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Moyen Orient et Monde - Décryptage

« L’Arabie saoudite a déjà perdu la partie » au Yémen

Majed Nehmé, directeur du magazine « Afrique-Asie » et auteur de nombreux ouvrages autour des questions géopolitiques, fait le bilan après 3 semaines du début de « Tempête de la fermeté ».

Manifestation devant le siège de la délégation des Nations unies à Sanaa pour réclamer la fin des raids aériens. Khaled Abdullah/Reuters

Trois semaines après le début de la campagne aérienne de la coalition constituée sous l'égide de l'Arabie saoudite, l'épreuve de force se poursuit au Yémen. Les raids aériens n'ont jusque-là pas permis une inversion du rapport de force sur le terrain. Après le refus, vendredi, du Pakistan d'envoyer des troupes et du matériel militaire en renfort à son allié saoudien, Riyad a confirmé, hier, la formation d'une commission avec l'Égypte pour tenir de « grandes » manœuvres militaires conjointes dans le royaume saoudien. Il semblerait ainsi que les bénéfices politiques de l'Arabie saoudite restent subordonnés aux gains militaires. En ce sens, la résolution adoptée mardi soir au Conseil de sécurité imposant en embargo sur les armes contre les rebelles houthis viserait à favoriser un changement dans la configuration du rapport de force sur le terrain. Néanmoins, le scepticisme demeure quant aux résultats escomptés. Majed Nehmé, directeur du magazine Afrique/Asie et auteur de nombreux ouvrages autour des questions géopolitiques, livre son analyse de la situation.
Revenant sur les épisodes des derniers jours, M. Nehmé estime que le refus du Pakistan « va amener Riyad à comprendre que tout n'est pas monnayable ». En effet, l'exigence saoudienne de la mise à disposition de troupes composées de militaires exclusivement sunnites aurait constitué une menace pour l'unité de l'armée pakistanaise et entraîné des conséquences graves sur le plan interne dans un pays où la situation intercommunautaire est extrêmement tendue. Selon lui, la position du Pakistan, allié historique de l'Arabie mais qui bénéficie aujourd'hui d'une plus grande marge de manœuvre, « va pousser les sages du royaume à faire entendre leur voix et à revoir la stratégie des ultras », portée par le tout nouveau ministre de la Défense Mohammad ben Salman et l'indéboulonable ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal. Il estime qu'« un changement dramatique au sein de la famille régnante n'est pas à exclure ». Selon lui, donc, le refus pakistanais semble fragiliser la position saoudienne en entamant la cohérence de la coalition.

 

Manœuvres conjointes sans effet sur le terrain
L'organisation de manœuvres conjointes s'apparente davantage, selon Majed Nehmé, à une démonstration de force sans conséquences sur le terrain. Elle ne vise pas à créer une offensive mais peut avoir un effet dissuasif en cas d'attaque sur le territoire saoudien, scénario qui semble néanmoins exclu. « Cette gesticulation est en fait destinée à améliorer les conditions d'une solution politique qui permettrait aux Saoudiens de sauver la face ». Selon lui, même la résolution adoptée par le Conseil de sécurité prévoyant un embargo sur l'équipement militaire livré aux rebelles ne bouleverserait pas la donne dans la mesure où les houthis disposent de stocks d'armements suffisamment importants pour tenir un conflit long de plusieurs mois.


Par ailleurs, la campagne aérienne menée contre un mouvement de guérilla disposant d'une base populaire a des effets limités et toute évolution dans le rapport de force sur le terrain impliquerait une campagne terrestre. Or M. Nehmé rappelle que « l'armée égyptienne n'en a ni les moyens ni la volonté. Elle a d'autres problèmes à gérer notamment dans le Sinaï où elle peine à venir à bout des groupes jihadistes. Une offensive serait suicidaire. Et à part quelques incursions terrestres, je ne vois pas comment une armée saoudienne, suréquipée certes, mais inexpérimentée, pourrait faire face à une guérilla qui a déjà infligé de lourdes pertes à cette armée en 2009 ». Cette année-là, les rebelles houthis avaient mené une incursion en Arabie.

