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Liban - L’éclairage

L’initiative Aoun née pour prolonger le vide présidentiel

Les efforts des leaders libanais en vue de « libaniser » la présidentielle se sont jusqu'à présent soldés par un échec, et ce en dépit des appels de l'extérieur visant à élire un chef de l'État made in Lebanon. Les leaders musulmans font assumer aux forces chrétiennes la responsabilité de n'avoir pu aboutir à un accord entre elles sur un candidat. C'est dans cette optique que le président de la Chambre, Nabih Berry, affirme ainsi que « la clef du problème présidentiel réside chez les maronites ». Or, pour le Courant patriotique libre (CPL), la crise est autrement plus complexe. Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, estime pour sa part qu'on ne saurait limiter la responsabilité de l'élection présidentielle aux seuls chrétiens puisqu'il s'agit d'une échéance nationale. En d'autres termes, il s'agit d'une responsabilité commune, et tout le monde assume une part de culpabilité dans le maintien du vide à Baabda.
Le patriarche Raï appelle les députés à respecter la Constitution et à assumer leurs devoirs constitutionnels. Un diplomate occidental va plus loin et se demande pourquoi les parlementaires boycotteurs ne démissionneraient pas. « Comment leur demander des comptes alors qu'ils violent la Constitution ? » ajoute ce diplomate, précisant que tout pays a des solutions pour parer aux crises constitutionnelles qui surviennent, dans la mesure où il serait impensable qu'une élection présidentielle reste suspendue ainsi sans aucune issue au problème.
Un ancien député qui a pris part aux réunions de Taëf affirme que le document d'entente nationale n'a pas traité de la question du quorum de l'élection présidentielle. La Constitution stipule que le président est élu à la majorité des deux tiers au premier tour et à la majorité absolue à partir du second. Le bureau de la Chambre a créé une hérésie en fixant le quorum aux deux tiers, sans déterminer d'issue pour parer au défaut éventuel d'un tel nombre de députés, ajoute cet ancien parlementaire, qui demande à l'ancien président de la Chambre Hussein Husseini de publier les procès-verbaux des réunions de Taëf afin de dévoiler la vérité sur ce qui s'est produit concernant ce problème. Onze anciens députés présents à cette réunion ont déjà rendu visite à M. Husseini pour lui réclamer cela et comprendre, en prenant connaissance des discussions lors des séances de Taëf, quelle était la volonté du législateur, mais en vain.
Selon un diplomate occidental, des États européens ont pu sortir d'une telle impasse en décidant qu'en cas d'impossibilité d'assurer un quorum de deux tiers au bout de trois séances électorales, le quorum passe de facto à la majorité absolue. Un ministre estime donc que la solution serait de modifier le quorum. Pour un ancien député ayant participé aux réunions de Taëf, il est clair que l'une des parties ne veut pas d'élection présidentielle et aspire au vide sur base d'un agenda qui dépasse le contexte libanais. Le président Berry s'est livré, dans ce sens, à une entourloupe lors de la première séance électorale. Au lieu de clôturer le premier tour, il s'est contenté de lever la séance après le départ des députés du 8 Mars de l'hémicycle. Cela signifie que nous en sommes encore au premier tour de l'élection présidentielle, pas au second, et que le quorum pour que la séance ait lieu est toujours celui des deux tiers. Pour un ancien ministre, il est clair qu'un camp a poussé exprès au vide après avoir empêché la prorogation du mandat Sleiman. Les milieux du leader d'un parti nordiste reconnaissent d'ailleurs que le vide présidentiel est souhaité par une puissance régionale et que les parties locales ne font que répondre à cette volonté.
Les milieux proches du patriarcat expriment, pour leur part, le mécontentement de Mgr Raï face à la manière avec laquelle l'échéance est gérée par les différentes parties, d'autant que personne n'a fait de proposition concrète pour sortir de l'impasse. Des sources bien informées affirment que lors de sa rencontre avec la délégation de parlementaires aounistes venue lui exposer les propositions du général Michel Aoun pour débloquer l'échéance, Mgr Raï a souligné qu'il est « en faveur de tout ce qui accélère l'élection et contre tout ce qui la retarde ». De leur côté, le chef du parti Kataëb, l'ancien chef de l'État Amine Gemayel, ainsi que Nabih Berry, les Forces libanaises et le courant du Futur ont tous critiqué l'initiative aouniste, estimant qu'elle ne fait que prolonger la crise présidentielle. Les propositions du chef du CPL nécessitent en effet un amendement de la Constitution, et les temps n'y sont guère opportuns. Selon un cadre chrétien présent à l'une des réunions avec les parlementaires aounistes, la délégation a reconnu que l'initiative a besoin d'un mécanisme d'application et que le dialogue ne porte pour l'instant que sur l'acceptation de la démarche elle-même, sans passer encore à l'étude des mécanismes constitutionnels qui seraient mis en place pour en assurer l'application. Partant, une telle initiative mériterait d'être étudiée à froid si la situation politique était stable et que les institutions n'étaient pas au bord de l'effondrement, souligne ce cadre. Les amendements constitutionnels requis par l'initiative Aoun nécessitent la présence d'un président de la République, ajoute-t-il, « faute de quoi nous serions en train de paver la voie à une Assemblée constituante et à un torpillage de Taëf », ce qu'aucune partie ne prétend souhaiter, comme l'avait affirmé Nabih Berry lors de la dernière séance de dialogue à Baabda sous le mandat Sleiman.
Des sources aounistes reconnaissent que l'initiative est en deux temps : celui de l'acceptation puis celui de la mise en application, et qu'un consensus national autour du projet est nécessaire. Cependant, pour certains milieux politiques du 14 Mars, cette initiative est une perte de temps et n'a aucun horizon. Pour ces milieux, le général Aoun prône un référendum chrétien pour déterminer les deux candidats chrétiens les plus forts en vue d'un duel présidentiel. Cela revient, en pratique, à désigner de facto les deux leaders les plus populaires, Michel Aoun et Samir Geagea, comme les deux candidats à l'élection. Pourquoi alors faire tout ce détour ? Les deux étant déjà candidats, qu'ils aillent se mesurer à la Chambre dans le cadre d'une élection régulière ! Ou, à défaut, qu'ils s'entendent sur un candidat tiers, qui serait un président de consensus !
Il est clair que la proposition Aoun ne sortira pas la présidentielle du bourbier dans lequel elle se trouve. Il s'agit d'une initiative « vide et sèche », pour reprendre les termes utilisés par un leader du 8 Mars à son sujet. L'intérêt que certaines parties souhaitent donner à cette proposition, estime ce leader, signifie que, pour l'extérieur, les temps du déblocage ne sont pas encore venus... en attendant l'accord sur le nucléaire et l'éclaircie dans les relations irano-saoudiennes, sur laquelle Washington travaille d'arrache-pied en essayant d'assurer une rencontre entre les chefs de la diplomatie de Téhéran et Riyad pour ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays.

