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Moyen Orient et Monde

Pourquoi Walid Raad, Ashok Sukumaran et Andrew Ross ont été expulsés des Émirats arabes unis ?

Human Rights Watch n’a pas cessé de dénoncer les abus subis par les travailleurs étrangers lors de la construction du Louvre d’Abou Dhabi. Marwan Naamani/AFP

Si les Émirats arabes unis se targuent d'être en passe de supplanter les capitales culturelles occidentales avec leur « Louvre » ou leur « Guggenheim », les conditions de travail des migrants employés sur les différents chantiers suscitent bien des interrogations.
Le Gulf Labor, un collectif d'artistes internationaux, vise à s'assurer des droits des travailleurs émigrés qui participent à la construction de musées sur l'île de Saadiyat à Abou Dhabi. Depuis l'annonce en 2004 du gouvernement émirati de faire de ce lieu un hub culturel et de loisirs, l'ONG Human Rights Watch (HRW) veille au grain. La première étape a été de vérifier auprès des développeurs immobiliers que leurs employés ne soient pas victimes d'esclavagisme moderne. Dans un rapport datant de février dernier, l'ONG a épinglé certains employeurs qui « continuent de retenir les salaires et avantages de migrants, de ne pas rembourser leurs frais de recrutement, de confisquer leurs passeports et de leur fournir des logements de mauvaise qualité ».
Le collectif d'artistes a de son côté lancé en 2011 une pétition afin que la fondation Guggenheim (à New York) obtienne les garanties contractuelles qui protégeront les droits des ouvriers sur le chantier de leur nouveau musée qui devrait ouvrir ses portes en 2017. Depuis quatre ans, la direction américaine est priée d'agir en ce sens, mais il semblerait que les autorités de l'émirat la contraignent à « faire l'autruche ».
Le 11 mai, l'artiste libanais Walid Raad a été interdit de territoire à son arrivée à l'aéroport de Dubaï et expulsé manu militari pour « raisons de sécurité ». M. Raad n'a pourtant jamais eu aucun mal à se rendre aux Émirats, où il a d'ailleurs exposé en 2011, à la Biennale de Sharjah. L'artiste indien Ashok Sukumaran aurait subi le même sort début mai, de même qu'Andrew Ross, de l'université américaine NYU un mois plus tôt. Le dénominateur commun entre ces trois personnages connus de la scène culturelle internationale ? Ils sont signataires de la pétition. Dans une tribune sur le site du Gulf Labor, quelques jours après son renvoi du pays, l'artiste libanais s'est dit « consterné et triste » par cette décision, surtout que ses œuvres sont exposées dans le cadre une collection permanente du musée Guggenheim à New York, ainsi qu'au British Museum de Londres.
Le collectif d'artistes participera à la 56e Biennale de Venise, du 29 juillet au 9 août prochains, et présentera son rapport sur les conditions de travail des migrants dans le cadre de l'exposition Tous les avenirs du monde.
C. H.

Si les Émirats arabes unis se targuent d'être en passe de supplanter les capitales culturelles occidentales avec leur « Louvre » ou leur « Guggenheim », les conditions de travail des migrants employés sur les différents chantiers suscitent bien des interrogations.Le Gulf Labor, un collectif d'artistes internationaux, vise à s'assurer des droits des travailleurs émigrés qui...

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