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Diaspora - Impressions

Un Liban hors du Liban

Le Liban... Les Libanais ... Pour moi, ces termes faisaient référence à mon pays natal ainsi qu'à tous ceux qui y habitent. Récemment, j'ai pris conscience de l'autre Liban et des autres Libanais, ceux qui ont choisi l'émigration.

Rosarita Tawil avec l’évêque Antonio Chedraoui à la sortie de son grand déjeuner d’anniversaire.

La diaspora libanaise compte jusqu'à 14 millions de membres éparpillés un peu partout dans le monde suite à différentes vagues d'émigration : un nombre impressionnant qui fait plus que le triple du nombre de Libanais au Liban. Cette force constitue une base solide pour la stabilité économique du pays.
Quand Naji Farah, président de l'association RJLiban, m'a expliqué sa vision concernant les relations entre les Libanais et les jeunes émigrés, la cause m'a directement intéressée, suscitant ma curiosité à en savoir plus sur ce Liban d'outre-mer.
J'ai décidé d'accompagner un groupe de membres désignés par RJLiban qui se rendaient aux deux pays ayant la plus grande concentration de Libanais émigrés : le Brésil et le Mexique. Et c'est là qu'est née notre collaboration. Une fois les dates fixées, j'avais hâte de découvrir de nouveaux horizons et de constater par moi-même l'impact des Libanais en Amérique latine. L'objectif principal du voyage était de promouvoir le projet de RJLiban, « Retour aux sources », prévu pour l'été 2015. Un projet qui consiste à choisir un groupe de jeunes Libanais résidant à l'étranger pour passer trois semaines au Liban dans le cadre d'un circuit bien tracé couvrant tourisme, cours d'arabe, découverte des villages d'origine, etc. Le programme était fixé : rencontres avec ambassadeurs et consuls, ainsi qu'avec plusieurs personnalités éminentes libanaises et mexicaines/brésiliennes, marketing du projet « Retour aux sources », visite aux centres libanais et échanges avec les officiels libanais...
Première destination : le Brésil. À l'aéroport de Rio, je remarquai en premier le nom de la Banco Safra. « L'une des banques les plus importantes du Brésil, fondée par des Libanais de la famille Safra », me souffle Naji Farah. Impressionnant comme début. Notre première rencontre débuta avec Marc Mousallem, adjoint du consul libanais à Rio de Janeiro et grand amateur de poésie libanaise. Divers sujets ont été abordés avec un éclairage sur le projet.
À São Paulo, à ma grande surprise, nous résidons à l'hôtel Maksoud Plaza. Un hôtel grandiose superbement décoré, parmi les meilleurs de toute l'Amérique latine. Comme le hasard fait bien les choses, notre groupe est tombé, dans le lobby de l'hôtel, sur l'ancien ambassadeur du Liban au Brésil, Fouad el-Khoury, un homme dont l'humilité et l'amour pour le Liban vous laissent ému vu son rôle essentiel dans les relations avec le Liban et les pays où il exercait ses fonctions, tels le Brésil, l'Uruguay et l'Inde.
Notre visite au consul du Liban à São Paulo, Kabalane Frangié, s'est concentrée sur les projets actifs au service de la diaspora libanaise de São Paulo, la plus importante du monde avec trois millions de citoyens d'origine libanaise... Nous avons discuté du grand colloque qui doit avoir lieu à Beyrouth en mars sous le parrainage du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
Rio à nouveau. Deux restaurants libanais, Amir et Moussallem, ont retenu mon attention quand je me promenais à Copacabana. Un dîner rassemblant Libanais, Français et Brésiliens m'a permis de rencontrer Bruno Lopez, fils de Raimundo Fagner, un Libanais maintenant considéré comme l'un des chanteurs/producteurs de musique les plus populaires du Brésil. Une conversation brève s'est ensuivie avec Katia Shallita, très active au sein de la communauté libanaise et dans les médias,
À la fin d'une semaine chargée au Brésil, je constatai qu'à force d'intelligence, de culture, d'éducation, d'esprit commercial et d'ambition, le Libanais a réussi à accéder à des postes de haute responsabilité qui lui ont permis de bâtir des fortunes colossales et des entreprises de renommée internationale.

Deuxième destination : le Mexique.
Notre séjour au Mexique a débuté dans la ville regroupant la plus forte concentration d'émigrés libanais : Mexico City. À l'occasion du grand dîner au Centro Libanés organisé en l'honneur du nouveau président Jorge Serio, avec des centaines de convives de la haute société mexicaine et libanaise, j'ai eu le plaisir de rencontrer le consul du Liban Rudy el-Azzi, l'ambassadeur du Mexique au Liban Jaime García Amaral – qui nous a accompagnés dans l'avion du retour – ainsi que d'autres ambassadeurs, et de discuter des projets avec un focus sur les jeunes.
Je retiens particulièrement la visite à Mgr Antonio Chedraoui, archevêque grec-orthodoxe du Mexique, une figure religieuse qui s'est distinguée par sa proximité avec les hommes d'État. Il est considéré comme l'une des principales figures libanaises et arabes au Mexique. La messe et son déjeuner d'anniversaire grandiose m'ont permis de rencontrer de hauts fonctionnaires et une élite libanaise et mexicaine.
Finalement, après un détour par Acapulco, je découvre une perle au Mexique : Puebla, siège de la deuxième communauté libanaise la plus importante dans ce pays.
L'essence de l'hospitalité libanaise s'est incarnée dans les « ya mit ahla w'sahla » et « charraftouna » de Antoun Nakad, ancien président du Club libano-mexicain à Puebla et l'un des fondateurs du groupe de jeunes Jomali (« Jovenes mexicanos de ascendencia libanesa »), qui nous a raconté ses efforts continus pour maintenir l'espoir libanais dans les cœurs des jeunes émigrés. Cet homme vous réchauffe le cœur du haut de son accent zghortiote. Il était accompagné de l'actuel président du club, Alfredo Alam, qui nous a invités à un déjeuner libanais sympathique en fin de séjour.
Je remercie le styliste Rani Zakhem pour les jolies robes que j'ai portées, un parfait exemple de talent libanais qui suscite fierté et admiration avec un succès qui dépasse les frontières.
Je salue surtout mes compatriotes au-delà des mers, qui me rendent fière, qui nous rendent tous fiers. Ils sont un souffle de vie pour les jeunes, comme moi-même, qui gardent l'espoir.
Le Liban, ce n'est pas que la « kebbé » et le « taboulé ». C'est de grands talents, enracinés, hélas, en grande partie, à l'étranger. Les Libanais ont pu bâtir un Liban parfait hors du Liban, faisant preuve d'un potentiel explosif. Ils sont malheureusement freinés dans leur pays d'origine par les barrières politiques, religieuses et sociales.
Tout cela est triste, mais tellement vrai !

La diaspora libanaise compte jusqu'à 14 millions de membres éparpillés un peu partout dans le monde suite à différentes vagues d'émigration : un nombre impressionnant qui fait plus que le triple du nombre de Libanais au Liban. Cette force constitue une base solide pour la stabilité économique du pays.Quand Naji Farah, président de l'association RJLiban, m'a expliqué sa vision...