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Liban - Drame

Assassinat d’Yves Nawfal : le commanditaire se serait réfugié en Syrie

Un jeune homme sans problèmes, Yves Nawfal, 27 ans, a été lâchement assassiné de sang-froid samedi à Faraya et son ami, Saba Nader, blessé au bras, sans autre motif que la colère et la bêtise criminelle d'un autre jeune homme, Charbel Khalil, qui bénéficie visiblement d'une couverture politique.

L’éternel sourire d’Yves Nawfal, dont les assassins sont toujours en fuite.

Dans quelles circonstances a été tendu le guet-apens dont ont été victimes Yves Nawfal et Saba Nader dans la nuit du 9 au 10 janvier à Faraya ?

Quelques heures avant le drame, ils passaient leur soirée dans un pub connu de la région, Powder. Un groupe restreint d'amis célébrant le 27e anniversaire de Yves Nawfal.
Alors que la soirée touche à sa fin, une jeune fille qui se trouve à la table voisine avec le groupe dont fait partie le dénommé Charbel Khalil entame une conversation avec l'un des amis d'Yves. À cet instant, une amie de la jeune fille se rapproche de la table en leur lançant que la fille a déjà un copain. Son interlocuteur lui répond par un commentaire moqueur, lui signifiant en substance que sa pointe était déplacée et digne d'une « schizophrène ». Ce commentaire a vite fait d'indigner la jeune fille et avec elle ses jeunes compagnons de soirée. L'un d'eux se rue alors violemment sur la table. Dans la foulée de la dispute, Yves lance un verre vers Charbel Khalil, le blessant gravement à la lèvre et lui brisant une dent.

« Il y a eu une dispute en bonne et due forme dans la boîte de nuit », rapporte une source, qui cite une des personnes présentes. La dispute dégénère, conduisant le propriétaire du pub, Charbel Sabbagh, à intervenir. Ce dernier explique à L'OLJ que l'altercation « n'était pas aussi violente » et a vite été contenue. « Il était une heure du matin, la soirée touchait à sa fin, on avait éteint la musique et le pub ne comptait plus qu'une dizaine de personnes », précise-t-il. Bien que contenues, les tensions persistent entre les deux groupes, émanant spécialement de Charbel Khalil, visiblement très agacé par Yves Nawfal spécialement. Voulant l'empêcher à tout prix de sortir avant la soi-disant arrivée de services de renseignements qu'il aurait dit avoir contactés, Charbel Khalil barre la voie de sortie à Yves et ses amis, y compris au propriétaire.
« Vous ne sortirez pas d'ici vivants », leur aurait-il lancé, selon une source proche de l'une des victimes. Ce commentaire n'est évidemment pas pris à la lettre par les jeunes, qui finissent par ignorer les menaces.
Il est déjà presque deux heures du matin lorsque le propriétaire propose finalement à ses hôtes d'emprunter la porte secondaire menant à la sortie arrière. Il les y accompagne, pressé lui aussi de rentrer chez lui.

Une fois leur sortie réussie, les jeunes hommes font face à un nouvel obstacle : les deux artères qui s'entrecroisent au niveau du pub ont été bloquées par deux véhicules, l'un de type Infiniti FX et l'autre de type Porsche Cayenne. Les deux appartiennent à des individus qui se trouvaient à la table de Charbel Khalil.

Guet-apens sanglant

Des propos auraient alors été échangés entre les deux parties, aboutissant à un apparent dénouement de l'affaire. Mais une source proche de l'une des victimes, rapporte que Charbel Khalil aurait effectué à ce moment un appel téléphonique. Il aurait transmis les numéros des plaques d'immatriculation des deux voitures qui devaient transporter Saba Nader et Yves Nawfal.
Le premier se trouvait à bord d'une Toyota Tacoma, conduite par son ami, et le second à bord d'une voiture de type Subaru, également avec un ami au volant.
Ne prêtant aucune attention à l'appel suspect de Charbel Khalil, les deux voitures ont fini par se frayer un chemin sur une voie parallèle enneigée, avant d'emprunter la descente de Faraya. Le propriétaire aurait quitté les lieux en même temps. Le scénario d'un guet-apens sanglant ne pouvait effleurer aucun esprit.

Près de trois kilomètres plus loin, trois hommes postés au bord de la route leur demandent de s'arrêter. À peine le chauffeur de la Subaru a-t-il ralenti sa course, que des tirs de mitraillette visent le véhicule, touchant Saba Nader au bras. Le véhicule qui les suivait n'a pu redémarrer immédiatement à cause du verglas. Il a essuyé le plus gros lot de tirs. Trente-quatre cartouches auraient criblé la carrosserie, onze auraient touché Yves.