Les efforts des leaders libanais en vue de « libaniser » la présidentielle se sont jusqu'à présent soldés par un échec, et ce en dépit des appels de l'extérieur visant à élire un chef de l'État made in Lebanon. Les leaders musulmans font assumer aux forces chrétiennes la responsabilité de n'avoir pu aboutir à un accord entre elles sur un candidat. C'est dans cette optique que le...

commentaires (3)

MAIS QUE FAIT L'AUTRE PARTIE D'AUTRE QUE CRITIQUER LE PARAVENTISSIME ? Où EST LEUR SOLUTION ? CAR AINSI IL NE S'AGIT PLUS D'UN BOYCOTTEUR... MAIS DE BOYCOTTEURS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 31, le 21 mai 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • MAIS QUE FAIT L'AUTRE PARTIE D'AUTRE QUE CRITIQUER LE PARAVENTISSIME ? Où EST LEUR SOLUTION ? CAR AINSI IL NE S'AGIT PLUS D'UN BOYCOTTEUR... MAIS DE BOYCOTTEURS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 31, le 21 mai 2015

  • MAIS CEUX QUI ONT VENDU LEUR CONSCIENCE ET LEUR ÂME À LA PERC(S)ÉE... COMME L'INDIQUE LE PRÉSIDENT HOLLANDE... SONT BEL ET BIEN DES MARONITES... TRÈS CHER PATRIARCHE RAÏ... QUI HÉSITEZ ENCORE DE NETTOYER VOTRE BERGERIE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 21 mai 2015

  • j'avais jurer de ne plus commenter depuis qu'on m'a imposer un baillon, mais je ne peux pas ne pas dire MERCI mille merci pour ces éclaircissement tres technique que certain ici n'arriveront jamais a piger ...!!

    Bery tus

    05 h 22, le 21 mai 2015

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