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À La Une - proche-orient

Essaouiya, quartier de Jérusalem-Est, enrage contre un châtiment collectif

"Cette ville n'a aucun avenir", affirme un membre du conseil local.

Essaouiya est l'un de ces quartiers de Jérusalem-Est où la colère palestinienne gronde depuis des mois. AFP PHOTO/ AHMAD GHARABLI

Un mélange pestilentiel de lacrymogènes, de pneus brûlés et de spray nauséabond dispersé par les policiers flotte sur Essaouiya. Pour les habitants, c'est le parfum abject de la "punition collective" infligée aux Palestiniens par l'occupant israélien.

Essaouiya est l'un de ces quartiers de Jérusalem-Est où la colère palestinienne gronde depuis des mois.
Les jeunes Palestiniens y lancent quasiment tous les jours leurs pierres et leurs pétards assourdissants sur les policiers israéliens. Ceux-ci ripostent à coups de lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de "skunk", ce liquide aux relents de fumier ou d’égout projeté sur les manifestants et réputé les imprégner pendant des jours.

La rage des jeunes s'explique simplement: "Ils n'ont aucun avenir. Cette ville n'a aucun avenir", affirme à l'AFP Mohammed Khader Abou el-Hummus, membre du conseil local.
Essaouiya, agrégation de 20 000 personnes au pied du Mont Scopus, enclave israélienne dans Jérusalem-Est, est en proie aux troubles depuis juillet et l'assassinat d'un adolescent palestinien, brûlé vif par des extrémistes juifs en représailles à l'assassinat de trois adolescents israéliens en Cisjordanie occupée en juin.

Désespoir des jeunes
C'est tout Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte occupée et annexée par Israël, qui est secoué par des troubles depuis des semaines. Les arrestations se comptent par centaines.
A Essaouiya même, 150 jeunes ont été arrêtés, confie un militant local, Raëd Abou Riyaal.

Seulement, avec le désespoir des jeunes croît l'exaspération des moins jeunes. Car le déploiement policier est allé de pair avec une répression accrue d'infractions aux règles de stationnement ou d'urbanisme ou de délits mineurs, ignorés jusqu'alors. La fermeture par les policiers de trois des quatre routes menant au quartier pourrit la vie des habitants.
"C'est un châtiment collectif", s'insurge Abou Riyaal en évoquant le parcours d'obstacles que doivent surmonter les enfants tous les matins pour aller à l'école.

 

(Lire aussi : Pour la première fois depuis longtemps, Israël laisse les musulmans de tous âges prier à Al-Aqsa)



La protestation des habitants devant ces blocs de béton faisant barrage a dégénéré jeudi. Un enfant de 11 ans a été gravement blessé quand un projectile en caoutchouc l'a atteint en plein visage.
Les habitants du quartier disent être habitués aux vicissitudes de l'occupation. Alors que les gens d'Essaouiya vivaient traditionnellement de la terre, les expropriations israéliennes pour la construction de colonies et de routes ont réduit l'étendue de leurs terrains de 1 250 à 200 hectares.


"Une vaste prison"
Les autorités israéliennes projettent aussi d'ouvrir un parc national près d'Essaouiya pour, disent les détracteurs, empêcher l'expansion de ce quartier peuplé. Mais à présent, c'est l'accès à French Hill, la colonie israélienne voisine, qui est bloqué. Or beaucoup d'habitants y travaillent.


Des centaines de personnes, la plupart d'Essaouiya, ont défilé récemment pour protester. Mais étaient aussi présents des militants israéliens venus manifester leur solidarité, sous des pancartes proclamant "Non au châtiment collectif" et "Vous êtes en train de faire d'Essaouiya une vaste prison".
"On ne peut plus travailler. Les affrontements sont permanents", se lamente Abou Abed al-Joabe, le boulanger, "les gens du coin ne viennent plus acheter et on ne peut plus vendre notre marchandise en dehors d'Essaouiya".

Les grenades assourdissantes de la police ont brisé la vitrine de sa boulangerie, proche de l'entrée assiégée du quartier. Son employé a été blessé par un projectile en caoutchouc lors de heurts.
"On ne fait plus que la moitié du pain qu'on faisait avant", dit-il, "on se demande si on ne va pas fermer".
Les habitants ont l'impression d'être pris au piège. La maison des Jamjum a pris feu après avoir été atteint par des gaz lacrymogènes et des grenades de la police.
Moatassem, 39 ans, se rappelle avoir dû tirer du lit son père paralysé et le transporter à l'hôpital voisin pendant que les pompiers combattaient les flammes. "Quand je suis rentré, ma maison avait totalement brûlé".

 

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commentaires (1)

Essaouiya martyrisée et les peuples arabes vivent dans un autre monde . Triste.

Sabbagha Antoine

23 h 02, le 14 novembre 2014

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Commentaires (1)

  • Essaouiya martyrisée et les peuples arabes vivent dans un autre monde . Triste.

    Sabbagha Antoine

    23 h 02, le 14 novembre 2014

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