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À La Une - terrorisme

Le Canada ébranlé par le départ de jeunes pour le jihad

"La droite canadienne instrumentalise le terrorisme, la radicalisation, pour faire passer des lois liberticides", dénonce un responsable musulman controversé.

Le 22 octobre 2014, un soldat canadien avait été tué par balles aux abords du Parlement d'Ottawa, alors que le gouvernement avait mis en garde contre des menaces d'attaques terroristes. Photo Reuters

Le Canada s'inquiète de la multiplication des départs de jeunes pour la Syrie, partis grossir les rangs du groupe Etat islamique, et faute de mieux, les responsables politiques s'en remettent à la vigilance des parents tout en évitant de stigmatiser des éléments plus radicaux de la communauté musulmane.

"C'est catastrophique ces situations!", a lâché vendredi le Premier ministre du Québec Philippe Couillard, après la révélation la veille du départ de six jeunes Québécois de 18 et 19 ans, dont deux filles.
Ces jeunes, tous issus de la seconde génération de l'immigration, ont pris l'avion mi-janvier pour Istanbul afin de rejoindre la Syrie, selon les témoignages de certains parents dont l'un avait même confisqué le passeport de son fils.

Ce ne sont pas les premiers jeunes Canadiens à faire le voyage. Mercredi, une famille de l'Alberta révélait que sa fille de 23 ans avait également rejoint la Syrie, radicalisée par une femme qui, sous couvert d'enseigner le Coran, expliquait en fait comment se rendre à Raqqa, "capitale" autoproclamée de l'EI, a révélé sa sœur.

D'autres sont partis depuis plusieurs mois, certains sont vraisemblablement morts comme, par exemple, un ancien étudiant à l'Université d'Ottawa, John Maguire, qui aurait été tué en décembre près de la ville syrienne kurde de Kobané, ou encore quatre membres d'une même famille.

Outre l'arsenal législatif, le gouvernement canadien en appelle aux citoyens pour tenter de prévenir la radicalisation de jeunes aux idées jihadistes. "Nous portons tous la responsabilité" de ces départs, a estimé jeudi le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney. Dans la quasi totalité des cas, les déplacements de ces individus sont à des fins "terroristes", a-t-il dit.

Pour ce responsable, quand "l'entourage est au courant" ou a des soupçons, alors "il est important de le signaler aux autorités" afin de "ne pas pousser davantage leur radicalisation et sauver des vies".

(Pour mémoire : Le Canada enquête sur 80 jihadistes présumés revenus de zones de guerre)

 

La droite "instrumentalise le terrorisme"
A l'Assemblée nationale jeudi, son homologue québécoise, Lise Thériault, semblait démunie dans les réponses à apporter aux départs de ces jeunes, se bornant à donner un numéro de téléphone pour signaler les dérives éventuelles, et à encourager les parents à prévenir la police.

La plupart de ces six jeunes Québécois fréquentaient le même lycée de Montréal qui a suspendu immédiatement la location de ses salles le week-end à des associations musulmanes qui enseignaient la langue arabe et les principes du Coran.

Une position dénoncée par un responsable musulman controversé, Adil Charkaoui, qui s'en est pris violemment vendredi au gouvernement en parlant de "convergence d'intérêts" pour durcir les libertés individuelles et s'en prendre uniquement à la communauté musulmane.
"La droite canadienne instrumentalise le terrorisme, la radicalisation, pour faire passer des lois liberticides", a affirmé M. Charkaoui en référence à la nouvelle loi antiterroriste du gouvernement conservateur sur le point d'être adoptée au Parlement.

Cette loi vise à donner plus de pouvoirs aux services de renseignements qui vont pouvoir par exemple bloquer l'achat d'un vol par un individu suspecté de vouloir rejoindre les rangs de groupes listés comme "terroristes".

Adil Charkaoui avait été soupçonné d'être un agent dormant d'el-Qaëda. Arrêté en mai 2003, il a passé 21 mois en prison, sans jamais être formellement accusé. Pour lui, les responsables politiques stigmatisent les communautés musulmanes avec "une logique tordue" leur faisant "porter le blâme sur la radicalisation des jeunes". Il a réfuté toute "apologie du terrorisme". Bien au contraire il assure qu'avec son Collectif québécois contre l'islamophobie "nous faisons dans la déradicalisation" en agissant en amont.

Contrairement au gouvernement, M. Charkaoui demande aux parents de parler avec leurs adolescents et de n'appeler la police qu'"en dernier recours", sans expliquer où il situait ce niveau d'alerte.

 

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