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Liban - Quatre ans après le soulèvement en Syrie

Derbas : Il est temps d’en finir avec les données fournies par l’UNHCR

Interrogé par « L'OLJ », le ministre des Affaires sociales insiste sur un recensement que devrait faire l'État des centaines de milliers (1,5 à 1,7 million) de réfugiés syriens.

Une réfugiée syrienne et ses enfants, sur un trottoir dans le quartier de Hamra, à Beyrouth, le 29 août 2014. AFP PHOTO/ANWAR AMRO

À la fin d'un hiver qui s'est révélé rude dans de nombreuses régions du Liban, la situation des réfugiés syriens et, naturellement, des Libanais les plus pauvres inquiète le ministère des Affaires sociales, qui espère plus de contribution internationale.
Selon un recensement du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) établi en 2014, on compte aujourd'hui au Liban entre 1,5 et 1,7 million de réfugiés syriens, soit 40 % des réfugiés de ce pays dans le monde. Ce recensement ne compte cependant pas les réfugiés palestiniens : déplacés des Territoires aux camps ouverts en Syrie, ils se voient aujourd'hui dans l'obligation de quitter la vie qu'ils s'étaient construite là-bas pour se réfugier au Liban, en tant que « Palestiniens de Syrie ».
Ne voulant pas suivre l'exemple de la Turquie ou de la Jordanie qui, dès les premiers afflux syriens, avaient ouvert des camps pour les réfugiés, le Liban les a accueillis à bras ouverts sans conditions. Jusqu'à l'étouffement. Contacté par L'Orient-Le Jour, le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas a déploré l'absence de camps de réfugiés « bien définis » sur le territoire libanais, à part ceux de la Békaa et du Liban-Nord : « Les réfugiés syriens sont partout au Liban, dans tous les quartiers de tous les villages, il y a actuellement 1 450 camps informels. » « Notre prochain projet, déjà présenté au gouvernement, est de procéder à un recensement de ces Syriens sur le terrain, afin d'établir une carte représentative de leur présence qui soit réalisée par l'État libanais. Il est temps que l'on ne se base plus sur des données fournies par l'UNHCR », a poursuivi M. Derbas.
Les familles syriennes jugées « vulnérables » sont soutenues au Liban par le Programme alimentaire mondial (PAM), qui crédite chaque mois de dix-neuf dollars, pour chaque réfugié enregistré auprès des Nations unies, une sorte de carte de paiement qui leur permet de se fournir en produits de première nécessité auprès d'épiceries désignées à l'avance par l'Onu. « La somme octroyée à chaque réfugié était de vingt-sept dollars, mais le manque de financement l'a réduite à 19 dollars, et ceci concerne exclusivement les réfugiés enregistrés auprès de l'UNHCR, donc ceux qui attendent leur enregistrement sont laissés pour compte », explique Hala Hélou, conseillère pour les affaires humanitaires et internationales auprès du ministre des Affaires sociales.
Cette somme reste naturellement très insuffisante si l'on veut décemment couvrir les besoins vitaux de ces réfugiés (1 170 000 inscrits), qui vivent pour la plupart dans des conditions précaires, sous des tentes et qui, selon des informations que le ministre Derbas n'a pas pu confirmer, tout en avouant qu'elles « ne (m')ont pas surpris », procèdent à la vente de leurs propres enfants à des familles étrangères, ou même à des ventes d'organes au marché noir afin de subvenir aux besoins de leurs familles.

Koweït III et les « espoirs »
« Le Liban est un pays qui souffre économiquement et qui n'est pas préparé à recevoir un si grand nombre de réfugiés, son infrastructure est totalement inappropriée pour cela », a insisté Mme Hélou, exprimant toutefois de « grands espoirs » de la conférence des donateurs dite Koweït III, qui se tiendra le 31 mars dans l'émirat et permettra de débloquer une somme de 2 milliards 100 millions de dollars en faveur d'un projet de stabilisation de la situation interne du Liban, et de plusieurs projets humanitaires concernant les réfugiés syriens et les familles libanaises particulièrement vulnérables. Lors de cette conférence, il sera demandé aux États de fournir cette aide financière « tant attendue » pour soutenir les pays voisins de la Syrie.
« Les pays comme le Liban ont besoin de beaucoup plus d'assistance financière, non seulement pour les communautés locales accueillant les réfugiés, mais également en guise d'appui au budget de l'État en vue des investissements structurels nécessaires dans les systèmes de santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau et en électricité et pour toutes les autres infrastructures publiques qui subissent d'énormes pressions », avait déclaré António Guterres, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, dans son allocution durant une séance d'information publique sur la situation humanitaire en Syrie au Conseil de sécurité, le 26 février 2015 à New York.
Les plans de réponse nationaux, eux, répondent aux besoins auxquels font face les pays voisins de la Syrie accueillant des millions de réfugiés. Le représentant du Liban auprès de l'Onu a indiqué à cet égard en février 2015 que seulement 52 % des fonds nécessaires pour financer le plan libanais de réponse à la crise syrienne avaient été réunis. L'impact de la crise syrienne, notamment en termes d'économie, de démographie, d'instabilité politique et de sécurité, continue de s'accentuer sur tout le territoire libanais. Une réelle manifestation de solidarité et de soutien international est cruciale pour le Liban, qui accueille le nombre le plus élevé de réfugiés syriens dans le monde. Sans cela, la capacité du pays à répondre et à résister à la crise syrienne sera encore plus sérieusement mise à l'épreuve.

 

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