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Diaspora - Disparition

Nínawa Daher, une étoile filante libanaise qui a brillé dans le ciel de l’Argentine

Le pays d'adoption de cette brillante journaliste lui a dédié « le Jour des jeunes Argentins d'origine libanaise », en mémoire de son engagement en faveur de sa communauté.

Nínawa, une étoile libano-argentine disparue trop tôt.

Nínawa Daher, la jeune présentatrice de télévision en Argentine, née à Buenos Aires le 3 octobre 1979, est passée comme une comète sur cette terre, laissant sa lumière de bonté, de solidarité et d'amour pour l'Argentine et pour le Liban. Elle est décédée le 9 janvier 2011, à l'âge de 31 ans, dans un tragique accident de voiture à Buenos Aires. Elle était en compagnie de son fiancé argentin qui conduisait la voiture et qui avait perdu le contrôle du véhicule, heurtant violemment un arbre. Nínawa a perdu la vie directement et son fiancé a été légèrement blessé.
Cet accident a touché l'Argentine et les gens qui l'ont connue. En mémoire de Nínawa, durant la même année, une étoile a été placée sur le lieu de l'accident et, le 10 décembre 2014, une loi de la ville de Buenos Aires, approuvée à l'unanimité, a déclaré la date de naissance de Nínawa Daher, le 3 octobre, comme jour national intitulé « le Jour des jeunes Argentins d'origine libanaise », au vu des activités socioculturelles qu'elle effectuait pour les jeunes Argentins de descendance libanaise.
Cette jeune femme libano-argentine est issue d'une famille originaire du village de Beit Lahya, situé près de Rachaya el-Wadi (Békaa-Ouest). Son arrière-grand-père maternel Élias Daher et le frère de ce dernier, Nehmi Daher, avaient émigré en Argentine en 1927. Ils ont travaillé dans le commerce et ont fondé, à Buenos Aires, la « Tienda la Libanesa ». Ils sont également les fondateurs de l'Association patriotique libanaise en 1936, qui depuis 1945 est devenue le Club libanais de Buenos Aires. Élias est rentré au Liban. En 1951, son fils José (Youssef) Daher, grand-père de Nínawa, né au Liban et journaliste, s'est marié avec Widad Abou Assali. Ils ont émigré en Argentine où ils ont eu trois enfants qui sont nés en Argentine. Parmi eux, Alicia Daher, la mère de Nínawa.
Alicia, docteur en psychologie clinique, s'est mariée avec son cousin, Ghandour Daher, né au Liban, fils de Daher Daher et Susan Najar. Celui-ci était professeur d'histoire au Liban avant d'émigrer en Argentine en 1974, où il a poursuivi des études en sciences politiques et relations internationales. Il est ensuite devenu conseiller spécialiste du Moyen-Orient auprès de plusieurs instituitions, ainsi que traducteur et interprète de l'arabe vers l'espagnol, dans certaines occasions officielles en Argentine. Ghandour et Alicia ont eu deux filles : Nínawa, née en 1979, et Sumaia, née en 1976. Cette dernière, formée en psychologie clinique, est aussi musicienne, compositrice et chanteuse, et porte comme nom artistique SumaiaO – http ://sumaiao.com –. Elle chante en espagnol, anglais et libanais. Elle est mariée avec Pablo Tiscornia Galvez.