Les tireurs auraient immédiatement pris la fuite, tandis que les deux voitures visées se dirigeaient, tant bien que mal, vers le chalet de l'un des quatre amis, situé à proximité du lieu de l'incident.

Se rendre au chalet leur aurait semblé être l'option la plus sûre. Yves était toujours conscient au moment où ses amis ont contacté la Croix-Rouge, qui l'a transporté près d'une heure plus tard à l'hôpital Saint-Georges à Ajaltoun, dans des conditions météorologiques difficiles. Après une intervention chirurgicale, son état s'était stabilisé à l'aube, rapporte Charbel Sabbagh, présent à l'hôpital. La nouvelle de son décès le lendemain a choqué le pays.

Crime prémédité

« Il s'agit d'un crime prémédité. Les tirs ne se sont pas produits dans le feu de l'action, mais de sang-froid. Ces jeunes étaient embusqués », s'insurgent des proches de l'une des victimes. « Je me demande comment le pays a atteint ce stade où un môme se croit capable d'ordonner des liquidations, d'anéantir une vie », s'interroge un ami de Yves Nawfal.

L'arrestation des coupables est le devoir de l'État. Elle est la seule fin acceptable à ce sinistre épisode. Mais cette assertion est loin d'être une évidence lorsque prévaut la pratique des couvertures politiques. Sauf que cette fois c'est la folie criminelle, la bêtise destructive, que le clientélisme a choisi de couvrir : le politicien en question est complice de l'impardonnable horreur. L'ancien député Farid el-Khazen est pointé du doigt par des sources interrogées, y compris sécuritaires. Il aurait des intérêts avec le père de Charbel G. Khalil, originaire de Hrajel, dans le domaine de l'exploitation des carrières. Ces sources affirment que les trois auteurs du crime (dont deux seraient Charbel Moussa Khalil et Juliano Saadé), ainsi que son commanditaire, Charbel Georges Khalil (présent à la soirée), auraient été abrités dans un premier temps par le président du conseil municipal de Faraya, Nidal Khalil, un parent.

 

Nidal Khalil dément en bloc

Nidal Khalil a toutefois démenti lundi à L'Orient-Le Jour avoir hébergé les assassins présumés d'Yves Nawfal.  Le président du conseil municipal de Faraya affirme ainsi n'avoir "aucun lien de parenté avec Charbel Khalil", le jeune Libanais suspecté d'être l'auteur de l'assassinat. "Il est de Hrajel, tandis que moi je suis de Faraya, et l'incident a eu lieu à Kfardebyane, et non à Faraya, a insisté Nidal Khalil. Je ne l'ai pas hébergé. Je n'ai hébergé aucune autre personne concernée par l'affaire. Je ne les connais même pas".

M. Khalil affirme qu'il était à Jounieh la nuit de l'incident. "On m'a contacté de la Voix du Liban vers 9h30, le lendemain de la bagarre, afin de me demander ce que je savais sur l'incident. C'est de cette façon que j'ai appris ce qui s'est passé. Je n'étais pas à Faraya, en raison de la tempête. C'est seulement dimanche que je me suis rendu à Hrajel, afin de demander que Charbel Khalil se rende aux autorités. Il doit le faire".

M. Khalil a précisé avoir deux domiciles, l'un à Faraya, l'autre à Jounieh. "Pour des raisons de sécurité, ma maison à Faraya est entièrement équipée de caméras. Je mets à la disposition des forces de l'ordre tous les enregistrements, ainsi que mes numéros de téléphone pour les besoins de l'enquête", a-t-il souligné.

 


En fuite vers la Syrie?
Les pressions suite à l'incident auraient conduit à organiser la fuite de Charbel G. Khalil vers la Syrie, où il aurait trouvé refuge, rapportent des sources sécuritaires qui citent des sources locales de Kfardebian. Les informations concernant les trois autres varient. Ils auraient fui vers le jurd de Hrajel, mais pourraient se trouver toujours au domicile d'un ami. Interrogé par L'OLJ, le porte-parole de Farid el-Khazen affirme que celui-ci « n'est concerné ni de près ni de loin par l'affaire et ne détient donc aucune information utile ». S'il a publié un communiqué appelant à « accélérer les poursuites contre les criminels de Kfardebian », ce communiqué ne serait pas un démenti, précise le porte-parole, laconique.

« Le sourire d'Yves »...

« Je suis comblé, maman. Je t'aime », c'est le dernier message adressé par Yves Nawfal à sa mère, quelques heures avant son assassinat. Cette phrase, il l'avait répétée de multiples fois à ses amis, surtout au cours de la dernière année. « Je suis heureux. Je ne peux demander rien de plus. Ma famille et mes amis sont là et en bonne santé », lançait-il souvent à l'une de ses proches amies, Léa. « Il répandait instantanément la bonne humeur, les rires... Son dernier message pour moi était d'ailleurs un sourire. Il m'avait envoyé une photo depuis Faraya, posant dans la neige. J'avais ri en lui écrivant que je n'arrivais pas à le discerner dans l'obscurité. Il m'avait répondu par des rires », confie-t-elle. « En le perdant, le Liban perd sa jeunesse, sa bonté intrinsèque, ses valeurs de vie... », conclut-elle.


