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À La Une - Pour mémoire

Recours à la torture : et au Liban?

En octobre dernier, un Comité de l'Onu dressait un tableau accablant de la situation au Liban.

Selon le Comité de l'Onu contre la torture, au Liban, la torture et les mauvais traitements ont lieu principalement au moment des arrestations et pendant les interrogatoires dans certains postes de police et dans les lieux de détention placés sous la responsabilité des FSI et des services du renseignement militaire.

Mardi, le Sénat américain a publié un rapport accablant sur les méthodes d'interrogatoires de la CIA. Des méthodes violentes et inefficaces auxquelles ont été soumis des dizaines de détenus liés à el-Qaëda après le 11-Septembre. Les sénateurs démocrates de la commission du Renseignement accusent l'agence, parmi 20 conclusions, d'avoir soumis 39 détenus à des techniques d'interrogatoire plus poussées, parfois non approuvées par l'exécutif. Dans d'insoutenables détails, le rapport, rédigé de 2009 à 2012, décrit comment les détenus ont été attachés pendant des jours dans le noir, projetés contre les murs, plongés dans des bains glacés, privés de sommeil pendant une semaine, frappés, psychologiquement harcelés. Un détenu a été menacé d'une perceuse. Au moins cinq ont subi des "réhydratations rectales" forcées et, dans un cas, de la nourriture a été administrée par voie rectale. (Lire aussi : Simulation de noyade, réhydratation rectale, privation de sommeil... L'éventail d'actes de torture de la CIA)

Un rapport qui relance le débat sur la torture.


En la matière, qu'en est-il au Liban?

En octobre dernier, le Comité de l'Onu contre la torture dressait un tableau particulièrement sombre, au terme d'une enquête confidentielle menée entre mai 2012 et novembre 2013, de la situation au Liban. Selon ce comité, la torture et les mauvais traitements ont lieu principalement au moment des arrestations et pendant les interrogatoires dans certains postes de police et dans les lieux de détention placés sous la responsabilité des FSI et des services du renseignement militaire.

 

(Voir l'intégralité du rapport ici)

 

Dans son rapport, la mission évoque notamment des informations persistantes faisaient état d'actes de torture et autres mauvais traitements infligés aux ressortissants syriens, aux Palestiniens, aux personnes ayant des moyens financiers limités arrêtées pour des infractions mineures et aux personnes placées en garde à vue pour toxicomanie, prostitution ou homosexualité, en particulier par les membres des FSI rattachés au Bureau de répression des stupéfiants et les agents de la brigade des mœurs. La mission a également reçu des informations faisant état d'arrestations illégales et d'actes de torture commis par des acteurs non étatiques, tels que les milices affiliées à Amal et au Hezbollah, et dont les victimes sont ensuite remises aux organes de sécurité libanais.

 

D'après les renseignements reçus, les méthodes de torture utilisées par les divers organes de sécurité vont du passage à tabac à des techniques plus dures et plus élaborées, dont le ballanco (pendaison par les poignets liés derrière le dos) et le farrouj (suspension par les pieds, les mains étant liées à une barre de fer placée sous les genoux) seraient les plus répandues.
De plus, la mission a reçu des renseignements faisant état de la pratique d'examens anaux forcés sur les hommes arrêtés pour s'être livrés à des "relations sexuelles contre nature", érigées en infraction pénale par l'article 534 du code pénal libanais.


Au Palais de justice de Beyrouth, la mission a recueilli plusieurs témoignages faisant état d'actes de torture et de mauvais traitements infligés à des suspects par des membres des services du renseignement militaire, dans la plupart des cas lors des interrogatoires afin d'obtenir des aveux.

En ce qui concerne les prisons civiles, la mission n'a recueilli que quelques allégations de mauvais traitements infligés par le personnel pénitentiaire, concernant des châtiments corporels et des conditions de détention très dures dans des cellules disciplinaires. Cependant, la mission a recueilli des témoignages auprès de détenus indiquant que la torture et les mauvais traitements étaient courants au moment de l'arrestation et pendant les interrogatoires.

 

À la prison pour femmes de Baabda, le personnel médical a indiqué que les examens médicaux effectués dans l'établissement avaient à plusieurs reprises révélé des signes manifestes de torture, y compris de violence sexuelle. La mission a appris que dans un cas l'examen physique avait révélé des lésions superficielles sur la peau, qui pouvaient avoir été causées par l'administration de décharges électriques sur les pieds d'une des détenues.


À la prison centrale de Roumieh à Beyrouth, la mission s'est intéressée à la situation des détenus qui avaient été arrêtés pendant et après les affrontements entre des membres du Fateh el-islam et l'armée dans le camp de Nahr el-Bared en 2007. Presque la moitié des détenus interrogés à Roumieh ont affirmé avoir subi de graves tortures infligées par les FSI et/ou des enquêteurs militaires. Il a notamment été allégué que les membres des familles des détenus avaient fait l'objet de menaces.


Pendant sa visite des locaux du service du renseignement de la direction générale des FSI à Achrafieh, la mission a constaté que cinq salles d'interrogatoire situées au septième étage du bâtiment et leur contenu (chaise d'interrogatoire fixée au sol, à côté de laquelle on pouvait voir des boulons à œillet, boîtier de raccordement électrique fixé au sol, petits trous sur le sol et le plafond, notamment) correspondaient à la description qu'en avaient faite avant cette visite des victimes présumées d'actes de torture détenues dans la prison centrale de Roumieh, qui prétendent avoir été soumises à la torture pendant qu'elles étaient détenues sous l'autorité des FSI.

 

Les membres de la mission ont trouvé dans un local d'entreposage une chaise métallique très basse, munie d'un collier ayant la forme d'un C. Bien que les agents des FSI qui étaient de service leur aient fait savoir que cette chaise avait été utilisée pour prendre des photos de détenus, elle correspondait à la description faite à la mission par une victime présumée, ainsi qu'aux informations fournies par Alkarama dans sa première communication concernant une chaise métallique ajustable qui aurait été utilisée pour étirer la colonne vertébrale et causer ainsi une forte pression sur le cou et les jambes de la victime.

 

Voir l'intégralité de l'article publié en octobre ici

 

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