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Liban - Liban

Des élèves du public se prêtent aux campagnes de sensibilisation au cancer

Des ONG œuvrant pour la sensibilisation au cancer et sa prévention ont organisé un concours dans quinze écoles publiques de Beyrouth. L'objectif est de sensibiliser les jeunes aux types de cancer qui les touchent le plus. Les résultats seront annoncés le 11 mars.

« Ma cigarette n’est plus mon amie », peut-on lire sur cette affiche réalisée par un groupe d’élèves de l’école secondaire publique René Mouawad, dans le cadre d’un concours de sensibilisation au cancer du poumon.

Jusqu'à une période récente, Dina, 18 ans, consommait cinq narguilés par jour. Il y a quelques mois, elle a diminué sa consommation de manière significative, la limitant à un narguilé au quotidien. Sa décision a été prise à la suite de sa participation à un projet sur le cancer du poumon réalisé avec dix-neuf autres de ses camarades à l'école secondaire publique René Moawad à Sanayeh. Un projet qui s'inscrit dans le cadre d'une compétition organisée par les ONG Faire Face, la Fondation May Jallad et One Wig Stand, ainsi que la Fondation libanaise pour le cancer du sein dans quinze écoles publiques de Beyrouth. L'objectif ? Non moins que « sensibiliser les jeunes au cancer et au problème que la maladie représente », explique Anne Frangié, présidente de Faire Face.


Les élèves devaient ainsi choisir un thème parmi les cinq qui leur ont été proposés : cancer du poumon, du sein, du col de l'utérus, des testicules ou de la peau. « Ces cancers concernent le plus les jeunes, précise Anne Frangié. Et la prévention est possible. De plus, en travaillant sur ces thèmes, les jeunes peuvent véhiculer à leur tour l'information, contribuant ainsi aux campagnes de sensibilisation. »
C'est le cas de ce groupe d'élèves qui affirment qu'ils ont travaillé « non seulement pour présenter un joli projet et remporter un prix, mais aussi pour faire connaître à leur entourage les méfaits du tabagisme et les moyens de prévenir le cancer du poumon ». À commencer par eux-mêmes. Et pour cause, puisque, sur les vingt élèves qui ont travaillé sur ce projet, neuf fument le narguilé ! Seul Mahmoud a renoncé au narguilé après avoir rendu le projet ; les autres élèves confient « avoir diminué progressivement leur consommation dans le but d'arrêter ». Excepté pour Dina qui, pragmatique, affirme que « le narguilé est comme mon amie ». « Je ne peux pas imaginer ma vie sans », déclare-t-elle. Elle poursuit sur un ton d'excuse : « Mes sœurs aînées sont mariées. J'ai grandi avec ma petite sœur. Je sors peu, pas plus qu'une fois la semaine. Je m'ennuie. Le narguilé m'aide à faire passer le temps ! » Pourquoi ne s'occupe-t-elle pas à autre chose ? Elle sourit en guise de réponse. Et pourtant, la jeune femme commence déjà à souffrir des effets du tabagisme. « Quand je monte les escaliers, je m'essouffle rapidement, dit-elle. Je me dis alors que je vais arrêter, mais je n'arrive pas à le faire. »

 

Pour une meilleure application de la loi antitabac
« Ma cigarette n'est plus mon amie. » Tel est le slogan que ces élèves ont choisi pour leur campagne. « Notre message est clair, avance Marianne. Nous voulons pousser les jeunes qui fument à arrêter et encourager ceux qui n'ont pas encore essayé la cigarette à maintenir leur position. Personnellement, je suis pour une meilleure application de la loi antitabac. » « Je doute qu'elle soit un jour appliquée, rétorque de son côté Omar. L'économie du pays repose sur le tabagisme. Il n'est pas de leur intérêt d'appliquer la loi ! Je pense qu'ils iront même jusqu'à légaliser le haschisch ! »
« Le projet a été très bien accueilli par les écoles qui y participent, insiste Anne Frangié. Nous avons constaté un grand enthousiasme chez les jeunes. » C'est le cas de la classe de première à la deuxième école secondaire publique d'Achrafieh. « Nous avons choisi de parler du cancer des testicules parce que la maladie est très mal connue », note Nancy. « Avant de choisir le thème, nous avons mené une petite enquête autour de nous et nous avons découvert que presque personne n'avait entendu parler de ce cancer. Même nos parents et nos professeurs », renchérit Rudy.
Les quinze élèves ayant pris part au projet ont ainsi décidé de mener une campagne dans ce sens pour « mieux faire connaître aux jeunes la maladie, d'autant que les hommes âgés entre 15 et 35 ans constituent la population la plus à risque de développer cette forme de cancer, indique Rudy. Or, la détection précoce permet de sauver des vies. La sensibilisation est donc nécessaire, d'autant qu'un homme sur vingt-quatre risque d'avoir un cancer des testicules. » Et Jennifer de préciser : « En tant que femmes, nous sommes bien informées sur le cancer du sein. Ce qui n'est pas le cas du cancer des testicules. En choisissant de traiter ce thème, nous avons pensé à nos frères, amis et cousins. »

 

S'y prendre tôt
Les élèves ne se lassent pas de parler de leur projet. « Si nous gagnons, le thème pourra être choisi pour la prochaine campagne sur le cancer. C'est une motivation car nous réalisons que les projets que nous exécutons peuvent être divulgués au grand public », note Jennifer. « La directrice nous a même suggéré de faire une présentation du projet pour tous les élèves et les professeurs de l'école », reprend Rudy.
L'horloge est omniprésente dans le projet des élèves parce que « le facteur temps est important », affirme Adon. « Il faut s'y prendre tôt et ne pas avoir honte d'en parler ou de consulter un médecin, ajoute-t-il. C'est le message que nous voulons faire parvenir. » Le groupe des quinze annonce enfin, à l'unisson, qu'il est « prêt à collaborer avec les ONG dans le cadre des campagnes de sensibilisation ».
Chaque groupe d'élèves devait présenter une affiche qui suggère la prévention, une brochure informative sur la maladie et une vidéo d'une durée allant de trente secondes à cinq minutes. Les projets sont par la suite examinés par un jury composé de huit personnes : deux oncologues, deux journalistes, un représentant du ministère de la Santé, une survivante et une graphiste.
Les résultats seront annoncés le 11 mars au cours d'une cérémonie qui sera organisée au palais de l'Unesco. Seront décernés trois prix de 300, 200 et 150 dollars respectivement par élève.

 

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