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Pourquoi le monde arabe semble obsédé par les théories du complot ?

Les Assad et le complotisme : mode d’emploi

Le nationalisme arabe a utilisé a outrance les théories du complot pour discréditer ses adversaires politiques et alimenter constamment un sentiment de peur au sein des populations assujetties. L'Égypte de Gamal Abdel Nasser tout comme l'Irak de Saddam Hussein sont largement responsables de la propagation de ces théories dans la pensée politique du monde arabe. Mais malgré le perfectionnement de leurs instrumentalisations respectives, il faut admettre qu'ils demeurent très loin des maîtres absolus en la matière : le clan Assad.
La méthode utilisée par Hafez el-Assad, après le massacre de Hama en 1982, ayant porté ses fruits, elle a été recopiée et adaptée au contexte de l'époque par Bachar el-Assad dès le début des révoltes en 2011. Comment le clan Assad s'est-il servi de manière systématique et stratégique des thèses conspirationnistes pour renforcer son pouvoir ? Pour Ziad Majed, politologue libanais et professeur des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris, le régime a su, avant tout autre chose, « profiter de la géostratégie ». En d'autres termes, la frontière que la Syrie partage avec Israël a permis au régime de faire croire au reste du monde arabe qu'il défendait la cause palestinienne. Dans la même logique, Hafez el-Assad a véhiculé l'idée que « tout ce qui peut toucher au régime est le produit du complot sioniste-impérialiste », ajoute M. Majed. Il faut préciser « qu'une grande partie des Arabes, du fait de leur distance avec la région, ont cru aux discours du régime alors que celui-ci écrasait dans le même temps les Palestiniens en Syrie », note-t-il. L'image de la Syrie tenant tête à Israël était d'autant plus populaire que « Damas occupe une place importante dans l'histoire du monde arabo-musulman. C'est la capitale de l'empire omeyyade et c'est le cœur de l'arabité », analyse l'expert.
La deuxième image que Hafez el-Assad va utiliser en 82 et qui sera perfectionnée par son fils est celle « d'un régime laïc présenté comme un rempart face à la nouvelle grande menace : l'islam politique », précise M. Majed. Ces groupes islamistes étant déjà très impopulaire dans l'opinion publique arabe, cette image attirait un large auditoire comprenant notamment « une partie de la gauche et des minorités », explique-t-il. « En se prétendant protecteur des minorités face au complot islamiste, instrumentalisé par les pétromonarchies du golfe, Bachar el-Assad a réussi à complètement occulter le peuple syrien et la barbarie dont il est l'objet au quotidien », précise-t-il encore. En d'autres termes, l'utilisation pernicieuse de la menace islamiste a permis au clan Assad de cacher ses propres massacres et de se positionner aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique, comme le moindre mal.

Le nationalisme arabe a utilisé a outrance les théories du complot pour discréditer ses adversaires politiques et alimenter constamment un sentiment de peur au sein des populations assujetties. L'Égypte de Gamal Abdel Nasser tout comme l'Irak de Saddam Hussein sont largement responsables de la propagation de ces théories dans la pensée politique du monde arabe. Mais malgré le...

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