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Culture

Portraits d’une survie, ou les Arméniens de Bourj Hammoud

Un regard intense et tendre de la photographe Ariane Delacampagne avec : « Portraits d'une survie, les Arméniens de Bourj-Hammoud »*.

Couverture cartonnée pour un opus entre une galerie de portraits depuis le génocide arménien et ce qui fait l'âme d'un quartier qui a gagné ses galons de noblesse grâce à de constants labeurs.
Loin de toutes les perturbations civiles et conflictuelles, (dé)voué à son art de la création et du négoce, riche comme sait l'être un marché qui n'ignore rien des besoins et des envies des chalands, Bourj Hammoud est aujourd'hui un petit coin de paradis pour le flâneur. Des artères et des venelles animées où chiner, (far)fouiller, (re)trouver tous les produits, aussi bien vestimentaires qu'alimentaires, décoratifs ou accessoires de tous acabits, est un moment de bonheur. Bonheur de faire des emplettes devant des vitrines ultramodernes et des présentoirs regorgeant de matières premières d'excellent aloi. Derrière cet espace, autrefois, c'est-à-dire en 1920, campement des rescapés arméniens et que les nouveaux venus ont ciselé en un carré de vie plus que respectable, il y a ce cortège et cette brochette d'hommes et de femmes qui en ont été les maîtres créateurs. En plus d'un domaine.
Et ce sont ces personnes, par-delà le vacarme de la rue et la rutilance des devantures et étalages, que la caméra et les mots d'Ariane Delacampagne traquent. Et fixent sur photos et textes, révélateurs d'une certaine arménité de la diaspora. Et cela donne un remarquable ouvrage bilingue (français/anglais) préfacé par Levon Nordiguian que ces Portraits d'une survie, les Arméniens de Bourj-Hammoud (159 pages, Somogy éditions d'art).
Dans ce mélange florissant de commerce moderne et de métiers traditionnels, les
Arméniens, jeunes ou âgés, illustres (tels les artistes Guvder et Torossian) ou inconnus du grand public, posent devant le flash d'une photographe elle-même d'origine arménienne. Longue quête pour donner un visage, un regard, une silhouette, un profil, une image tangible à tous ceux qui ont bâti, au fil des ans, ce secteur préservé et grouillant de vie.
Dans ces ateliers envahis d'objets hétéroclites, devant des établis chargés de bric-à-brac auquel nul n'y songerait, entre poussière et décor de profession, dans le cadre de leur travail quotidien, tous, qu'ils (ou elles) s'appellent Varoujan, Krikor, Vahan, Mano, Ara, Talar, Chouchan, Araz, Lorig, Arpinée, affrontent en toute franchise, simplicité et amour de la vie l'œil de la
caméra.
Il en reste un témoignage d'une grande beauté et d'une grande force. Qu'ils soient des jeunes ou des vieux nés en 1930, il y a quelque chose d'émouvant à lire ces visages où rides et harmonie des traits en disent long sur la douloureuse histoire des «survivants» et des générations montantes face à l'adversité.
Outre l'attrait d'un vibrant témoignage, sobre et sans pathos, on y retrouve l'essence et la force de se battre d'un peuple. Ainsi que son incomparable sens de la dignité, de sa joie au travail et de la secrète vitalité de son savoir-faire. Après avoir parcouru et feuilleté ces pages, force est de constater qu'on ne regarde plus Bourj Hammoud comme avant.

*Signature ce soir, au stand de la librairie Antoine, à 17 h.

Couverture cartonnée pour un opus entre une galerie de portraits depuis le génocide arménien et ce qui fait l'âme d'un quartier qui a gagné ses galons de noblesse grâce à de constants labeurs.Loin de toutes les perturbations civiles et conflictuelles, (dé)voué à son art de la création et du négoce, riche comme sait l'être un marché qui n'ignore rien des besoins et des envies des...

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