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Mise au point de Farid Haykal el-Khazen

L'ancien député Farid el-Khazen nous a adressé hier la mise au point suivante :
« Votre journal a publié à la page quatre de son numéro du lundi 12 janvier 2015 un article rédigé par Sandra Noujeim portant sur la mort d'Yves Nawfal et contenant plusieurs informations nous concernant. Étant donné le droit de réponse qui nous est garanti par les lois en vigueur, nous demandons à votre honorable administration de publier cette réponse dans votre quotidien à la même page et au même endroit que l'article susmentionné, l'objet de la réponse étant comme suit :
« Nous confirmons par la présente tout ce que nous avions déjà affirmé dans notre communiqué de presse publié suite au décès de la jeune victime, Yves Nawfal. Nous réitérons notre appel à arrêter le plus vite possible toute personne ayant planifié et exécuté ce crime hideux, et nous invitons les autorités judiciaires et les forces de sécurité à ne ménager aucun effort afin de traduire les meurtriers en justice et de les soumettre à une punition exemplaire.
« Nous avons déjà affirmé que ce crime ne devrait bénéficier d'aucune protection de quelque genre que ce soit et que justice devrait être rendue rapidement et fermement afin de dissuader toute personne qui se permettrait de commettre de tels crimes hideux.
« Notre nom a été mentionné d'une manière qui prouve la légèreté avec laquelle cette affaire est traitée et qui atteste d'une volonté d'exacerber les sentiments (des lecteurs).
« L'auteur a clairement cité que nous avons des relations professionnelles avec la famille des accusés alors que nous n'avions eu ni dans le passé ni avons actuellement un lien de la sorte avec elle. »

 

(Cet article a été édité lundi matin avec le démenti de Nidal Khalil puis mardi avec la mise au point de Farid Haykal  el-Khazen).

 

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commentaires (8)

Ce "com manditaire", est-il chréti(e)n oranginé, PN SS ou bääSSyrien ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 11, le 13 janvier 2015

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Commentaires (8)

  • Ce "com manditaire", est-il chréti(e)n oranginé, PN SS ou bääSSyrien ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 11, le 13 janvier 2015

  • PRIÈRE LIRE : LE REFUGE DE TOUS LES ASSASSINS ! CEUX QUI SE RESSEMBLENT S'ASSEMBLENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 14, le 12 janvier 2015

  • Que deux compatriotes kesrouanais s'entretuent à cause d'un regard et d'un mot mal compris, tandis que deux millions de refugiés syriens occupent leur pays, c'est le comble de la bêtise !

    Un Libanais

    16 h 16, le 12 janvier 2015

  • sans commentaire voici les amis de la syrie en pleine action ... chaque fois qu'un libanais commet un acte de violence sois il part en syrie soit il se refugie dans un des camps palestinien

    Bery tus

    14 h 53, le 12 janvier 2015

  • LE REFUDE DE TOUS LES ASSASSINS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 21, le 12 janvier 2015

  • "Hay balad? La' mouch balad!" chantait Ziyad Rahbani dans Long métrage américain...Comme il a raison! Ce n'est pas un pays, encore moins un Etat: c'est un endroit où vivent des gens dans la pagaille la plus totale, et ce qui est plus ironique, c'est qu'ils se croient au paradis. Un crime pareil va rester impuni, alors qu'il s'est produit en plein coeur de la région chrétienne, et non dans quelque jurd du Akkar ou de la Bekaa, là où règne encore la loi des 'achayer...Laych fi a7la men Lebnen?

    Georges MELKI

    12 h 05, le 12 janvier 2015

  • Face à la violence de ce meurtre se taire c est être complices . Un pays sans foi ni loi, un pays où la corruption va jusqu à couvrir les meurtriers . C est une mère, un père, une famille, des amis, une nation endeuillés . Ce drame nous concerne à tous . Il s'agit d' un meurtre perpetué dans le sang froid, c'est pour dire dans quelle jungle on évolue où le port d'armes est un signe de virilité . Écoeurant, révoltant, nous sommes tous les parents d'Yves, sauf que nos vies vont continuer et la leur s'arrêter . Il ne faut pas lâcher prise, justice.....justice doit être faite . "Je me révolte, donc je suis" Camus

    Tabet Ama

    08 h 38, le 12 janvier 2015

  • Un Far West de merde, ce pays ! Tfeh !....

    Halim Abou Chacra

    05 h 03, le 12 janvier 2015

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