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A Calais, un Noël quand même pour les migrants

Quelque 2 500 clandestins du Calaisis vivent les fêtes au gré des aides que les Bons Samaritains des associations leur apportent.

A Calais, au moment des fêtes de Noël, rien ne se passera sous l'oeil des caméras, les femmes migrantes refusant de s'offrir en spectacle. Photo Denis Charlet/AFP/Getty Images

"Nous sommes reconnaissants" confie Noor, un clandestin pakistanais, coincé à Calais depuis un an, qui vient de recevoir un colis de nourriture "spécial Noël". "Cela, dit-il, est un réconfort nécessaire" qui lui fait oublier des duretés policières dont, assure-t-il, il a été parfois témoin depuis son arrivée.

Au moment où les marchés de Noël battent leur plein dans toute la France à l'approche du réveillon, les quelque 2 500 clandestins du Calaisis vivent les fêtes au gré des aides que les Bons Samaritains des associations leur apportent.

Des jouets mécaniques et des friandises pour les enfants, des cosmétiques pour les femmes, des colis alimentaires pour les hommes sont distribués par le Secours populaire et Salam, une association locale d'aide aux migrants qui ont échoué là dans l'espoir de passer en Angleterre. "Happy Ethiopian year", peut-on lire sur les murs d'une maison d'accueil aux migrants où le Secours Populaire commence sa tournée de Noël.

Mais rien ne se passera sous l’œil des caméras, les femmes refusant de s'offrir en spectacle, comme elles ont eu l'impression de le faire tant de fois par le passé, selon des membres de l'association Solid'R présents sur place. La distribution des gâteries se poursuit sur un second site, où des centaines de migrants font la queue pour recevoir leur paquet cadeau.

 

(Lire aussi : À Calais, les migrants s'entretuent pour passer en Angleterre)

 

L'asile en Angleterre, c'est plus rapidement

En bout de file, Fadul, Soudanais de 24 ans, vit difficilement sa situation : il loge dans la "jungle", grand squat de plusieurs centaines de migrants, depuis deux mois, et ne cache pas son amertume.
"La situation est très mauvaise ici, et je viens, seul, d'un pays dur et intolérant", explique-t-il dans un bon anglais. Noël pour lui n'a pas grande signification, son idée fixe est de gagner l'Angleterre parce que l'asile y est accordé "rapidement", estime-t-il. La France ? "Je respecte sa démocratie, mais c'est plus long".

Un peu plus loin, Tegest se réjouit des quelque cosmétiques qu'elle vient de recevoir en cadeau.
La jeune Érythro- Éthiopienne de 20 ans a connu plus d'une galère. "Mon père est mort quand j'étais petite, et je n'ai pas vu ma mère pendant neuf ans. Puis en Érythrée, être protestante était un problème, et je suis partie", ajoute-t-elle. "Le jour de mon arrivée à Calais il y a deux mois, j'étais toute seule, sans endroit pour loger, et je suis tombée enceinte", se rémémore-t-elle. Aujourd'hui encore, malgré toute l'aide associative - à propos de laquelle elle ne tarit pas d'éloges - Tegest se sent "tellement, tellement inquiète", glisse-t-elle, et n'attend "rien" de la visite à Calais du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mercredi.

A quelques mètres d'elle, des Pakistanais se délectent de la nourriture - pâtes, crackers goût pizza, pommes, soda - tout juste donnée par les associations, et dans une température plutôt clémente pour la saison. L'un d'entre eux, Khan, 28 ans, raconte l'enfer vécu dans son pays. "Ma famille voulait envoyer les filles à l'école mais les talibans, non. Ils ont tué ma soeur, détruit notre maison", relate-t-il. Je suis parti pour l'Angleterre parce que je rêve de voir le pont de Londres". Mais entre son rêve et la réalité, il y a Calais.

 

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