Une brillante et fulgurante carrière
Nínawa, elle, a suivi des études en droit et en jounalisme. Elle est devenue présentatrice du programme de la communauté syro-libanaise en Argentine à la TV publique Canal 7, ainsi que d'un programme axé sur des thèmes internationaux à la TV C5N. Elle a réalisé plusieurs interviews remarquables. Polyglotte – elle parlait l'espagnol, le francais, l'anglais et l'arabe –, elle a été envoyée plusieurs fois pour des missions journalistiques internationales à l'étranger, entre autres pour couvrir les voyages de la présidente argentine en Afrique (2007) et dans les pays arabes (2010)... Nínawa s'est rendue au Liban, son pays d'origine, en 2004, pour mieux connaître ses racines et effectuer des recherches académiques, toujours dans l'objectif de renforcer les relations libano-argentines.
En Argentine, le nom de Nínawa a toujours été très lié à la culture et à la tradition libanaise. Elle a participé à plusieurs mouvements libanais : elle est cofondatrice de la jeunesse de l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM) en Argentine. Elle a présidé la Fédération des entités argentines-arabes de Buenos Aires, elle a participé activement à des rassemblements de journalisme, des groupes de solidarité. Elle s'est en outre engagée comme volontaire à la fondation internationale « Make a Wish », étant toujours à la recherche d'un monde meilleur et d'une meilleure qualité de vie pour les enfants et pour la jeunesse argentine.
Durant sa vie, Nínawa a reçu plusieurs prix, notamment : « Faro de Oro », révélation journalistique à la TV en 2009, « Gaviota de Oro », révélation féminine en 2009, et « Ugarit », une distinction à la jeune révélation en 2006. Après sa mort, elle a reçu des prix posthumes dont, en 2014, la plaque de reconnaissance de sa trajectoire de solidarité de la part du président Michel Sleiman et, en 2011, la médaille Sainte-Claire-d'Assise, pour son parcours professionnel et sa diffusion de l'éducation, des valeurs de la famille...

Des archives argentines au Cecal
En 2012, la fondation Nínawa Daher a vu le jour, sous le nom « Pour une vie digne » (www.nínawadaher.org). Ses objectifs consistent à promouvoir le bien commun, à développer la qualité de vie des personnes en général, et de la communauté libanaise en particulier, dans les domaines socioculturel et politique, à défendre la conviction, la paix, les valeurs religieuses, l'éthique et les relations humaines. Cette fondation a reçu rapidement le titre d'ambassadeur de la paix, et sa présidente, Alicia Daher, fait de son mieux pour préserver la mémoire de sa fille Nínawa. Dans ce but, la fondation réalise plusieurs projets sociaux et académiques, accorde des bourses d'études dans le domaine du journalisme en particulier et des bourses d'études pour voyager au Liban et suivre des cours de langue arabe. Elle a signé des conventions pratiques avec des institutions académiques : parmi elles, l'Université del Salvador, qui a pu offrir, en mémoire de Nínawa, une bourse pour un Master en journalisme en son nom.
En 2014, la fondation a signé une convention avec la Bibliothèque centrale et le Centre des études et cultures de l'Amérique latine (Cecal) de l'Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) au Liban, pour la réalisation du projet de conservation du patrimoine de l'émigration libanaise en Argentine. Il s'agira d'un travail de numérisation des journaux, revues et documents qui se trouvent en Argentine depuis la fin du XIXe siècle, et qui se trouvent dans les archives des associations. Ces archives seront, par la suite, insérées dans les bases de données de la biblothèque. La fondation est également en train de publier les livres écrits par Nínawa afin de maintenir l'esprit de solidarité entre l'Argentine et le Liban, à travers les actions de cette jeune et illustre disparue.
Enfin, la chaîne C5N d'Argentine a réalisé une vidéo en mémoire de Nínawa Daher, accessible via le lien suivant : https ://www.youtube.com/watch ? v=HpB9ujsJN-w.
Nínawa définissait sa profession de journaliste comme étant un métier que l'on doit exercer « avec l'esprit empreint de la nécessité de donner ». Cela résume, en quelques mots, le sens de son engagement et de sa vie professionnelle.

Nínawa Daher, la jeune présentatrice de télévision en Argentine, née à Buenos Aires le 3 octobre 1979, est passée comme une comète sur cette terre, laissant sa lumière de bonté, de solidarité et d'amour pour l'Argentine et pour le Liban. Elle est décédée le 9 janvier 2011, à l'âge de 31 ans, dans un tragique accident de voiture à Buenos Aires. Elle était en compagnie de son...