 

Solution négociée
Le réalisme politique pourrait-il prendre la forme de la proposition turque de se poser en médiateur et du plan iranien de sortie de crise. Pour Majed Nehmé, la recherche d'un compromis permettrait de rééquilibrer le rapport de force et préserver l'influence saoudienne, mais elle n'en resterait pas moins une défaite pour Riyad. « L'Arabie saoudite a déjà perdu la partie. La dernière résolution du Conseil de sécurité lui permet de s'engager dans des négociations avec les houthis et l'armée de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il y aura forcément un partage de pouvoir entre les différentes factions antagonistes, mais la part du lion reviendra au camp antisaoudien. Les Américains poussent dans ce sens car une poursuite du conflit va renforcer el-Qaëda, estime-t-il. Ce compromis devrait se traduire par une négociation globale avec l'Iran qui va freiner le soutien saoudien aux forces hostiles au régime syrien. »

 

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commentaires (7)

il est facile de déduire de telles conclusions !!! Profitant du peu d'efficacité des frappes (idée saugrenue d'un certain Obama) il est dommage de justifier par l'absence de résultats et par l'absurde la suite ou la fin d'une guérilla qui, par principe, ne sait pas comment batailler ... que par des combats de rues Il est dommageable de diffuser de telles idées et conclusions Nous sommes arabes, nous voulons vivre arabes, en paix avec le monde entier

FAKHOURI

18 h 03, le 16 avril 2015

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Commentaires (7)

  • il est facile de déduire de telles conclusions !!! Profitant du peu d'efficacité des frappes (idée saugrenue d'un certain Obama) il est dommage de justifier par l'absence de résultats et par l'absurde la suite ou la fin d'une guérilla qui, par principe, ne sait pas comment batailler ... que par des combats de rues Il est dommageable de diffuser de telles idées et conclusions Nous sommes arabes, nous voulons vivre arabes, en paix avec le monde entier

    FAKHOURI

    18 h 03, le 16 avril 2015

  • comment peut on déblatérer de sujet aussi chaud aussi succinctement et aussi tot dsns le cours des événements .. Cela s'appelle pronostiquer mais pas une prédiction ce ke je sais c'est que de toutes les façons JE NE SERAIS JAMAIS DU COTER DES PERSES, JE SERAI TJRS DU COTER DES ARABES MEME SI DES FOIS ILS agissent MAL, au moins ils respecte le peuple libanais et surtout ne vont pas enterrer un non libansis par force et sans demander a l'état justement !!

    Bery tus

    15 h 33, le 16 avril 2015

  • Je me frotte les yeux , en disant une petite priere , je me dis j'espere que c'est pas Scarlett qui a ecrit ca !! Je lis bien Lina Kennouche/olj ! Si je l'avais dit moi meme j'aurai imagine certains sourires moqueurs , et je prend un ami a temoin qui nous lit et a qui j'avais envoye un article francais il y a 2 jours de cela qui parlait du "dilemne bensaoud " . C'est pas parce qu'hier les bensaouds n'y arrivaient pas qu'ils pourront le faire aujourd'hui , c'est une question d'homme et de systeme , qu'ont ils ces gens la ? ni l'un ni l'autre . Ils comptent sur les autres pour reussir , eux croient que l'argent est sans limite , ils viennent de se render compte de leur incompetence . Mais c'est pas eux le probleme , c'est les geagix libanais qui les soutiennent et qui CROIENT en EUX . Voila le drame . Merci Lina Kennouche , revenez vers nous plus souvent , on est friand de verites pures .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 56, le 16 avril 2015

  • Plus je lis ,ce genre d'article " journaleusement ".... votre, plus j'ai l'impression d'avoir compris la problématique ...avec tout de même le doute persistant ...que c'est parce, qu' on me là mal expliquée....

    M.V.

    11 h 41, le 16 avril 2015

  • LA DÉCISION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ CONSACRE TOUTES LES CONDITIONS SAOUDITE... MAIS LA SAOUDITE A PERDU LE JEU... TEL EST LE VOEU IDIOT DES IDIOTS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 16 avril 2015

  • Analyse qui se tient mais laisse aussi penser a beaucoup de "wishful thinking".

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 04, le 16 avril 2015

  • UN AUTRE DÉCRYPTAGE... ÉCLAIRAGE... BAVARDAGE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 16 avril 2015

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