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À La Une - Syrie

Aïn al-Arab résiste désespérément à l'EI

Ankara promet de tout faire pour que la ville ne tombe pas, mais semble écarter toute intervention militaire.

Ankara s'inquiète de la situation à Aïn al-Arab, la troisième ville kurde syrienne, toute proche de la Turquie, où l'offensive lancée il y a plus de deux semaines par l'EI a contraint plus de 186 000 personnes à trouver refuge de l'autre côté de la frontière. REUTERS/Murad Sezer

Les forces kurdes syriennes résistaient désespérément vendredi au siège de Aïn al-Arab (Kobané en kurde) par l'organisation État islamique (EI), la Turquie promettant de faire "tout ce qu'elle peut" pour empêcher les jihadistes de s'en emparer.

"Nous ferons tout ce que nous pourrons pour que Aïn al-Arab ne tombe pas", a affirmé le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu au lendemain du feu vert du Parlement turc à une action militaire contre l'EI en Syrie comme en Irak et au stationnement sur son sol de troupes étrangères. Il a ajouté que la Turquie prendrait des "mesures humanitaires" pour protéger les habitants de Aïn al-Arab, mais il a soutenu que si la ville finit par tomber aux mains des combattants de l'EI, "ce ne sera pas la faute de la Turquie".

Si M. Davutoglu a précisé qu'"aucune décision n'a été prise sur une éventuelle action militaire", la Syrie a jugé vendredi que "la politique déclarée du gouvernement turc représente une véritable agression".

Ankara s'inquiète de la situation dans la troisième ville kurde syrienne, toute proche de la Turquie, où l'offensive lancée il y a plus de deux semaines par l'EI a contraint plus de 186 000 personnes à trouver refuge de l'autre côté de la frontière.

La ville syrienne a vécu son bombardement le plus violent depuis le début de l'assaut jihadiste, avec au moins 80 obus de mortier tirés par l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Une épaisse fumée noire flottait au-dessus de la ville et des tirs d'obus s'y succédaient à intervalles réguliers, a constaté une journaliste de l'AFP depuis la frontière turque.

 

(Lire aussi : Un vieux tombeau syrien au cœur de l'engagement de la Turquie contre les jihadistes)

 

"Nous défendons Aïn al-Arab seuls"
Depuis plusieurs jours, les jihadistes se sont rapprochés à partir de trois axes de Aïn al-Arab, défendue tant bien que mal par des membres des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde), inférieurs en nombre et moins bien armés. Selon l'OSDH, la ligne de front est désormais située entre deux et moins d'un kilomètre de la ville.

Dans la soirée, la chaîne d'information CNN-Türk a rapporté plusieurs frappes de la coalition contre des positions de l'EI autour de Aïn al-Arab. Le Centre de commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom) avait assuré plus tôt que six frappes aériennes avaient été menées par la coalition jeudi et vendredi en Syrie, mais aucune dans le secteur de la ville assiégée.

"Nous défendons Aïn al-Arab seuls", a déploré un responsable local kurde, Idriss Nahsen, réclamant armes et munitions. "Le monde reste silencieux alors que les Kurdes sont massacrés", a dit un témoin de la bataille, Burhan Atmaca, au poste-frontière turc de Mursitpinar.

Fort de dizaines de milliers d'hommes recrutés notamment à l'étranger - un groupe de Tchétchènes fait ainsi partie des assaillants de Aïn al-Arab, selon l'OSDH - l'EI contrôle déjà de vastes régions en Syrie, pays ravagé par plus de trois ans de guerre civile, et en Irak voisin. La prise de Aïn al-Arab, où il ne resterait plus que quelques milliers de civils, permettrait au groupe extrémiste de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire frontalière de la Turquie.

(Lire aussi : Le revirement de la Turquie contre l'EI...)

 
Les Kurdes turcs qui observent depuis la frontière la fumée noire au dessus de Aïn al-Arab ne croient pas à une intervention militaire de la Turquie, qui combat la rébellion kurde chez elle depuis 1984.
"Nous n'attendons rien des soldats turcs, lâche ainsi Nurettin Bayik. L'armée turque n'envisage pas la moindre opération contre l'EI. Cette résolution restera lettre morte."

En Irak, l'Australie est devenue le dernier pays à se joindre aux frappes aériennes contre l'EI, après la France et la Grande-Bretagne. Les Pays-Bas ont annoncé pour leur part que leur F-16 néerlandais prenant part à la coalition internationale menée par les Etats-Unis pourraient débuter "dès ce week-end" leurs opérations en Irak.
Au Canada, le Premier ministre Stephen Harper a présenté au Parlement une motion prévoyant l'envoi d'avions de chasse en Irak qui participeront aux frappes. La Chambre des communes doit formellement entériner cette motion lundi.

 

L'armée irakienne gagne du terrain
Sur le terrain, l'armée a gagné du terrain vendredi en reprenant Dhoulouiya, au nord de Bagdad, où des combats font rage depuis quatre mois entre jihadistes et forces gouvernementales alliée à des tribus sunnites, selon le porte-parole du ministère de la Défense, Mohammed al-Askari. Des combattants tribaux ont cependant indiqué que la ville n'était pas entièrement libérée.
"Il y a encore de petits affrontements (...) Nous porterons le dernier coup demain", a rapporté un membre de tribu.

Toujours au nord de la capitale, l'armée irakienne est également parvenue à reprendre une dizaine de villages, mais a été mise en échec à l'ouest de Bagdad par les jihadistes qui ont pris le contrôle d'une partie de la ville de Hit dans la province d'Al-Anbar, où l'emprise des forces gouvernementales ne cesse de diminuer.

Depuis son offensive fulgurante en juin au nord de Bagdad, l'EI s'est emparé de larges secteurs de cinq provinces, dont la deuxième ville du pays Mossoul, devenu le quartier général des jihadistes.

En visite en Irak depuis jeudi, le général américain John Allen, qui coordonne la coalition internationale, a estimé que "l'opération (pour reprendre) Mossoul prendra probablement jusqu'à un an".
Après l'Irak, le général doit se rendre en Belgique, en Jordanie, en Egypte et en Turquie, quatre pays appuyant le combat anti-jihadistes.

Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI est responsable de multiples exactions dans le "califat" qu'il a proclamé sur les régions sous son contrôle.

 

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