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Liban - Initiative

Comment le ministère de la Culture a réussi à contourner son rachitique budget...

Trente et une pièces archéologiques s'installent dans le Business Lounge de la MEA à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth et remettent à l'honneur le tourisme culturel.

Histoire, mémoire, beauté et élégance en plein VIP de l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth.

L'idée, du moins sur le papier, est ingénieuse, et le ministre de la Culture, Rony Araiji, l'avait lancée il y a quelques mois : toute institution ou fondation qui financera la restauration d'objets archéologiques aura le privilège de les exposer dans ses locaux. Le but de l'opération est d'en appeler à la contribution et la générosité extraétatiques, précieuses en ce moment à l'aune du budget dérisoire alloué au ministère de la Culture et par conséquent à la Direction générale des antiquités.

Visiblement fière de lier son destin à la conservation du patrimoine libanais, la Middle East Airlines est la première à s'engager. Son espace Business Lounge exhibe depuis hier 31 pièces archéologiques, pour un temps indéterminé (loi 834 datant du 23 octobre 2014). Ce projet-pilote, qui a été dévoilé à la presse par le ministre Araiji, entouré de son homologue des Travaux publics, Ghazi Zeaïter, du président de la MEA, Mohammad el-Hout, et de la conservatrice du musée national Anne-Marie Afeiche, s'étendra à d'autres bâtiments de l'AIB. Le lieu n'est pas fortuit puisqu'il accueille (en des temps normaux...) des centaines de milliers de passagers à qui M. Araiji entend bien montrer l'autre visage du Liban.

Car, au-delà de l'événement, c'est bien la question de la culture qui est au cœur du sujet. Il s'agit de dire aux Libanais, mais aussi à ceux qui accourent au Liban comme vers une terre promise, que le pays n'est pas uniquement une terre de loisirs et de nightlife, entre plages et stations de villégiature ou de ski, soleil et bikinis, mezzés et narguilés, whisky et cabarets. Cette terre fertile d'Orient, c'est aussi un voyage savant dans un passé toujours vivant et berceau de plusieurs civilisations. Exposer des objets archéologiques, c'est d'abord tout faire pour préserver et stimuler le tourisme culturel, « éveiller l'intérêt touristique pour les musées et les sites historiques », a rappelé le ministre de la Culture. Ainsi, bientôt, d'autres trésors dormant depuis des décennies dans les dépôts de la DGA vont ressusciter. Comme une vraie confiance en l'avenir.

 

(Lire aussi: Quand la tour résidentielle devient... musée)

 

De l'âge du bronze au médiéval
En attendant, le VIP Lounge expose le buste en marbre d'un notable habillé d'une toge, datant de la période romaine et provenant de Baalbeck. Mais aussi une mosaïque découverte dans la basilique byzantine de Chehim (fin du Ve siècle) qui représente deux échassiers placés de part et d'autre d'une amphore richement colorée. Un peu plus loin se dressent quatre vitrines. L'une renferme deux cruches en terre cuite et à engobe rouge découvertes à Tyr et une jarre cinéraire peinte provenant des fouilles de Khaldé. Elles datent de l'âge du fer (IXe-VIIe siècle).

En voisines, une série de figurines en terre cuite représentant des enfants qui portent un instrument de musique, des masques de théâtre et le dieu Dionysos. L'ensemble a été découvert à Khraybé-Tyr et date de la période hellénistique (333-64). Une troisième vitrine offre des récipients en terre cuite, dont trois tasses de thé d'inspiration chinoise (XVIIIe siècle) et une coupelle du XVe siècle décorée en son centre d'un aigle et d'une inscription en caractères latins (MA RIA).

Dans la dernière vitrine défilent des figurines masculines en bronze, dont quelques-unes sont recouvertes d'une feuille d'or. Datées de l'âge du bronze moyen (2000-1500), elles ont été mises au jour à Byblos. Elles représentent des offrandes déposées par les fidèles dans le temple des Obélisques. Anne-Marie Afeiche précise que l'exposition respecte une répartition géographique mettant à l'honneur les différentes régions du Liban, et une chronologie allant de l'âge du bronze à la période médiévale.

Enfin, en arrière-plan, un écran diffuse en boucle le film produit par le ministère sur le musée national, celui de la restauration du tombeau de Tyr, et des messages portant sur le trafic illicite des biens culturels.
Une belle initiative, que l'on aimerait sincèrement voir se multiplier.

 

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L'idée, du moins sur le papier, est ingénieuse, et le ministre de la Culture, Rony Araiji, l'avait lancée il y a quelques mois : toute institution ou fondation qui financera la restauration d'objets archéologiques aura le privilège de les exposer dans ses locaux. Le but de l'opération est d'en appeler à la contribution et la générosité extraétatiques, précieuses en ce moment à...

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