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Économie - Liban - Finance

Le microcrédit à la sauce chrétienne

La Coopérative libanaise de développement est un organisme de microcrédit réservé à une clientèle chrétienne. Institution à but non lucratif, elle affiche une croissance soutenue et dégage même des bénéfices.

La Coopérative libanaise de développement finance de nombreux projets, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’artisanat.

Encourager et faciliter la réinsertion des déplacés chrétiens dans leur village d'origine. C'est l'objectif que s'est fixé la Coopérative libanaise de développement (CLD), une structure de microcrédit, fondée en 1992 par une palanquée de notables maronites, réunis autour de Fouad el-Khazen. Et ça marche : En 2014, la CLD a financé les projets de quelque 430 emprunteurs pour une enveloppe totale avoisinant les 2 millions de dollars.

Si elle intervient dans toutes les régions, cette officine de microcrédit se concentre sur les projets (existants ou en voie de création) dans les domaines de l'agriculture, de l'agroalimentaire ou de l'artisanat. En plus de pratiquer un faible taux d'intérêt (6,5 %), alors que la majorité des microcrédits au Liban est octroyée avec des taux gravitant autour de 13 %, cet organisme réserve ses services à une clientèle chrétienne. « Au début, la CLD ne traitait qu'avec les Libanais de confession maronite. Ce critère de sélection s'est ensuite assoupli pour inclure tous les courants du christianisme pratiqués au Liban, ainsi que les ménages mixtes », explique l'avocat Serge Oueiss, qui assure la gestion de la structure depuis 7 ans.*

Coopérative et partenariats

La CLD est une coopérative à but non lucratif. Son capital d'un montant de 800 000 dollars est constitué des contributions de près de 400 particuliers. « Contrairement aux autres organismes de microcrédit au Liban, qui dépendent du ministère de l'Intérieur, la CLD est sous la tutelle de la direction générale des coopératives, rattachée au ministère de l'Agriculture », précise le juriste. Du fait de cette particularité, tous les donateurs et les bénéficiaires de l'institution ont le statut de sociétaires. Une autre conséquence de ce choix est que le bénéficiaire d'un prêt de la coopérative bénéficie de plusieurs exonérations fiscales. Il échappe ainsi à la taxe de 1 % qui porte sur l'hypothèque d'un bien-fonds ainsi que celle de trois pour mille portant sur l'emprunt. « Ce sont ces avantages qui permettent à la CLD de rester rentable malgré la faiblesse des taux d'intérêt pratiqués et sa politique de flexibilité à l'égard des emprunteurs, ajoute Serge Oueiss. Notre taux de renouvellement de crédit est de 15 %, ce qui est satisfaisant. Entre 2013 et 2014, le nombre de prêts accordés ainsi que le total des montants versés par la CLD ont augmenté de 29 et de 30 % respectivement. » Une performance en nette progression par rapport à celle enregistrée un an plus tôt et qui a permis à l'institution de clôturer 2014 avec 25 000 dollars de bénéfices nets.

L'essentiel des sources de financement de la CLD est issu des appels aux dons et de différents partenariats noués par l'institution. En 2011, l'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) a ainsi inclus la coopérative dans un programme de 12 millions de dollars pour le développement du microcrédit au Liban (LIM). Pour l'ancien directeur du programme, Mahmoud el-Zein, la discrimination confessionnelle ne met pas en cause l'intérêt du projet. « Ce qui importe au premier chef, ce sont les garanties de transparence et l'engagement au niveau social », assure-t-il.

Trois banques ont également accepté d'apporter leur soutien, dans le cadre de la circulaire 93 émise en 2004 par la Banque du Liban (BDL) qui encadre le microcrédit. Byblos Bank, la BLF et la Banque de l'industrie et du travail (BIT) ont ainsi ouvert des lignes de crédit à la CLD pour des montants respectifs de 1 million de dollars, de 800 000 dollars et de 660 000 dollars. La coopérative peut enfin compter sur des partenariats divers, comme celui qui la lie au secrétariat général des écoles catholiques ou encore au Centre maronite de recherche, pour étoffer la palette de projets susceptibles d'être financés.




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