Le député UMP Jacques Myard. Photo AFP
Le député français Jacques Myard, qui avait suscité une vive polémique suite à sa rencontre avec Bachar el-Assad à Damas, était hier soir l'invité d'un débat, en visioconférence à l'hôtel Smallville, avec les adhérents UMP résidant au Liban. Particulièrement détendu, le député UMP a pris le temps de répondre aux différentes questions concernant la visite des quatre parlementaires à Damas. S'il a une nouvelle fois répété que l'Élysée et le Quai d'Orsay avaient été mis au courant de cette démarche, le député UMP a commencé par rappeler qu'il avait été « soutenu par l'ensemble des députés UMP au nom de la liberté d'expression ». Devant une audience visiblement séduite par la teneur de ces propos, M. Myard a repris, à peu de choses près, les éléments du discours du régime syrien. En présentant la Syrie comme un État « laïc », « protecteur des minorités » et rempart contre l'islamisme radical, celui qui se défend d'être « l'avocat de Bachar » s'est fait, volontairement ou non, le porte-parole d'un régime qui n'en demandait pas tant.
Justifiant sa visite à Damas par une nécessité de renouer le dialogue avec la Syrie et de remplacer la diplomatie de salon par une connaissance véritable du terrain, le député UMP a admis que Bachar el-Assad n'était pas le « poussin du jour », qu'il « avait du sang sur les mains », et qu'« il avait utilisé les armes chimiques contre son peuple ». Malgré cela, M. Assad, qualifié de « boucher » par l'exécutif français, « fait partie des gens avec lesquels on peut parler, contrairement aux jihadistes d'al-Nosra ou de Daech dont la seule volonté est de nous faire la peau », explique M. Myard.
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Interrogé par un adhérent UMP sur son impression concernant le moral actuel du président syrien, M. Myard a décrit un homme « d'une grande sérénité qui ne donne pas du tout l'impression d'être refugié dans un bunker et de vouloir mettre fin à ses jours ». « Il a un langage et une pensée structurée sans fuir les questions », précise M. Myard. « C'est la deuxième fois que je vois Bachar el-Assad, et je n'ai pas eu le sentiment d'avoir en face de moi un homme fini », ajoute-t-il. Refusant de revenir sur la teneur de ses échanges avec le président syrien, la description de M. Myard aura au moins eu le mérite de rappeler à quel point le président syrien sait user d'habilité politique lorsqu'il s'agit de donner l'image d'un homme moderne et modéré.
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Interrogé par L'Orient-Le Jour, à la suite de la visioconférence, M. Myard, plutôt satisfait, a expliqué que la visite des parlementaires à Damas « avait filé un coup de pied dans la fourmilière ». « La France a fait l'erreur de croire, d'une part, que le régime allait tomber en quinze jours et, d'autre part, qu'il y avait une opposition démocratique », estime le député UMP. « Aujourd'hui, la priorité c'est de mettre fin à la guerre civile, de trouver une solution syro-syrienne. Parce que la Syrie est devenue le théâtre d'un conflit multinational, alimenté par des combattants étrangers dans les rangs jihadistes, qui sont financés par le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie », souligne M. Myard.
Tirant les conclusions de sa visite, il considère que le régime syrien est prêt à négocier politiquement sur trois plans différents : le cessez-le-feu à Alep, les négociations à Moscou et les débats au sein du Parlement. Concernant les critiques dont il a fait l'objet, il répond qu'il a reçu « des centaines de lettres de félicitations » et que les Français attendaient que « les choses bougent ». Évoquant son vote favorable à la reconnaissance de la Palestine, contrairement à certains de ses collègues à l'UMP, M. Myard finit par expliquer « qu'une politique étrangère ne se conduit pas avec des slogans de politique intérieure ».
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En faisant abondamment référence au général de Gaulle et aux passages les plus sombres de l'histoire moderne, M. Myard aura réussi à propager un discours dont le socle repose sur de nombreuses évidences, parmi lesquelles l'intervention de plusieurs pays arabes dans le conflit syrien, la nécessité de discuter avec le régime, au moins par pragmatisme politique, et la réalité de la menace terroriste. Mais ce discours en apparence séduisant ne résiste pas aux faits. Parce que M. Myard, ou toute autre personne, aura bien du mal à contredire le fait que plus le régime largue des barils d'explosifs sur son peuple, plus il permet à l'État islamique (EI) de gagner en puissance.
Cette visite donne finalement l'impression que, malgré toutes ces années, et malgré les printemps arabes, les hommes politiques occidentaux continuent de croire que les régimes autoritaires peuvent être des remparts contre l'islamisme radical. Alors que, tous les exemples le démontrent, ils en sont en fait les plus fidèles serviteurs.
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Étant donné que le hmâr en question a bien confirmé que l'aSSadiot est bien réfugié same que Hitler dans un Bunker, ce Monchâr finira donc ; n'challâh ; absolutely comme ce Hitler.
07 h 53, le 11 mars 2015