mais rien de plus, affirme-t-il. L'armée du régime syrien et les milices kurdes sont néanmoins déployées dans la ville. »
« Nous craignons un massacre. Il y a des enfants, de jeunes filles qui sont en danger, et la plupart d'entre eux n'ont pas les moyens financiers pour prendre la fuite », lance-t-il.

 

(Lire aussi : Un combattant chrétien décapite un jihadiste de l'EI à Hassaké)


Plusieurs assyriens ont toutefois réussi à se réfugier au Liban ces derniers jours, souligne le religieux, faisant mention de 20 à 30 personnes qui ont pu traverser la frontière. « Plusieurs familles sont attendues dans les jours à venir. Elles ont réussi à se réfugier dans la ville de Qamichli, dans le Nord-Est, tenue par les Kurdes. Elles doivent prendre l'avion pour Damas et de là rejoindre le Liban par la route », ajoute-t-il.
Si les autorités libanaises interdisent désormais officiellement l'entrée de réfugiés dans le pays, le père explique que la Sûreté générale se montre « compréhensive » et laisse passer les réfugiés quand il s'agit de « cas humanitaires ». Mais les difficultés ne disparaissent pas pour autant pour ces réfugiés une fois arrivés au Liban. « Leur première semaine passée, ils deviennent en situation irrégulière, explique le prêtre. Nous tentons de régulariser leur séjour avec les autorités, mais leurs conditions de vie demeurent lamentables. »

 

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« La chute de Hassaké risque de porter un gros coup au moral de l'armée syrienne »

 

Les jihadistes de l'EI sont aux portes de Hassaké. Capture d'écran France 24

 

Propos recueillis par Caroline HAYEK

Les jihadistes de l'État islamique multiplient les assauts pour s'emparer de Hassaké, au nord-est de la Syrie. Frédéric Pichon, chercheur associé à l'Université de Tours et auteur de Syrie : pourquoi l'Occident s'est trompé, interrogé par L'Orient-Le Jour, tente d'apporter quelques éléments d'éclairage.

Pourquoi l'EI cherche-t-il à s'emparer de Hassaké? Est-ce une ville stratégique?
En effet, c'est une ville stratégique dans la mesure où elle se trouve dans le bec de canard, aux confins de l'Irak et de la Turquie. C'est aussi un endroit où il y a une importante garnison de l'armée syrienne. L'État islamique a besoin de contrôler cette frontière-là, vitale pour son financement et ses opérations de contrebande.

Quelles sont les forces en présence ? Est-ce que le régime est prêt à défendre la ville ? Est-ce une priorité?
Les forces kurdes mènent des opérations conjointes avec l'armée syrienne, après les incidents entre les deux début 2015. Cependant, je ne sais pas si les Kurdes combattent actuellement l'EI.
En tout cas, ce scénario laisse largement douter du narratif qui est servi depuis des semaines, qui est que le régime favoriserait l'EI. On se dirige vers un scénario semblable à la prise de Palmyre. La chute de Hassaké risque de porter un gros coup au moral de l'armée syrienne, car le modus operandi de l'EI est brutal, imparable. Au vu des dernières vidéos des jihadistes qui circulent sur Twitter, leur cible serait l'armée syrienne pour l'instant. Elle est nommément visée. Aucune mention en revanche des Kurdes pour l'instant.

 

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Repère
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